"Si ça continue, l’avenir du loup est menacé à moyen et à long terme", redoute France Nature Environnement

France Nature Environnement s'inquiète de la préservation du loup en France. L'association dénonce les braconnages et les empoisonnements.
Article rédigé par franceinfo - Avec France Bleu Drôme Ardèche et France Inter
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Temps de lecture : 2 min
  (PHILIPPE GREILLER / MAXPPP)

"Si ça continue comme c’est aujourd’hui, l’avenir du loup est menacé à moyen et à long terme", redoute Roger Mathieu, coréférent du "groupe loup" de France Nature Environnement Auvergne-Rhônes-Alpes sur France Inter mercredi 24 juillet. "Les clignotants passent au rouge", notamment à cause de la probable hausse des actes de braconnage et des empoisonnements des loups, alerte FNE Auvergne-Rhône-Alpes sur France Bleu Drôme Ardèche.

Les loups sont en danger dans les Alpes, les Préalpes, la Drôme, les massifs provençaux, selon l’organisme qui a suivi 36 meutes durant l’année 2023. La fédération des associations de protection de la nature constate que les actes de braconnage contre les loups semblent se "banaliser" et "s'organiser", dénonçait mardi France Nature Environnement dans un communiqué. Elle se base sur le rapport d'un groupe indépendant, qui suit certaines meutes grâce à des caméras automatiques. À cause des actes illégaux, l'espèce pourrait être en danger à court terme.

Une meute sur dix victime d'un acte de braconnage

"Alors que le loup est un grand voyageur, ça fait très longtemps qu’il passe la vallée du Rhône, et là il n’arrive pas à s’installer. Probablement, il est tiré systématiquement par des tirs de défense et probablement par une augmentation significative des destructions illégales", décrit Roger Mathieu, coréférent du "groupe loup" de France Nature Environnement Auvergne-Rhônes-Alpes.

Le rapport du groupe Loup PP Alpes, composé d'experts de la thématique du loup, pointe ainsi qu’une meute sur dix observée a été victime d'un acte de braconnage "quasi certain". Des loups ont été aperçus la patte avant coupée, signe d'un "piège à palette", un autre amputé d'une patte arrière. Une louve portait aussi "un collet sectionné qui lui enserre le cou", décrit France Bleu Drôme Ardèche.

Selon une estimation scientifique se basant sur ce qui se passe dans les pays étrangers (États-Unis, Portugal) et sur le taux de survie moyen, le braconnage pourrait même être responsable de 15 à 20% des loups morts sur le territoire.

Des empoisonnements fréquents

Les empoisonnements de loups sont aussi fréquents : "En 2023, un loup a été empoisonné à Crupies, dans la Drôme, on a été obligé de faire venir une brigade d'Espagne", relate Roger Mathieu. Le procès des empoisonneurs présumés aura lieu à l'automne prochain, rappelle France Bleu Drôme Ardèche. Selon la fédération, il faut augmenter les moyens d'enquête de l'Office française de la biodiversité (OFB) et instaurer une brigade (chien + maître-chien), capable de détecter les empoisonnements.

Les tirs légaux mettent aussi en danger le loup, selon FNE. "Depuis 2018, le quota des tirs de loups légaux a été augmenté de 400%. Cette année, en 2024, on pourra abattre 209 loups en France, analyse Roger Mathieu. En 2023, il y a eu une baisse significative de la productivité des loups." Selon FNE, "contrairement à ce que certains disent, non, le nombre de loups n'augmente pas, c'est même plutôt l'inverse", explique le drômois Roger Mathieu.

En 2024, pour la première fois depuis les années 1990, période de retour naturel du loup dans l’hexagone, l’existence de l'animal en France est menacée. "Si les pouvoirs publics prennent des décisions en réduisant les tirs légaux, en augmentant les moyens de l’OFB, le loup pourra s’en sortir. Si ça continue comme c’est aujourd’hui, l’avenir du loup est menacé à moyen et à long terme", redoute Roger Mathieu.

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