Syrie : quelles sont les armes chimiques ?
La Syrie disposerait d'un important arsenal, avec des produits divers aux effets différenciés mais redoutables.
Le combattant a une trentaine d'années. "A son réveil à l'hôpital, il crachait du sang." L'Express reprend le témoignage glaçant, publié sur le site La République, d'un médecin syrien. Yassine el-Hajj Saleh relate sa rencontre mi-avril à Damas avec un survivant de ce qui ressemble bien à une attaque chimique. Le docteur décrit les symptômes : "difficulté respiratoire (dyspnée), myosis, écoulement et rougeur des yeux, écoulement nasal, expectoration de sang (hémoptysie), perte de conscience". Quelques jours plus tard viennent "des troubles émotionnels, excitation, colère, ou état d'euphorie, ainsi que des idées obsessionnelles et maniaques".
Dans un long reportage publié lundi 27 mai, deux envoyés spéciaux du Monde racontent avoir vu "des hommes s'accroupir, suffoquer, vomir" et concluent :"Il ne s'agit pas de simples gaz lacrymogènes utilisés sur les fronts, mais de produits d'une autre classe, bien plus toxiques." Comprendre des armes chimiques. Quelles sont ces armes ?
Le gaz sarin, un puissant neurotoxique
Le plus important arsenal chimique du monde ?
Si les rebelles peuvent disposer d'armes chimiques, ils ne sont pas les seuls. Comme l'Egypte, la Syrie est l'un des rares pays à ne pas avoir signé la Convention sur l'interdiction des armes chimiques. Un récent document du Congrès américain rappelle que le régime des Assad développe, face à l'ennemi israélien, un programme d'armes chimiques depuis les années 1980, voire les années 1970, avec l'aide de l'Egypte, puis de la Russie et de l'Iran.
Le chef d'état-major de l'armée israélienne, cité dans ce même document, estime l'arsenal chimique syrien comme "le plus important du monde". Mais cet équipement, réparti sur l'ensemble du territoire, fait toujours l'objet de supputations, car il existe peu de données publiques. Dans un autre document, le renseignement américain considère que la Syrie "maintient un stock de gaz moutarde, sarin et VX".
Gaz moutarde, VX
Le gaz moutarde, surnommé ainsi en raison de son odeur, est aussi appelé ypérite "en référence à la ville d'Ypres, en Belgique, où il fut pour la première fois utilisé au combat le 11 juillet 1917", rappelle Le Monde. Il a été utilisé, depuis, pendant la guerre Iran-Irak. Interrogé par le site du quotidien, un chercheur du Stockholm International Peace Research Institute explique que ce gaz, très incapacitant, provoque "des cloques douloureuses et de longue durée, ainsi que des dommages génétiques à long terme. Il rend les gens plus vulnérables aux infections par œdème inducteur".
Quant au gaz VX (ici détaillé par un organisme américain), il s'agit du plus puissant des agents neurotoxiques. Un simple contact avec la peau peut être mortel. Développé au début des années 1950 au Royaume-Uni, il est invisible et inodore et ses symptômes rappellent ceux du gaz sarin, dont il est un dérivé encore plus mortel.
Des armes biologiques ?
Dans son témoignage, le survivant syrien a rapporté au docteur Yassine el-Hajj Saleh avoir vu "un objet ressemblant à une grosse pierre. Il n'y a pas prêté attention", mais quelques instants après, il peinait à respirer. Pour véhiculer ces gaz, le régime dispose d'un éventail de possibilités allant de bombes à sous-munitions larguées depuis un aéronef, aux missiles ballistiques Scud, en passant par des roquettes ou même des engins bricolés. Mais, là encore, peu d'informations.
Dernière inconnue : un éventuel programme d'armes biologiques. Le régime syrien a reconnu en 2012 posséder des armes biologiques, mais son programme serait moins avancé que dans le domaine chimique, selon le rapport du Congrès américain. D'après le magazine Foreign Policy, le renseignement américain estime que le programme d'armes biologiques a peut-être "dépassé les stades de la recherche et du développement"', mais la Syrie n'est pas connue pour avoir transformé en arme des "agents biologiques".
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