Cet article date de plus de douze ans.

Ce mystérieux vidéaste amateur qui en veut à Mitt Romney

Le candidat républicain a été filmé à son insu lors d'un dîner de levée de fond, en mai. Ses propos alimentent la polémique. 

Article rédigé par Marion Solletty
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le candidat républicain a tenu une conférence de presse à Costa Mesa, en Californie (Etats-Unis), lundi 17 septembre, pour s'expliquer sur la vidéo où on l'entend dire que "47% des gens dépendent du gouvernement, pensent qu'ils sont des victimes". (NICHOLAS KAMM / AFP)

AMERIQUES - Mitt Romney a dû affronter, lundi 17 septembre, une vraie petite bombe à retardement : mise en ligne par la presse américaine, une vidéo tournée clandestinement à un dîner de levée de fonds privé, le 17 mai à Boca Raton, en Floride, le met dans l'embarras. Il a pourtant fallu quatre mois à ces images pour passer des arcanes de YouTube aux premières pages des journaux. Explications.

Des premières images publiées en mai

L'internaute à l'origine de cette fuite s'est fait connaître pour la première fois le 31 mai en postant sur YouTube, sous le pseudo RomneyExposed, une vidéo où l'on entend la voix de Mitt Romney sur des images manifestement maquillées.

Le candidat évoque une visite en Chine effectuée à l'époque où il travaillait pour le fonds d'investissement Bain Capital et décrit les conditions de travail très dures en vigueur dans l'usine chinoise. 

L'auteur de la fuite, manifestement anti-Romney, accuse l'ex-homme d'affaires de s'être rendu complice de l'exploitation des ouvriers chinois : l'entreprise qui possède l'usine est, à l'époque, convoitée par son fonds - mais finalement, aucun investissement n'y a été réalisé, selon une source interrogée par CNN

La vidéo passe alors inaperçue. Mais elle ressurgit fin août sur le compte d'une certaine Anne Onymous, accompagnée cette fois d'autres extraits, visiblement tournés lors de la même soirée. Un passage, où l'on entend la voix de Mitt Romney expliquer que "47% des gens dépendent du gouvernement, pensent qu'ils sont des victimes", attire particulièrement l'attention de plusieurs journalistes. D'autant plus que les vidéos sont relayées par le même auteur sur plusieurs sites communautaires, comme Daily Kos ou le Huffington Post.

Des rédactions à l'affût

A la rédaction du Huffington Post, Ryan Grim, chef du bureau de Washington, tente de remonter la piste de ce commentateur visiblement en possession d'un matériau inédit. Mais l'enregistrement, masqué par un fond noir et dépourvu de contexte, est inexploitable en l'état.

"Le Saint Graal, c'était une copie non éditée ; nous avons donc attendu avant de mettre en avant la vidéo", explique le journaliste au site BuzzFeed. C'est finalement Mother Jones qui leur rafle la mise : le magazine, très marqué à gauche, était jugé plus proche des idées de l'auteur, aurait expliqué ce dernier à Ryan Grim. 

Mother Jones a en tout cas soigneusement protégé sa source : on ignore encore l'identité du mystérieux "RomneyExposed". Pour être parmi les invités du dîner, il aurait fallu qu'il soit prêt à payer cher pour nuire au candidat républicain : ce soir-là, les convives ont déboursé 50 000 dollars par tête (38 000 euros) pour venir écouter Mitt Romney. Pour ce dernier, pas sûr que la soirée ait été si rentable.

Lancez la conversation

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour commenter.