Cyclone Chido à Mayotte : comment couvrir une catastrophe naturelle dont on est soi-même victime ?

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Anastasia Laguerra raconte les difficultés rencontrés par les journalistes de Mayotte La 1ère pour couvrir les conséquences du cyclone Chido tout en étant confinés puis sinistrés.
Cyclone Chido à Mayotte : Comment couvrir une catastrophe naturelle dont on est soi-même victime ? Anastasia Laguerra raconte les difficultés rencontrés par les journalistes de Mayotte La 1ère pour couvrir les conséquences du cyclone Chido tout en étant confinés puis sinistrés. (Anastasia Laguerra, Mayotte La 1ère)
Article rédigé par franceinfo - Pascal Doucet-Bon
France Télévisions
Comme toute la population, la rédaction de Mayotte La 1ère a été confinée lorsque le cyclone Chido a touché l'archipel. Parfois sans nouvelles de leurs proches, voire eux-même sinistrés, les journalistes ont quand même exercé leur métier.

Comment couvrir un événement climatique dont on est soi-même victime ? Dans le cadre de notre rubrique Transparence, Anastasia Laguerra, reporter pour Mayotte La 1ère, raconte son expérience lors du passage du cyclone Chido. 

Mayotte La 1ère, comme les huit autres rédactions ultramarines de France Télévisions, est à la fois une radio, une télévision et un site internet. Sa mission d'information de service public est cruciale pour l'archipel, particulièrement en cas de catastrophe naturelle. Le cyclone Chido, qui a touché Mayotte le 14 décembre, l'a démontré.

"Nous avons ouvert l'antenne 24 heures sur 24"

"La première difficulté, c'est de ne pas avoir accès au terrain", expose la journaliste. Lorsque Chido a touché Mayotte, la préfecture n'a, en effet, toléré aucune exception face au danger extrême : les journalistes ont été confinés comme tout le monde. "Nous ne pouvions pas aller à la rencontre de la population, voir les visages, comprendre le ressenti, nous n'avions que les moyens de communication modernes", raconte Anastasia Laguerra. 

C'est d'abord à la radio, pendant le passage du cyclone, que Mayotte La 1ère a exercé son rôle de "trait d'union entre la population et l'extérieur", selon les termes de la journaliste. "Nous avons ouvert l'antenne 24 heures sur 24, relayé les messages des autorités, rappelé les numéros verts, passé énormément de coups de fil pour répondre aux interrogations de la population". 

"Continuer d'informer"

"Puis l'alerte violette [le niveau maximal] a été déclenchée et les moyens de communication sont tombés", se souvient Anastasia Laguerra. Mais au bout de quelques heures, la fenêtre de la régie radio a explosé. Réfugiés dans la régie de télévision, les journalistes et les  techniciens ont du protéger le matériel menacé par des infiltrations d'eau, avec des baches et des seaux. "Malgré l'angoisse, nous avons rouvert l'antenne dès que nous avons pu. Nous racontions ce que nous voyions là où nous étions, sans pouvoir sortir.", poursuit la journaliste. 

A ces conditions de travail extrêmes, se mêle l'angoisse de ne pas avoir de nouvelles de ses proches.

"Je me demandais comment allait ma famille, dans quel état était ma maison. C'était un moment très stressant."

Anastasia Laguerra, reporter à Mayotte La 1ère

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"Nous nous demandions qui nous recevait, si ce que nous faisions avait du sens… Mais, malgré toutes ces interrogations, il fallait continuer d'informer", conclut la journaliste. les jours suivants, les conditions de travail à Mayotte La 1ère sont restés précaires. les bureaux de la rédaction sont dévastés. Les murs des couloirs menant aux salles de montage menaçaient ruine. Ils ont été sécurisés. Pendant la visite d'Emmanuel Macron sur l'île les 19 et 20 décembre, le serveur informatique de Mayotte La 1ère a surchauffé à cause de la panne durable de la climatisation. A chaque incident, l'antenne a repris très vite.

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