Présidentielle en Algérie : la participation en débat
Le 12 décembre 2019, Abdelmadjid Tebboune a été élu président de l'Algérie à l'issue d'un scrutin très contesté. Le mouvement de contestation Hirak refusait que le scrutin soit organisé par un pouvoir dont il ne reconnaît pas la légitimité. Aussi, l'enjeu de la participation au vote prenait-il une importance toute particulière. Officiellement, l'autorité en charge de l'organisation de la présidentielle a estimé que 39,83 % des électeurs étaient allés voter. Un taux contesté par l'opposition et que nombre d'observateurs jugent peu crédible.
Le pouvoir algérien a t il gonflé la participation lors de la présidentielle du 12 décembre ?
Le vendredi 13 décembre, le président de l’ANIE, l’autorité des élections, annonce que 39,83 % des électeurs algériens se sont rendus aux urnes. Ce chiffre officiel est certes le plus bas de l’histoire de l’Algérie, mais il est très largement surestimé affirment rapidement l’opposition et le Hirak, le mouvement de contestation.
Des bureaux de vote déserts
Rosa Moussaoui, journaliste au journal français l’Humanité était à Alger le jour du vote. Elle estime ce taux peu crédible tant elle a constaté que les bureaux de vote étaient quasi-déserts. Dans les grandes villes de province, selon ses informations, la situation était identique.
On a du mal à imaginer qu'avec ce degré de désertion des bureaux, on ait pu atteindre ce taux de 40%.
Rosa Moussaoui, journaliste à l'Humanité
Depuis le vote, une équipe du site Interlignes reprend les procès verbaux disponibles. Bouzid Ichalalene dirige cette équipe et il constate un écart entre les chiffres annoncés et les décomptes disponibles dans les procès verbaux.
Du côté de l'opposition également, certains chiffres brandis peuvent faire douter.
Depuis une semaine, sur les réseaux sociaux de nombreuses personnes réfutent le taux officiel et évoquent une participation d’à peine 9%. Des partis politiques citent également ce chiffre : une personnalité de l’opposition que nous avons interviewée il y a quelques jours l’a évoqué en le sourçant : Il s’agirait d’une enquête de l’institut tunisien SYGMA. Nous avons joint le responsable de cet institut, pour lui il s'agit d'un "mensonge éhonté" et dément l’existence de ce sondage.
Mal élu, illégitime pour les uns ; un nouveau départ et un retour à la légalité constitutionnelle pour les autres, Abdelmadjid Tebboune, lui, a prêté serment ce jeudi 19 décembre, devenant officiellement le nouveau président algérien.
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