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Pêche durable : "La France ne montre pas l'exemple", selon l'association Bloom

"Il n'y a pas de volonté politique en France de limiter les engins de pêche les plus impactants", dénonce jeudi sur franceinfo le directeur scientifique de l'association Bloom, Frédéric Le Manach.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Des chalutiers dans le port de la Côtinière à Saint-Pierre d'Oléron, le 12 septembre 2022.  (XAVIER LEOTY / MAXPPP)

Alors qu'elle possède la deuxième plus grande zone maritime au monde, "la France ne montre pas l'exemple" concernant la pêche durable, estime jeudi 9 février sur franceinfo le directeur scientifique de l'association Bloom Frédéric Le Manach. Selon l'Ifremer, les objectifs de 100% de pêche durable fixés pour 2020 au niveau européen sont loin d'être atteints. Frédéric Le Manach dénonce un manque de "volonté politique" en France. "Le président Macron communique sur un niveau de protection de 30% des eaux françaises, mais on a moins de 1% des eaux qui sont protégées en métropole." Il appelle notamment à "déchaluter" la pêche française.

franceinfo : Pourquoi cet objectif de 100% de pêche durable est-il à vos yeux plus compliqué que prévu à atteindre ?

Frédéric Le Manach : Parce qu'il n'y a pas de volonté politique en France et en Europe de limiter les engins de pêche les plus impactants, comme les chaluts, qui sont des engins très lourds, très gros et qui ont un impact démesuré sur les habitats marins et sur les espèces qui y vivent. Le gouvernement et le président Macron communiquent énormément sur un niveau de protection de 30% des eaux françaises, mais on a moins de 1% des eaux en métropole qui sont protégées. Ce qu'on appelle les aires marines protégées permettent en fait la destruction des écosystèmes marins et la pratique de la pêche industrielle. Cet outil ne sert à rien et n'a pas du tout de vision, de protection ou de reconstitution des écosystèmes.

D'autres pays font-ils mieux ?

En Europe, pas vraiment. Le Royaume-Uni a pris un peu le contrepied de la politique européenne. C'est vraiment le premier pays, en tout cas au sens de l'Europe géographique, à interdire le chalutage de fond de ses aires marines protégées. Ça a un impact très important et ça aura un impact très bénéfique sur la reconstitution des écosystèmes marins. À part ça, les pays suivent un peu la même politique que la France en Europe. Mais la France a un rôle particulièrement important puisque, avec les États-Unis, ce sont les deux pays qui ont la plus grosse zone marine au monde. La France doit donc montrer l'exemple. Elle ne le fait pas actuellement.

Ces chaluts doivent-ils disparaître ?

Oui. Le chalut a de toute façon vocation à disparaître. Pas immédiatement. On n'est bien évidemment pas pour mettre au chômage tous les pêcheurs qui le pratiquent, mais on a un besoin de transition rapide et radicale. Actuellement, le chalut est clairement l'outil de pêche qui est le moins sélectif, le plus impactant et aussi le plus énergivore. On a besoin d'énormément de carburant pour aller utiliser ces engins de pêche à des profondeurs qui peuvent atteindre plusieurs centaines de mètres. Donc, dans le cadre de la lutte contre le changement climatique ou de la lutte contre l'érosion de la biodiversité, on a un besoin vraiment rapide et drastique de déchaluter la pêche française.

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