A Dijon, la communication chahutée de François Hollande
En pleine opération reconquête, le chef de l'Etat a été pris à partie par des habitants mécontents de sa politique. Pour seule réponse, ils ont été repoussés par la police.
Des murs épais de l'Elysée aux pieds d'immeubles. A Dijon (Côte-d'Or), dans le quartier des Grésilles, quelques groupes d'habitants attendent l'arrivée de François Hollande. Un cortège de voitures s'approche, une portière s'ouvre, et les cris de bienvenue retentissent.
Pour une fois, le président n'est pas en retard. La visite a été minutieusement préparée par l'Elysée. Fait inédit depuis son arrivée au pouvoir, François Hollande passe deux jours d'affilée dans la même ville, lundi 11 et mardi 12 mars. Avec l'objectif affiché, pour celui dont la cote de popularité est au plus bas, de renouer le lien avec les Français.
Dans cet ensemble d'immeubles populaires rénové grâce à la politique de la ville, c'est l'occasion, pour qui parvient à approcher le chef de l'Etat, de lui adresser un mot d'encouragement ou d'attirer son attention sur un problème personnel. Mais la plupart n'apercevront que de loin un crâne dégarni, dans une déambulation cahin-caha au milieu des journalistes, et derrière la solide barrière humaine du service d'ordre.
"Elles sont où les promesses ?"
Un peu à l'écart, des membres du syndicat Solidaires donnent de la voix pour dénoncer l'accord sur l'emploi, un texte écrit selon eux "par le patronat et pour le patronat". "Monsieur Hollande, elles sont où les promesses ?", s'insurgent-ils. Le slogan n'est pas complètement déclamé que déjà la police les écarte vigoureusement.
Plus loin, un homme hurle en agitant les bras : "Il veut taxer les allocations familiales, augmenter la TVA. Il nous fait la guerre au Mali, le mariage homosexuel, mais il ne s'occupe pas des vrais problèmes ! Et regardez les gens, ils sont tous là à le prendre en photo, comme si c'était une star..." Lui aussi sera exfiltré. Une tache dans la communication bien huilée de ce déplacement. Interrogés, les proches du chef de l'Etat jurent n'avoir donné aucune consigne en ce sens, et rejettent la responsabilité sur des policiers selon eux trop zélés.
Trop loin de la scène, le président n'a rien vu de tout cela. Il préférera sans doute retenir le bain de foule chaleureux que lui ont offert les élèves du lycée Gustave-Eiffel après la signature de quatre emplois d'avenir dans la Maison de l'emploi toute proche. Mais de ce déplacement, ce n'est peut-être pas cette image, plus flatteuse, dont on se souviendra.
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