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Vidéos d'abattoirs : "Les industriels de la viande ne se tirent pas une balle dans le pied mais dans la tête"

"Les industriels de la viande ne sont pas en train de se tirer une balle dans le pied, c'est une balle dans la tête qu'ils se tirent", a déclaré lundi 21 mai sur franceinfo le député Divers gauche de Charente-Maritime, Olivier Falorni.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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  (PASCAL GUYOT / AFP)

"Les industriels de la viande ne sont pas en train de se tirer une balle dans le pied, c'est une balle dans la tête qu'ils se tirent", a déclaré lundi 21 mai sur franceinfo le député Divers gauche de Charente-Maritime, Olivier Falorni.

Après la vidéo de l'association L214, dimanche 20 mai, dénonçant les conditions de vie des poules pondeuses d'un élevage des Côtes-d'Armor, lundi 21 mai c'est au tour de l'actrice Brigitte Bardot et de l'humoriste Rémi Gaillard de dénoncer les conditions d'abattage des animaux à Alès dans le Gard.

L'an dernier, Olivier Falorni a porté un projet de loi pour imposer la vidéosurveillance dans les abattoirs. Une mesure qui n'apparaît plus dans le texte qui sera étudié ce mardi à l'Assemblée nationale [les députés entament l'examen en séance publique du projet de loi agriculture et alimentation]. "Mon problème c'est le respect de l'animal et je ne vois pas de raison de leur part [aux industriels] pour empêcher le contrôle vidéo dans leurs structures", a ajouté l'élu.

franceinfo : Comment comprenez-vous le recul du gouvernement sur ce point ?

Olivier Falorni : Il est difficile de comprendre l'incompréhensible. Ma proposition de loi avait été votée par les députés en première lecture en janvier 2017. Cette loi comprenait l'alourdissement des sanctions et le fait de transformer la maltraitance sur animaux en abattoirs et dans les transports en délit pénal. Ça a été repris dans le projet de loi du gouvernement, sauf qu'on n'a pas suivi la deuxième dimension de ce texte, c'est-à-dire la mise en place de l'outil nécessaire pour caractériser le délit, le contrôle vidéo obligatoire. Emmanuel Macron avait repris cette proposition dans sa campagne présidentielle, il s'était engagé auprès de nos concitoyens pour mettre cette vidéosurveillance en place. Donc si le gouvernement et la majorité parlementaire devaient persister dans leur refus de faire voter cette mesure, ce serait une régression et un reniement.

Pour vous Emmanuel Macron a cédé à une forme de pression, de la part des lobbies par exemple ?

Est-ce que le lobby de la viande a agi au point d'être entendu ? Je ne sais pas, mais moi je lutte pour la protection animale et j'essaye de me mettre dans la tête de ceux qui tentent de s'opposer à ce dispositif. Les industriels de la viande ne sont pas en train de se tirer une balle dans le pied, c'est une balle dans la tête qu'ils se tirent. On voit bien que la consommation de la viande ne cesse de diminuer et que l'exigence des Français en terme d'éthique et de respect de l'animal augmente, et on a une industrie de la viande qui s'arqueboute sur une opacité traditionnelle. Si l'industrie de la viande continue son lobbying auprès du gouvernement pour que rien ne change, la viande sera de moins en moins consommée et l'industrie de la viande aura tout perdu. Ce n'est pas mon problème principal, mon problème c'est le respect de l'animal et je ne vois pas de raison de leur part pour empêcher le contrôle vidéo dans leurs structures.

Vous pensez que des voix comme celle de Brigitte Bardot ou Sophie Marceau peuvent porter ce message ? Est-ce que cela peut attendrir les députés ?

Il ne s'agit pas de les attendrir, il s'agit de jouer leur rôle de lanceur d'alerte et elles le font bien, comme les associations. On critique beaucoup L214 et la fondation Brigitte Bardot mais concernant les abattoirs, si nous n'avions pas eu les vidéos tournées clandestinement, on en n'aurait jamais entendu parler. Ces pratiques [de caméras cachées] elles sont là et elles n'ont été contestées par personne mais elles ont été tournées hors-la-loi. Un législateur comme je suis ne peut pas se satisfaire de s'en remettre à des lanceurs d'alerte alors que l'Etat a pour mission de contrôler à travers des inspections vétérinaires ce qui se passe dans les abattoirs. Mais il n'y a pas assez d'inspecteurs vétérinaires et l'Etat ne les recrute pas, c'est comme si le gouvernement disait 'on va lutter contre les chauffards' en se privant de radars. Donc je demande à l'Etat de filmer légalement, de contrôler les salariés qui sont déjà soumis à un contrôle théorique et qu'on n'ait plus ces images abominables d'animaux massacrés.

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