Marche pour la fermeture des abattoirs : les vidéos de L214 "suscitent une très forte empathie"
Pour Nathalie Damery, présidente de l'Observatoire société et consommation, il faut "développer un nouveau rapport à l'alimentation".
L'association anti-viande L214 organise samedi 10 juin à Paris une marche pour la fermeture des abattoirs. Ses vidéos "choc" sur les pratiques dans certains élevages et abattoirs "suscitent une très forte empathie" dans l'opinion publique, explique sur franceinfo Nathalie Damery, présidente de l'Observatoire société et consommation (Obsoco). Résultat : "On est face à des personnes en France qui passent de la notion de 'bien se nourrir' à celle de 'mieux se nourrir'".
franceinfo : Est-ce que la consommation de viande baisse en France ?
Nathalie Damery : Indéniablement, les chiffres le montrent. On voit que de plus en plus de Français se détournent de la viande. Certains de façon assez radicale, c'est ce qu'on appelle les vegans. Mais il y aussi environ 50% des Français qui déclarent avoir réduit de façon drastique leur consommation de viande. C'est énorme. Par ailleurs, 40% des Français affirment en manger beaucoup moins, mais de meilleure qualité.
Les vidéos "choc" sur les abattoirs, diffusées par l'association L214, ont-elles un impact sur le comportement des consommateurs ?
Bien sûr, ces vidéos suscitent une très forte empathie. On est face à des personnes en France qui passent de la notion de "bien se nourrir" à celle de "mieux se nourrir". Donc, tout ce qui va impacter cette dernière notion, comme les vidéos sur la maltraitance animale ou les scandales alimentaires, fait que les Français sont de plus en plus méfiants, ils sont en manque de traçabilité. Ils vont donc développer un nouveau rapport à l'alimentation que nous appelons "l'éthique alimentaire". Cette éthique alimentaire va s'attacher à mieux se nourrir, à s'assainir : regardez le mouvement du sans gluten, par exemple, ou la pratique du jeûne. On va aller rechercher dans l'alimentation des choses saines et surtout rassurantes. C'est une façon de maîtriser son propre corps.
Est-ce que cela se ressent sur la consommation de viande bio ?
Oui, c'est de l'ordre de l'exigence. La viande bio va répondre à plusieurs priorités dans l'esprit des Français : la qualité, le goût, la traçabilité. Elle répond aussi à un arbitrage : j'ai envie de manger bio, de meilleure qualité, mais en même temps j'aime la viande, donc je ne veux pas non plus entrer dans un mouvement trop radical pour moi. La viande bio répond aussi à ce besoin de flexibilité.
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