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A vrai dire : qu'est-ce que l'IBPES ?

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Article rédigé par TV5MONDE
France Télévisions

Un nouvel acronyme a fait son apparition dans les médias : l'IBPES,  qui colporte une nouvelle effrayante : un million d'espèces vivantes seraient menacées de disparition dans les prochaines décennies... Mais qui sont ces "experts" qui sonnent une alarme mondiale ?

Un chiffre impressionnant était à la une de tous les médias lundi dernier :
un million d'espèces menacées de disparition.

A l'origine, la présentation à l'UNESCO à Paris d'un rapport de l'IBPES qui s'annonce comme l'outil de référence pour tous les défenseurs de la nature et de la biodiversité.

Mais à vrai dire, qu'est-ce que l'IBPES et d'où vient ce chiffre alarmant ?

L'IBPES est l'acronyme anglais de "Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques."

C'est un organisme qui a été mis en place en 2012 sur le modèle désormais célèbre du GIEC, le groupe des experts sur le climat.
Son objet : fournir des informations scientifiques sur l'évolution de la biodiversité et des écosystèmes dans le monde.

Son secrétariat est basé à Bonn en Allemagne

Il vit des contributions volontaires des États membres : ils sont 132 aujourd'hui.
Au total, 450 experts du monde entier ont analysé 15 000 sources pendant 3 ans pour en faire la synthèse. Et dans un rapport de 1500 pages, sortir ce résultat frappant les esprits.

Ces "experts" sont donc des scientifiques : biologistes, écologues, mais aussi anthropologues. Des universitaires généralement.

Si la valeur scientifique du rapport ne fait pas pour le moment l'objet de contestation, il reste maintenant à prendre les décisions politiques qui en découlent et pour lesquelles l'IBPES ne peut rien.

Pour Hervé Kempf, rédacteur en chef de "Reporterre", un quotidien en ligne sur l'écologie, le rapport IBPES est un outil majeur, mais le niveau de mobilisation des "décideurs" est encore insuffisant : "On est même dans un état d'arriération politique sidérant aussi bien dans deux grands pays au moins, les États-Unis avec M. Donald Trump comme président, et maintenant le Brésil avec M. Jair Bolsonaro, dans des politiques qui sont non seulement d'indifférence à l’égard des questions de la biodiversité, de la nature, de la protection des écosystèmes, mais presque d'accélérer la dégradation. On a là des logiques qui sont de chercher la croissance économique quel qu’en soit le prix, en négligeant les questions environnementales.
Mais même dans des pays moins excessifs comme la France et les autres pays européens, on est aussi dans un désintérêt profond pour la biodiversité. C’est-à-dire que derrière les grands discours sur la protection de la nature, de la biosphère, on a des logiques politiques qui continuent à détruire l'environnement."


Ce n'est pas la première fois que différents organismes ou conférences sonnent l'alarme sur la dégradation de la nature. Un moment fondateur fut le Sommet de la Terre de Rio en 1992, voilà déjà 27ans. Depuis les réunions se sont multipliées et la situation s'est encore dégradée.
Le prochain grand rendez-vous est celui de la convention de l'ONU sur la diversité biologique. C'est en Chine, l'an prochain.

Les observateurs optimistes espèrent que -munis de ce rapport implacable- les participants aboutissent à un accord concret et contraignant pour les États.

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