Une médaille olympique, ça peut (parfois) rapporter gros
Certains Etats et sponsors peuvent se montrer très généreux, d'autres très pingres. Revue de détails.
En remportant, mardi 31 juillet, la médaille d'or de l'épreuve de canoë monoplace, Tony Estanguet n'a pas seulement inscrit son nom dans les annales du sport en devenant le premier Français triple champion olympique. Selon nos calculs, il touchera au moins 90 000 euros de la part de l'Etat français et de ses sponsors. FTVi revient sur les différentes primes versées aux médaillés olympiques.
Primes d'Etat : de 0 à 800 000 euros, selon les pays
Pour amasser un maximum des 4 700 médailles mises en jeu à Londres cette année, les différents comités nationaux olympiques ont mis la main à la poche. Selon le site spécialisé Sportune.fr, c'est l'Ouzbékistan qui versera la plus grosse prime pour une médaille d'or : 811 000 euros. Les Jeux de Londres ne devraient cependant pas faire exploser le budget de cette république d'Asie centrale : ses sportifs n'avaient récolté qu'une seule médaille d'or aux Jeux de 2008 et sont pour le moment bon dernier du classement des médailles de Londres.
Le podium de la médaille la plus chère est complété par deux autres petites nations sportives : l'Arménie et l'Azerbaïdjan. Logiquement, les grandes nations se montrent moins généreuses : la Chine ne versera "que" 42 400 euros par médaille et les Etats-Unis, 19 000 euros. La France se classe à la 12e place, avec 50 000 euros pour l'or, 20 000 pour l'argent et 13 000 pour le bronze. Ces primes, financées par le budget de l'Etat, sont les mêmes qu'à Pékin, à ceci près que, comme l'explique BFM Business, elles seront désormais soumises à l'impôt. Les parlementaires français ont voté cette disposition dans le projet de loi de finances 2011.
D'autres pays ont fait appel à de généreux mécènes pour financer les primes de médailles. Dans l'hypothèse, peu probable, d'une médaille d'or arménienne, 600 000 des 700 000 euros de la prime seront versées par le président du Comité olympique, l'homme d'affaires Gagik Tsarukyan, rapporte francetv sport.
En Malaisie, c'est le propriétaire d'une mine d'or qui sera mis à contribution si le pays décroche sa première médaille d'or, raconte le Daily Telegraph (lien en anglais). Andrew Kam, qui possède également le club de badminton de Kuala Lumpur, la capitale, offrira un lingot d'or d'une valeur de 498 000 euros à l'éventuel champion olympique. Le fait que la prime soit exclusivement réservée à un joueur de badminton ne devrait pas perturber l'équipe malaisienne : la discipline a apporté aux pays la totalité de ses médailles olympiques (deux d'argent, deux de bronze). Au cas où, le comité olympique malaisien et une entreprise de meubles offriront une prime de 261 000 euros aux autres athlètes en or.
Mais tous les comités olympiques ne mettent pas la main à la poche. Le Royaume-Uni a ainsi décidé de ne verser aucune prime de médaille, comme le révélait The Telegraph en avril. "De notre point de vue, les récompenses financières n'impactent pas significativement la motivation des athlètes pour atteindre le podium olympique", expliquait à l'époque un porte-parole du comité olympique britannique. Les champions olympiques britanniques pourront cependant se consoler avec la prime de 12 750 euros qui leur sera versée au titre de leur droit à l'image pour... des timbres à leur effigie.
Primes de sponsors : silence radio... ou presque
Un sportif médaillé, c'est un sportif qui rapporte davantage d'argent à ses sponsors. Ces derniers lui versent donc généralement une prime. Speedo a ainsi versé 814 000 euros à l'Américain Michael Phelps pour ses huit médailles d'or à Pékin en 2008, rappelle le site Yahoo! Sports. Les nageurs français ne sont pas en reste. Dans le bassin londonien, le fabricant de maillots de bain australien sponsorise neuf nageurs français, dont les champions olympiques Camille Muffat et Fabien Gilot.
"C'est prévu dans leur contrat, négocié tous les quatre ans, pour les médailles d'or, d'argent et de bronze", explique Stéphane Robinet, chez Speedo France. L'équipementier se refuse cependant de communiquer le montant de ses primes. "Ce sont des choses confidentielles, que nous n'avons pas à relayer en dehors de l'entreprise", justifie le directeur commercial de la filiale française. Il précise toutefois que ces primes sont négociées "en fonction du niveau du nageur" et de la discipline. "Vous ne traitez pas de la même façon un nageur qui fait le 100 m nage libre et un nageur qui fait le 1 500 m. Sur le 1 500 m, il y a moins de retombées médiatiques", développe-t-il.
Chez Areva, on refuse également de communiquer le montant des primes versées. Dans le meilleur des cas, le leader mondial du nucléaire, grand sponsor de l'athlétisme français, ne versera de toute façon qu'une seule prime individuelle, au perchiste tricolore Renaud Lavillenie. En revanche, "dans le cadre de notre partenariat, nous versons une prime à la fédération française d'athlétisme en fonction du nombre de médailles", précise Pauline Briand, attachée de presse.
Parmi les sponsors, EDF est l'une des rares entreprises à communiquer les montants des primes alloués. L'électricien français, qui soutient 36 athlètes européens à Londres, dont Yannick Agnel, Camille Muffat ou Tony Estanguet, versera des primes qui varieront de 3 000 à 40 000 euros selon le métal de la médaille et le type de contrat qui les lie à l'entreprise (contrat d'image ou contrat d'insertion professionnelle). La discipline ou le type de sportifs - EDF soutient également des athlètes handisports - n'ont cependant aucune influence sur le montant de la prime.
Dans les disciplines où les sponsors se font rares, les supporters se substituent parfois aux entreprises pour récompenser leurs médaillés. Outre-Atlantique, des amateurs de lutte ont, par exemple, créé en 2008 une association pour récolter les fonds nécessaires au financement de primes de médailles, rapporte Yahoo! Sports. Sur leur site internet (lien en anglais), ils prévoient une prime de 200 000 euros en cas de médaille d'or, arguant que le chemin de l'Olympe demande beaucoup de temps, de sueur et de souffrance.
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