Vrai ou faux Le Nouveau Front populaire veut-il que la France quitte l'Union européenne comme l'assure Rachida Dati ?

Si le Nouveau Front populaire propose des réformes importantes concernant l'Union européenne, aucun chapitre ne prévoit de Frexit.
Article rédigé par Léa Deseille
France Télévisions
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Rachida Dati, la ministre de la Culture démissionnaire, au Club France à Paris, le 8 août 2024. (PASCAL SONNET / HANS LUCAS / AFP)

Plus de deux mois après la dissolution de l'Assemblée nationale par Emmanuel Macron, la France est toujours sans Premier ministre. Le choix du futur titulaire de Matignon est un casse-tête pour le président de la République, qui enchaîne les consultations à l'Elysée. Lundi 26 août, il a refusé de nommer Lucie Castets, candidate du Nouveau Front populaire (NFP) à ce poste. 

Interrogée à ce sujet, mercredi 28 août sur France Inter, Rachida Dati, la ministre de la Culture démissionnaire, a affirmé que la gauche restait "largement minoritaire" en France et a assuré ne pas accepter qu'une personnalité de leur camp puisse être nommée Premier ministre. L'élue de droite et maire du 7e arrondissement de Paris a dénoncé "un coup de force" de la gauche, qui appelle à "manifester contre les institutions" et "la Constitution". La ministre démissionnaire a également critiqué certaines mesures de la coalition. "Vous avez vu le programme du NFP ?", a-t-elle demandé à Sonia Devillers, avant de lancer, sans attendre la réponse de la journaliste : "Sortir de l'Europe". Alors, Frexit ou pas Frexit ? Que dit le programme du NFP ? Franceinfo fait le point.

Le programme ne mentionne pas de départ de l'UE

Après la dissolution de l'Assemblée nationale, les partis de gauche se sont rapidement alliés. En quelques jours seulement, les dirigeants du Parti socialiste, des Ecologistes, du Parti communiste et de la France Insoumise (LFI) se sont entendus sur un programme commun (PDF), composé pour les élections législatives du 30 juin et 7 juillet.

Parmi les mesures, plusieurs concernent l'Union européenne (UE) : "Refuser le pacte de stabilité budgétaire", "mettre fin aux traités de libre-échange", "proposer une réforme de la Politique agricole commune". Si dans son programme l'alliance refuse certaines règles de Bruxelles, elle propose toutefois le lancement de nouveaux accords comme un "pacte européen pour le climat et l'urgence sociale", "un protectionnisme écologique et social aux frontières de l'Europe" ou encore "un mécanisme d'harmonisation sociale" entre les Etats membres.

Le NFP ne retient pas ses critiques envers l'institution, mais, contrairement à ce qu'a affirmé Rachida Dati, la quitter n'est pas dans son projet. Aucune mesure ne remet directement en question la place de la France dans l'Union européenne, et aucun des porte-paroles de l'union de la gauche ne l'a non plus mentionné depuis la création de l'alliance.

Ces accusations rappellent néanmoins celles qui ont déjà visé la Nupes en 2022, l'ancienne coalition des partis de gauche. De la même manière que pour le NFP, cette mesure n'apparaissait pas non plus dans le programme, comme le détaillait alors Le Monde

LFI reste plus sévère envers l'UE que le reste de la coalition

Si le NFP ne compte pas modifier l'essence même de l'institution bruxelloise, La France insoumise, le parti de Jean-Luc Mélenchon, a souvent adressé à l'UE des critiques virulentes. Des attaques qui transpirent notamment dans le programme du parti (PDF) pour les élections européennes du 9 juin 2024. Celui-ci entendait "mettre fin à la toute puissance de la Commission européenne", en renforçant les pouvoirs du Parlement européen. L'Union populaire, avec l'eurodéputée Manon Aubry en tête de liste, proposait également de renégocier plusieurs traités afin de faire respecter "la souveraineté des peuples". Néanmoins, il n'était déjà pas question de sortir de l'Union européenne.

En cas de victoire à l'élection présidentielle de 2022, le programme de LFI sur l'UE voulait instaurer une "rupture" avec les traités européens actuels, en passant par une "négociation de nouveaux textes compatibles avec les urgences climatiques et sociales". Le document dénonçait "le statut de la Banque centrale européenne" et défendait "la souveraineté budgétaire des Etats"Cependant, ces mesures portées par LFI n'apparaissent nulle part dans le programme du NFP.

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