Interdiction du broyage des poussins mâles : l'ovosexage à la rescousse des couvoirs français
A partir du 1er janvier, les professionnels de la filière devront obligatoirement recourir à cette méthode. Dans ce couvoir de Saint-Fulgent, en Vendée, on a pris les devants.
Le broyage des poussins mâles, dénoncé par des associations de bien-être animal, sera interdit à partir du 1er janvier. Il faudra désormais recourir à la technique de l'ovosexage, qui consiste à déterminer le sexe du poussin dans l'œuf et à éliminer les mâles avant l'éclosion. Les couvoirs vont devoir s'adapter, comme ici à Saint-Fulgent (Vendée), où on a déjà pris les devant depuis le lundi 26 décembre.
Des dizaines de milliers d'œufs attendent dans leur chariot avant de passer dans la machine d'ovosexage Cheggy."Notre technique fonctionne à partir de la couleur. Les femelles sont d'une couleur brune et les mâles ont une couleur blanche", explique Dhiyaeddine Rabia, le technicien en charge du bon fonctionnement de l'opération. Dès l'état embryonnaire, les premières plumes apparaissent dans le cou des poussins.
La technique de l'ovosexage consiste donc à déterminer le sexe sans toucher l'œuf. "On charge les œufs incubés à treize jours. Ils arrivent dans la chambre de mesure. On éclaire les œufs en-dessous et après, la caméra prend une image", explique-t-il. "Après, on récupère ce signal et on le traite avec un algorithme pour différencier entre les femelles et les mâles. En fait, la mesure se fait sur deux secondes et on est sur une machine qui a une capacité de 20 000 œufs à l'heure."
Les premiers œufs triés par ovosexage dès le 2 janvier
Après l'identification, place au triage. À gauche, les œufs mâles partent sur un autre tapis pour être détruits et transformés en nourriture animale. À droite, les œufs femelles retournent en incubation une semaine de plus. Pour que la machine fonctionne, il a fallu faire des tests dès le mois de septembre.
Se doter de la toute récente technologie représente un investissement et le couvoir Lohmann a reçu du soutien, notamment du ministère de l'Agriculture. "Ce qui nous a permis aussi de faire tout ça, ce sont les aides de France Agrimer. Donc on a été accompagnés afin de financer et d'être dans les délais pour le 1er janvier 2023", expose le directeur, Vincent Baumier.
"On est suffisants en capacité pour absorber les volumes qu'on a pour les poulettes brunes", poursuit-il. L'interdiction du broyage des poussins mâles concerne uniquement les poules brunes, soit 85% de la production française. Pour les poules blanches, la technologie est encore en test. "Nous avons d'autres techniques aussi en développement. C'est la spectroscopie Raman qui peut faire les deux souches, mais c'est en en développement. Donc ça va venir", indique Dhiyaeddine Rabia. Dans ce couvoir, les premiers œufs triés par ovosexage vont éclore dès le 2 janvier.
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