Désintox. Si, les policiers tirent plus sur les voitures qu’avant
Intox !
Depuis le 27 juin et la mort de Nahel, un adolescent de 17 ans tué par un policier alors qu’il conduisait une voiture à Nanterre, la police est accusée d’avoir la gâchette trop facile.
Lors des questions au gouvernement du 28 juin, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a réfuté cette critique, assurant que "depuis la loi de 2017, il y a eu moins de tirs, et moins de cas mortels qu’avant 2017".
Pourquoi c’est faux ?
La loi à laquelle il fait référence est une loi de sécurité publique adoptée en février 2017, qui autorise les forces de l’ordre à faire usage de leur arme contre un automobiliste "en cas d’absolue nécessité et de manière strictement proportionnée".
Or les données communiquées par le ministère de l’Intérieur donnent tort à Gérald Darmanin. Selon ces statistiques, un nombre record de 394 tirs policiers, dont 202 contre des voitures, a été enregistré en 2017, année d’adoption de la loi. Si l’on regarde les années qui précèdent, entre 2012 et 2016, le nombre de tirs était situé entre 226 et 286. Les tirs contre des voitures étaient compris entre 116 et 137. De 2018 à 2022, le nombre de tirs est situé entre 283 et 312 par an. Ceux visant des voitures sont compris entre 138 et 170 par an. Les policiers ont donc davantage tiré durant les cinq années ayant suivi l’adoption de la loi que dans les cinq précédentes.
Une étude publiée en 2022 par trois chercheurs spécialistes de la police va dans ce sens puisqu’il estiment, au regard du nombre mensuel de victimes de tirs, qu’il est “très probable» que la loi de 2017 soit «la cause du plus grand nombre constaté d’homicides commis par des policiers».
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