Désintox. Non, l'adrénochrome, n'est pas une drogue prélevée dans le sang d'enfants kidnappés

D'où vient l'intox ?

Le 9 mars, Gérard Fauré, présenté comme un «ancien dealer du tout-Paris» réagit sur l'affaire Palmade dans Touche pas à mon poste, sur C8. Devant plus de 2 millions de téléspectateurs, il affirme qu'il y avait «peut-être», dans les soirées de l'humoriste, «une histoire d'adrénochrome». Une substance, détaille-t-il, prélevée dans «le sang d'enfants de trois ans kidnappés par des Roumains en Espagne et en Italie».
 
Pourquoi c’est faux ?

Ces propos viennent d'une vieille rumeur xénophobe. L'adrénochrome existe bien. C'est un composé dérivé de l'adrénaline, une hormone humaine. Dans les années 60, des psychiatres ont tenté de démontrer ses effets psychotropes, dans une étude largement contredite depuis. Ce qui n'a pas empêché la pop culture américaine d'en faire une drogue fictive. Le livre puis le film «Las Vegas Parano», présentent l'adrénochrome comme un stupéfiant psychédélique, retrouvé chez un sataniste qui torture des enfants.

Un récit purement imaginaire dont se saisit en 2020 le mouvement conspirationniste américain d'extrême-droite QAnon. Qui y ajoute une dimension antisémite, recyclant un mythe datant du Moyen-âge selon lequel les Juifs tuent des enfants et utilisent leur sang lors de rites religieux : les sympathisants de Qanon affirment ainsi que les élites hollywoodiennes et politiques capturent des enfants pour fabriquer des élixirs de jouvence avec leur sang. Une dimension xénophobe qui persiste. La preuve sur TPMP, où Gérard Fauré invoque désormais des « Roumains » à l’œuvre derrière les kidnappings.