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Plus de 120 000 antilopes mystérieusement retrouvées mortes au Kazakhstan

Un tiers de la population mondiale d'antilopes saïgas a péri ces deux dernières semaines dans ce pays d'Asie centrale.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Des antilopes saïgas boivent dans un lac, le 18 janvier 2011, au Kazakhstan. (ANATOLY USTINENKO / AFP)

Ces antilopes rares sont de plus en plus menacées d'extinction. Plus de 120 000 saïgas ont été mystérieusement retrouvées mortes, ces deux dernières semaines, au Kazakhstan, ex-république soviétique d'Asie centrale.

Il s'agit d'un phénomène "catastrophique" pour ces animaux, facilement reconnaissables par leur museau allongé qui a l'aspect d'une courte trompette, souligne le Programme des Nations unies pour l'environnement, qui rappelle que ces décès représentent "un tiers de la population globale".

"Une combinaison de facteurs biologiques et écologiques"

"Nous sommes résolus à identifier la cause de ces décès et à prendre toutes les mesures possibles pour empêcher la répétition de tels événements", a assuré le vice-ministre kazakh de l'Agriculture, Erlan Nyssanbaïev. Le Premier ministre, Karim Massimov, a ordonné la création d'une commission gouvernementale et sollicité l'aide d'experts internationaux afin d'éclaircir la raison de ces décès, un phénomène observé dans trois régions du pays.

Ces morts en masse sont dues à une "combinaison de facteurs biologiques et écologiques", selon les experts du Secrétariat de la Convention sur la conservation des espèces migratrices appartenant à la faune sauvage (CMS), qui a dépêché une mission au Kazakhstan.

Une antilope saïga, le 1er août 1991, en Russie. (BOBKOV VYACHESLAV / RIA NOVOSTI / AFP)

Les animaux ont apparemment été tués par une maladie infectieuse causée par des bactéries du type Pasteurella ou Clostridium, expliquent les experts de la CMS. Mais ces "bactéries sont mortelles uniquement pour un animal dont le système immunitaire est déjà affaibli" par des facteurs écologiques, comme les pluies abondantes survenues en mai au Kazakhstan, qui auraient pu influer de manière néfaste sur la qualité de l'herbe.

Une espèce remontant à l'ère glaciaire

Le fait qu'aucun animal n'ait survécu dans les troupeaux affectés rend perplexes les scientifiques qui étudient depuis des années le mode de vie et le comportement de ces antilopes, dont les ancêtres vivaient déjà dans cette région à l'ère glaciaire. "La mortalité de 100% pour les troupeaux affectés est tout à fait extraordinaire", estime Richard Kock, professeur au Collège vétérinaire royal à Londres, qui s'est rendu récemment au Kazakhstan. Même si les antilopes saïgas, dont la durée de vie oscille en général entre six et dix ans, sont des "créatures avec une résistance très faible", ajoute-t-il.

En 1993, la population des saïgas, qui vivent principalement dans les steppes du Kazakhstan, mais aussi dans l'ouest de la Mongolie et en Russie près de la mer Caspienne, était estimée à un million d'individus, avant de chuter de manière catastrophique. Les autorités du Kazakhstan se vantaient jusqu'ici d'avoir réussi à porter la population de cette antilope de quelque 20 000 têtes en 2003 à plus de 250 000 en 2013.

Des jumeaux à la rescousse ?

Avant le début de l'épidémie à la mi-mai, le Kazakhstan comptait déjà plus de 300 000 saïgas, selon un récent rapport de l'Association kazakhe pour la préservation de la biodiversité. Mais, désormais, il faudra au moins une décennie pour que la population de ces antilopes puisse se rétablir après la maladie, estiment des scientifiques.

Le secrétaire exécutif de la CMS, Bradnee Chambers, se montre toutefois plus optimiste. "Les autorités du Kazakhstan réagissent rapidement à ce désastre et travaillent dur pour résoudre le mystère de ces morts massives", affirme-t-il. "Les antilopes saïgas donnent souvent naissance à des jumeaux et leur population est capable de se reproduire rapidement", souligne-t-il.

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