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Cinq analyses pour comprendre la réélection d'Obama

Les nouveaux "swing states", le vote latino, le boom des idées progressistes... Tour d'horizon des raisons d'une victoire. 

Article rédigé par Marie-Adélaïde Scigacz
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Fraîchement réélu, Barack Obama, arrive au Convention Center de Chicago (Illinois), le 7 novembre 2012.  (JASON REED / REUTERS )

PRESIDENTIELLE AMERICAINE – Les commentateurs avaient parié sur des résultats extrêmement serrés. A l'issue du vote qui renvoie pour quatre ans Barack Obama à la Maison Blanche, fort d'une marge de sécurité d'environ 1,5 million de voix d'avance sur son rival républicain, les médias se sont penchés sur les raisons de la victoire d'Obama.

Enfin, surtout sur les raisons de la défaite de Mitt Romney...

Des bastions républicains devenus des "swing states"

Les résultats ont fourni un instantané du paysage politique du pays. Pour le Washington Post (lien en anglais), qui dresse la liste des enseignements de cette élection, ils confirment aussi la transformation politique de deux Etats de la côte Est. Ils étaient autrefois des bastions républicains, ils sont devenus des "swing states" : "Nous avons attendu quatre ans pour voir si la victoire d'Obama en Caroline du Nord et en Virginie n'étaient que des coups de chance et si ces Etats de tradition républicaine allaient retrouver leurs racines. Cela n'a pas été le cas", écrit le quotidien. 

"Obama a de nouveau remporté la Virginie. Si Romney a récupéré la Caroline du Nord, sa victoire est tellement mince – moins de 100 000 voix d'avance sur un total de 4 millions d'électeurs –" qu'elle fait immanquablement de cet Etat un "swing state" pour 2016, explique le quotidien.

Les votes "jeunes" et "latinos" ne sont pas des mythes 

Pour les commentateurs, l'écrasante victoire d'Obama dans l'électorat latino-américain – 69% des voix contre 29% pour Romney – prouve que les stratèges républicains ont sous-estimé l'importance du vote des minorités, explique le site Politico (lien en anglais). Ils pensaient "que les Blancs représenteraient une partie plus importante de l'électorat, que les Noirs seraient moins mobilisés et que les latinos constitueraient l'enjeu". Une erreur. 

Et pour cause, la communauté latino, en croissance constante, représente déjà 10% de l'électorat total. "Le parti républicain ne peut pas se permettre de perdre 7 voix sur 10 dans la communauté hispanique et espérer avoir une chance en 2016, 2020 et au-delà", prévient le Washington Post, pour qui, d'ici là, le Texas et l'Arizona, deux grands Etats républicains du Sud, "seront devenus des 'swing states'", sous l'impulsion de leur communauté latino.

Quant aux jeunes, ils ont confirmé leur soutien à Obama. "Selon les sondages à la sortie des urnes, les 18-29 ans, qui représentent 18% de l'électorat, ont élu Obama avec 24 points d'avance", indique le Washington Post, qui compare ces chiffres au triomphe de 2008. "Un fois, c'est une anomalie. Deux fois, c'est une réalité électorale", conclut le site, sans savoir si ce succès est attribuable à la personnalité d'Obama ou à un engagement fort en faveur du parti démocrate. 

Les Américains adoptent des idées progressistes 

Pour le site américain Buzzfeed (lien en anglais) qui titre, taquin, sur "le nouveau paradis socialiste des Etats-Unis d'Amérique", cette élection est marquée par la validation de mesures progressistes à l'occasion des autres scrutins organisés mardi. En vrac : l'élection d'une sénatrice homosexuelle, les défaites des républicains Todd Akin et Richard Mourdock (connus pour leurs propos controversés sur le viol), la légalisation de l'usage récréatif de la marijuana dans le Colorado et l'Etat de Washington, ou encore la validation de mesures en faveur du mariage des couples de même sexe dans le Maryland et le Maine... 

L'identification compte plus que l'économie

Pour des éditorialistes du Huffington Post (lien en anglais), "Obama a centré son discours [économique] sur le 'pourquoi', mettant en exergue les valeurs communes et la volonté de s'entraider pour relever la classe moyenne", tandis que Romney a vendu son programme économique en insistant sur le "quoi", soit "une réduction des taxes et de la taille du gouvernement".

Mitt Romney, qui voulait faire de cette élection "un référendum sur la politique de relance de l'économie d'Obama", rappelle le Washington Post, n'a pas réussi à faire valoir son point de vue, malgré la crise qui a marqué le premier mandat du démocrate. "Obama a su faire de l'élection un choix entre quelqu'un qui comprend les électeurs et quelqu'un qui ne les comprend pas". Selon le quotidien, "parmi les électeurs qui disaient vouloir "un président qui se soucie 'des gens comme moi'", 82% choisissaient de faire confiance au président, plutôt que d'élire le milliardaire Romney, l'homme de la gaffe sur "les 47% d'assistés." 

D'ailleurs, pour Timothy Stanley, historien de l'université britannique d'Oxford, sur le site de la chaîne CNN (lien en anglais), "avec un taux de chômage élevé et l'emballement de la dette, nous aurions pu penser que la capacité de Romney à faire de l'argent aurait été un plus. A la place, cela n'a fait qu'accentuer sa différence d'avec le commun des mortels".

"Non seulement les républicains doivent élargir le nombre d'électeurs auxquels ils s'adressent, mais il doivent aussi revoir la manière dont ils s'adressent à eux", estiment par ailleurs les éditorialistes de Politico, lesquels blâment l'équipe de campagne de Mitt Romney. 

Romney a payé son manque de clarté idéologique

Vrai modéré républicain, faux ultraconservateur, Mitt Romney n'a pas su transmettre un message clair aux électeurs, analyse Timothy Stanley. Selon lui, le candidat perdant a payé ses prises de positions idéologiques paradoxales. "En 2012, le défi était de prendre l'agenda du [mouvement ultra-conservateur] Tea Party et de le remodeler pour séduire à la fois la droite et les convertis du centre," écrit l'historien. Un défi que Romney n'a pas su relever, bien qu'"il en était le seul capable". D'ailleurs, "sa personnalité opportunément vague" a en partie motivé son investiture, pense le chercheur, sans lui permettre cependant de remporter l'élection.

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