"Vrai travail" : retour sur une vraie polémique

"Je n'ai pas dit du "vrai travail'." Invité du journal de 20 heures de TF1, Nicolas Sarkozy a démenti mercredi 25 avril avoir utilisé cette formule polémique. L'emploi de cette expression par le président candidat lundi 23 avril, au sujet d'un grand rassemblement organisé le 1er mai, a provoqué une véritable levée de boucliers. "C'est une fête pour célébrer la valeur travail", a-t-il corrigé.

Deux mots et une avalanche de réactions. FTVi revient sur cette polémique en cinq actes qui se conclut sur un démenti de l'intéressé. 

• Acte I : Nicolas Sarkozy veut battre le pavé pour "le vrai travail"

Au lendemain du premier tour de la présidentielle, qui a vu Marine Le Pen arriver en troisième position avec 17,9% des voix, Nicolas Sarkozy fait cette annonce devant son QG parisien : "Le 1er mai, nous allons organiser la fête du Travail, mais la fête du vrai travail, de ceux qui travaillent dur, de ceux qui sont exposés, qui souffrent, et qui ne veulent plus que, quand on ne travaille pas, on puisse gagner plus que quand on travaille."

• Acte II : c'est quoi un vrai travail ? 

Aussitôt, la question fuse sur les réseaux sociaux et dans les médias. 20 Minutes.fr et Europe 1.fr, notamment, tentent d'y répondre. Un chroniqueur du Plus du Nouvel Obs, Diego San, s'amuse à publier sur Twitter un tableau pour que chacun puisse vérifier s'il peut faire partie ou non de la fête du "vrai travail" le 1er mai.

De son côté, le rédacteur en chef de Rue 89, Pascal Riché, voit dans cette expression la réminiscence de la France du maréchal Pétain, où il fallait être un "vrai Français" et où la devise nationale commençait par le mot "travail".

• Acte III : les syndicats et la gauche s'indignent

La CGT dénonce "une provocation du président de la République" qui "vise à détourner et à récupérer le 1er mai (...) sur le thème fallacieux du 'vrai travail'". Selon le syndicat, "cette opération n'a d'autre objectif que de diviser les salariés et stigmatiser leurs organisations syndicales". La CFDT juge elle aussi "inquiétant d'entendre des responsables politiques s'autodésigner uniques représentants des travailleurs en voulant détourner l'objet du 1er mai".

"Moi, je ne fais pas le jour du 1er mai une fête des uns contre les autres, une fête de tous ceux qui travaillent ou qui voudraient travailler", réagit de son côté François Hollande. Et de lancer en meeting à Hirson (Aisne), mardi : "le candidat sortant" est surtout "le candidat du vrai chômage !" Jean-Luc Mélenchon, ex-candidat du Front de gauche, parle quant à lui de déclaration "de guerre aux travailleurs".

• Acte IV : Nicolas Sarkozy s'explique

En meeting mercredi à Cernay (Haut-Rhin), le président candidat revient sur l'emploi de ces deux mots et se justifie : "Je vais m'expliquer. Je pense que tout le monde travaille, mais malheureusement il y a des Français qui sont plus exposés que d'autres". Autrement dit, "ceux qui ont un statut" - les fonctionnaires - sont protégés "quand la crise souffle avec une violence inouïe", contrairement aux "salariés du privé" - "ouvriers, artisans, commerçants" - qui "souffrent beaucoup plus" et voient leur emploi menacé.

• Acte V : Nicolas Sarkozy et Henri Guaino renoncent à la formule

"Laissons tomber cette formule" du "vrai travail", qui "n'est pas de moi", a commenté Henri Guaino, le conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, dans l'émission "Questions d'info" LCP/Le Monde/AFP/France Info mercredi après-midi. "Je ne reprends pas le terme", a-t-il ajouté, prenant ainsi ses distances avec l'expression du président candidat.  

Enfin, Nicolas Sarkozy, invité du 20 heures de TF1, dément l'utilisation de cette expression.