Cet article date de plus de douze ans.

Vidéo Austérité : le grand ras-le-bol des Portugais

Le gouvernement prévoit de très fortes hausses d'impôts. Les manifestations se succèdent. 

Article rédigé par Benoît Zagdoun
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Des pancartes brûlent devant le Parlement portugais, gardé par la police antiémeute, après une manifestation contre l'austérité à Lisbonne, le 15 octobre 2012. (PATRICIA DE MELO MOREIRA / AFP)

EUROPE - Le Portugal se débat toujours dans la crise. Comme en Grèce et en Irlande, le gouvernement s'est résolu à demander l'aide européenne, pour 78 milliards d'euros, l'an dernier. Mais en échange de ce plan de sauvetage, le pays doit se soumettre à un régime drastique. Et l'accumulation des mesures d'austérité insupporte de plus en plus les Portugais. 

Une hausse généralisée des impôts, le feu devant le Parlement

Le Portugal n'a "aucune marge de manœuvre". Le gouvernement poursuit donc sur la voie de l'austérité, "la seule possible", a indiqué le ministre des Finances, lundi 15 octobre, en dévoilant le budget du pays pour 2013. Un épais dossier et quelques clés USB, remis à la présidente du Parlement, symboles d'une rigueur exceptionnelle. 

Portugal : le gouvernement dévoile son budget (APTN, Reuters)

Ce budget prévoit une hausse d'impôts généralisée. Le taux moyen d'imposition des revenus doit passer de 9,8% cette année à 13,2% en 2013. Une réduction de huit à cinq du nombre des tranches d'imposition est aussi annoncée, ainsi que l'introduction d'une surtaxe de 4%. Les dépenses devront être réduites d'un peu plus d'un milliard d'euros, avec notamment une baisse des prestations sociales et des retraites supérieures à 1 350 euros. 

Bref, l'austérité continue. C'était la condition posée par la troïka (Union européenne, Fonds monétaire international et Banque centrale européenne) pour débloquer l'aide financière. Mais pour les Portugais, c'est dur. Le programme de réformes a contribué à aggraver la récession. Le PIB devrait reculer cette année de 3%, et le nombre de chômeurs atteindre 16% de la population active.

L'annonce d'une rigueur accrue a provoqué dans la soirée de lundi une violente réaction de rejet. Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées au pied du Parlement, les Indignés portugais ayant appelé à "assiéger" l'Assemblée où a été présenté le budget. "Il est l'heure, il est l'heure que le gouvernement s'en aille", ont crié les manifestants. 

Portugal : explosion de colère au pied du Parlement (Reuters, APTN)

Les Portugais combatifs, le gouvernement inflexible

Cette manifestation est la dernière d'une longue série. Si les Portugais semblaient jusqu'à récemment résignés à cette austérité, ils ont changé d'attitude. Depuis un mois, manifestations et grèves se sont multipliées. Samedi 13 octobre, plusieurs dizaines de milliers de personnes ont ainsi protesté contre l'austérité à Lisbonne et dans diverses villes du pays. Un mois plus tôt, le 15 septembre, les manifestants étaient plusieurs centaines de milliers. Une mobilisation sans précédent depuis que le Portugal a obtenu l'aide de l'UE.

Portugal : un mois de manifestations contre l'austérité (Reuters, APTN, EVN)

L'objectif des manifestants est clair : la chute de leur gouvernement. Des Portugais interrogés samedi 13 octobre le disent sans détour. 

Portugal : "Nous touchons le fond" (Reuters, APTN, EVN)

La grogne sociale a, semble-t-il, commencé à porter ses fruits. Le gouvernement a renoncé à un projet d'augmentation des cotisations sociales des salariés pour financer une baisse des charges patronales. Mais le renforcement de l'austérité n'est pas remis en cause. "Reculer n'est pas la bonne solution", a affirmé le ministre des Finances en présentant le Budget, expliquant que le pays ne pouvait "remettre en cause" les conditions d'attribution de l'aide internationale. La troïka a certes accepté d'alléger les objectifs du gouvernement de réduction du déficit public, revu à 5% du PIB pour cette année et à 4,5% l'année prochaine. Mais une fois encore en échange d'un effort supplémentaire.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.