Béluga dans la Seine : "C'était un représentant et un ambassadeur de son espèce", estime Sea Sheperd
La présidente de l'association considère la mort du cétécé comme un "déclencheur qui ouvre la conscience du grand public sur le sort de l'océan".
La mort du béluga retrouvé dans la Seine est celle d'un "représentant et un ambassadeur de son espèce fragile et menacée" déplore Lamya Essemlali, présidente de Sea Sheperd France, sur france info mercredi 10 août. Lors de son transfert dans un bassin à Ouistreham, l'animal a été euthanasié mercredi matin, ce que regrette l'ONG même si elle considère plutôt l'évènement comme un "déclencheur qui ouvre la conscience du grand public sur le sort de l'océan".
franceinfo : Que retenez-vous de la mobilisation pour cet animal ?
Lamya Essemlali : À mon sens, cet animal cristallise beaucoup de choses. L'objectif, là, n'était pas forcément de conserver l'espèce, c'est un vieil individu. Mais c'était un représentant et un ambassadeur de son espèce fragile et menacée, à l'agonie. Ce qui se passe avec ce béluga et ce qui s'est passé avec l'orque il y a quelques semaines sont des déclencheurs qui ouvrent la conscience du grand public sur le sort de l'océan.
"Si on arrive à s'émouvoir autant du sort d'un seul individu, cela doit forcément nous interpeller sur le sort des milliers d'autres qui meurent du fait des activités humaines, loin des yeux et des consciences."
Lamya Essemlali, présidente de Sea Sheperd Franceà franceinfo
Il n'y avait pas suffisamment de budget public débloqué pour permettre l'ensemble de l'opération, donc on a lancé une cagnotte pour nous aider à financer la partie manquante. Il y a eu une solidarité incroyable.
Sait-on ce qui a poussé cet animal à venir dans la Seine ?
L'embouchure du Havre est un endroit extrêmement bruyant. Il y a un port maritime très actif et une pollution très importante. Un chantier éolien à Courseulles-sur-Mer (Calvados) est aussi en construction, ce qui a pu le désorienter. Ce sont des hypothèses, et peut-être pas les seules raisons.
Il y avait peut-être aussi un affaiblissement de l'animal qui a renforcé ou favorisé cette désorientation. Le mystère reste aussi entier sur comment un béluga a pu descendre sous nos latitudes alors que c'est un animal qui vit dans les régions subarctiques. Il y a beaucoup de questions qui restent en suspens et j'espère qu'une partie de ces questions trouvera réponse grâce à l'autopsie.
Aviez-vous espoir de le sauver ?
Les translocations de cétacés comportent un risque indéniable, même sur des animaux qui sont en bonne santé. Nous étions conscients de cela. Mais nous n'avions pas d'autres alternatives puisqu'il allait mourir en restant dans la Seine. L'objectif était de déterminer si des soins pouvaient lui être apportés ou s'il était atteint d'un mal incurable.
"C'est une grande déception pour nous, mais aussi pour les équipes de soigneurs, les vétérinaires, les pompiers, la sous-préfète de l'Eure qui a été extraordinairement humaine sur ce dossier et les milliers de sympathisants qui ont suivi cette histoire."
Lamya Essemlali, présidente de Sea Sheperd Franceà franceinfo
Ce n'est pas moi qui ai pris la décision de mettre un terme à sa souffrance, mais j'ai vu ce béluga et sa détresse respiratoire était évidente. C'était extrêmement difficile et je ne me serais pas permise d'aller contre l'avis de l'euthanasier et risquer de prolonger son agonie. Cela n'a pas été de gaieté de cœur de s'y résoudre, mais l'intérêt de l'animal a prévalu du début à la fin.
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