Dauphins victimes de la pêche : "On marche sur la tête", réagit Sea Shepherd qui parle de "10 000 dauphins" pris dans les filets des chalutiers chaque année
"On marche sur la tête, il faut revoir la gestion de la pêche en France", alerte ce dimanche sur franceinfo, Jean Tamalet, avocat de l'association Sea Shepherd. L'ONG a une nouvelle fois déposé plainte contre X après la découverte ce samedi dans le Golfe de Gascogne d'un dauphin mutilé et scarifié avec l'inscription "Sea Sheperd PD" (sic). "On estime qu'il y a environ 10 000 dauphins pris dans les filets des chalutiers chaque année", poursuit l'avocat, qui déplore un manque d'action des pouvoirs publics.
franceinfo : Comment ce dauphin mutilé a-t-il été découvert ?
Jean Tamalet : Chaque année, l'association Sea Shepherd organise des opérations d'observation des remontées de filets. Les pêcheurs sont filmés. Une loi les oblige à déclarer en préfecture les prises de dauphins dites "accidentelles". Mais seules 1,5 % des prises sont déclarées. Dès qu'un dauphin est capturé, une plainte est donc déposée et les images sont diffusées. Plus de cent procédures sont en cours. Mais la quasi-totalité des plaintes sont classées sans suite sans recherches sérieuses des auteurs de ces prises. Dans ce cas précis, Sea Shepherd est nominativement nommée. C'est la deuxième fois qu'un dauphin est ainsi scarifié.
Que faut-il faire pour arrêter ces prises dites "accidentelles" ?
Une lutte doit être menée par les pouvoirs publics. On estime que 10 000 dauphins sont pris chaque année dans les filets des chalutiers sur les côtes françaises. Quand dans une nuit vous avez jusqu'à dix dauphins capturés et que c'est comme ça toutes les nuits, comment peut-on appeler ça des "prises accidentelles" ? Il faut revoir toute la politique de pêche, se poser les bonnes questions sur la surpêche et sur les systèmes de subventions qui nourrissent à perfusion un marché qui marche sur la tête. Tout ça est à remettre sur la table.
Vous avez déjà interpellé le secrétaire d'Etat à la mer et la Première ministre Elisabeth Borne. Y a-t-il eu des réponses ?
Il y a un dialogue, mais il n'est pas toujours constructif. Il n'y a aucune observation concrète des remontées de filets par exemple. On nous parle des balises pour repousser les cétacés des chalutiers. Mais la bonne solution, c'est de revoir complètement nos techniques et nos zones de pêche. Et de réfléchir à la consommation excessive de poissons. On marche sur la tête, il faut revoir la gestion de la pêche en France, qui est quand même la deuxième façade maritime au monde.
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