Accord sur l'emploi à l'Assemblée : la gauche de la gauche en ordre de bataille
L'examen du projet de loi sur la sécurisation de l'emploi a débuté mardi soir et s'annonce houleux.
Encore sous le coup de l'annonce de la mise en examen de Jérôme Cahuzac, les députés ont débuté mardi 2 avril en fin d'après-midi l'examen d'un texte qui promet de vifs débats : le projet de loi sur la sécurisation de l'emploi, qui a pour but de renforcer la sécurité pour les travailleurs tout en donnant plus de souplesse aux entreprises. Durant au moins quatre jours, les élus de l'Assemblée nationale doivent débattre de la transposition dans la loi de l'accord national interprofessionnel (ANI) conclu entre le patronat et trois syndicats (CFDT, CFTC, CFE-CGC). Or, le Front de gauche et la gauche du PS refusent d'adopter le texte en l'état et comptent bien y apporter des modifications. Au risque de provoquer de nouveaux remous dans la majorité. Francetv info revient sur les différentes stratégies.
Le Front de gauche à l'attaque
Décidés à se faire les "porte-voix" des opposants au texte, parmi lesquels se trouvent les syndicats FO et CGT, les députés du Front de gauche ont opté pour une stratégie clairement offensive. Ils ont déposé quelque 4 500 amendements au projet de loi qu'ils jugent préjudiciable aux salariés. "Notre premier objectif, c’est le retrait total du texte. C’est pourquoi nous avons demandé l’abrogation de chacun des articles", a prévenu leur chef de file, André Chassaigne, dans un entretien à L'Humanité.
La gauche du PS plus gênée
L'aile gauche du PS se montre, elle, moins guerrière. Le député de Seine-Saint-Denis Razzy Hammadi, reprenant l'expression du ministre du Travail, Michel Sapin, espère lors des débats "avoir l'occasion de démontrer que cet accord est un acte historique". Mais il compte aussi sur "un véritable échange, notamment concernant les conditions de mobilité", a-t-il expliqué dans les couloirs de l'Assemblée à francetv info. Il souhaite ainsi revenir sur les conditions dans lesquels les salariés seraient obligés de changer de lieu de travail pour éviter un licenciement, en cas de plan de mobilité interne.
Le député de l'Essonne Jérôme Guedj (PS), qui avait apporté son soutien à la manifestation CGT-FO contre la réforme début mars, explique lui aussi espérer une vraie discussion sur "la flexibilité". La gauche du PS a déposé en tout une centaine d'amendements sur plusieurs points laissés flous dans le texte tel qu'il a été signé par les partenaires sociaux.
Risque de dissensions chez les socialistes
"L'idée, ce n'est pas de déposer des amendements de suppression à la chaîne", assure Jérôme Guedj à francetv info. Pour autant, son ambition d'apporter de nombreuses modifications au texte est nette : "Quand, à la fin des débats, on posera la question : 'que reste-t-il de l'ANI ?', vous verrez, vous serez surpris", glisse-t-il. Et pas question de critiquer l'attitude des communistes et leurs 4 500 amendements, dont il relativise la portée. "Je ne dirais pas qu'ils ont une stratégie d'obstruction", affirme le député de l'Essonne. Même son de cloche du côté de Razzy Hammadi, qui estime que l'attitude des communistes est "bien normale" et "permettra d'aller au fond du débat".
Pas sûr que le gouvernement voit du même œil un trop-plein de modifications à l'accord sur l'emploi. D'autant que "toute correction devra être approuvée par les signataires [le patronat et les syndicats]", a prévenu François Hollande lors de son intervention jeudi sur France 2. Faut-il dès lors craindre un nouveau psychodrame façon traité budgétaire européen, que vingt députés socialistes avaient refusé de voter en octobre malgré les consignes du gouvernement ? Le porte-parole des députés PS, Thierry Mandon, n'y croit pas : "Il y aura beaucoup moins de votes contre ce texte, s'il y en a." "Ce n'est pas du tout le même clivage", renchérit le chef de file des députés PS, Bruno Le Roux.
L'Assemblée doit se prononcer mardi 9 avril par un vote solennel sur l'ensemble du texte et le Sénat l'examinera à son tour à partir du 17 avril. L'exécutif espère pouvoir mettre en œuvre la réforme dès le début du mois de mai.
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