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Barack Obama est réélu président des Etats-Unis

Le président américain a remporté, mardi 6 novembre, les Etats-clés lui permettant de décrocher la victoire. Barack Obama est arrivé en tête dans au moins quatre d'entre eux, dont l'Ohio.

Article rédigé par Marion Solletty
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
Barack Obama, le 13 septembre 2012 à Golden (Colorado). (BRENDAN SMIALOWSKI / AFP)

PRESIDENTIELLE AMERICAINE – "Four more years ! Four more years !" ("Quatre ans de plus! Quatre ans de plus !") Les militants démocrates peuvent désormais clamer comme une certitude le slogan scandé pendant toute la campagne présidentielle américaine. Mardi 6 novembre, Barack Obama a été réélu pour un second mandat à la tête des Etats-Unis d'Amérique.

Le président démocrate a remporté la quasi-totalité des Etats décisifs, s'imposant dans l'Ohio, la Virginie, la Colorado ou encore la Pennsylvanie. Malgré les apparences, cette élection est pourtant loin d'être un triomphe. Le président n'a qu'une courte avance en nombre de voix selon les résultats provisoires : il a remporté environ 50,2% des voix contre 48,3% à Mitt Romney, soit un écart de 1,9 points (2,5 millions de suffrages). Son avance est inférieure à l'écart de 2,4 points qu'avait obtenu George W. Bush lors de sa réélection en 2004. Surtout, Barack Obama est très loin de son triomphe de 2008, où il avait 8 points d'avance sur son adversaire John McCain.

Retrouvez ici les résultats détaillés de l'élection avec notre carte interactive.

S'il a convaincu les Américains de lui faire à nouveau confiance, c'est au prix d'une bataille marathon livrée pendant la campagne : contre son adversaire, contre une crise qui n'en finit pas et parfois, contre lui-même. Récit d'une reconquête.

2008-2010 : le président de "l'espoir" rattrapé par la réalité

Barack Obama a été élu en 2008 sur une promesse : celle de l'espoir. Quatre ans plus tard, il s'en est fallu de peu pour que cet élan s'achève sur le goût amer de la désillusion. Première responsable : la crise. Elle a obligé le président, avant même son investiture, à revoir l'ordre de ses priorités. De la réforme de Wall Street à la lutte contre le chômage, Barack Obama a eu fort à faire pour maintenir l'économie américaine à flot.

Pendant ce temps-là, les grandes causes progressistes dont le candidat s'étaient fait le champion ont été reléguées au second plan. Certes, le président a concrétisé la promesse la plus symbolique de sa campagne, avec la réforme de l'assurance santé. Mais il ne remporte cette victoire politique majeure qu'au prix d'une bataille législative acharnée, qui laisse le Congrès profondément divisé – et qui lui coûtera sa majorité à la Chambre des représentants, reprise par le parti républicain en 2010.

Encore aujourd'hui, le président peine à défendre cette réforme, qui reste mal comprise par les Américains. D'autres grands sujets de société, comme l'immigration ou l'environnement ont, eux, dû être tout simplement laissé de côté en attendant un contexte plus favorable.

Eté 2012 : un début de campagne dans la disgrâce

Le bât blesse d'autant plus que son bilan économique est loin d'être glorieux. L'équipe du président avait promis de maintenir le chômage sous les 8% : Barack Obama aborde la campagne présidentielle de 2012 avec un taux oscillant entre 8,1 et 8,3%, selon les chiffres officiels du Bureau of Labor Statistics.

Au printemps, une flambée des prix de l'essence s'ajoute à ce contexte économique difficile et plombe le président dans l'opinion publique : moins de la moitié des Américains approuvent son action, un niveau nettement inférieur à celui dont bénéficiaient ses prédécesseurs à la même époque de leur mandat, comme le montre l'institut de sondage Gallup.

Ses opposants fustigent un président qui, selon eux, conduit le pays droit au mur. Et s'en donnent à cœur joie lorsque le président lui-même leur fournit des munitions, comme lors de ce commentaire sur la santé du secteur privé resté dans les annales de la campagne.

Automne 2012 : l'épreuve d'une course très serrée 

Son salut, Barack Obama le doit sans doute en partie à ses adversaires. Les primaires très contestées ont fait des dégâts dans le camp républicain, et obligé Mitt Romney à faire un début de campagne très à droite. Les positions extrêmes de certains républicains sur des sujets comme l'avortement font la une des journaux. Elles n'aident pas à rallier le vote des centristes, objectif crucial de la dernière phase de la campagne.

Mitt Romney s'avère pourtant un adversaire pugnace : début octobre, sa performance dans le premier débat télévisé laisse le président K.O. Au QG de campagne de Barack Obama, on a des sueurs froides en voyant pour la première fois le candidat républicain prendre la tête des sondages à l'échelle nationale.

Mais le président a deux atouts dans sa manche. Le premier, de fond : malgré toutes ses déconvenues, il n'a jamais perdu une grande partie du terrain conquis en 2008 dans les fameux swing states, ces Etats très disputés qui font basculer l'élection. Un avantage qu'il doit d'une part à une évolution démographique qui lui est favorable, et d'autre part à un travail de terrain minutieux, qui a consolidé les bases posées quatre ans auparavant. 

2008-2012 : le charisme, son arme fatale 

Son second point fort tient à la personnalité du président lui-même. Derrière sa mine grave des mauvais jours et les cheveux blancs apparus au fil des mois, le charisme éclatant qui a marqué les élections de 2008 est toujours là. Son humour fait mouche lors des dîners mondains auprès des donateurs et, dans les meetings populaires, le président sait offrir un visage "propre" qui plaît à la foule. 

Comme l'a résumé le stratège Stuart Spencer, pourtant républicain, pour le site RealClearPolitics : "Beaucoup de gens pensent qu'Obama n'a pas été à la hauteur, mais ils continuent de bien l'aimer. Je préférerais partager une bière avec lui qu'avec Mitt Romney. Pas vous ?"  Une caractéristique qui explique le niveau élevé de sa popularité personnelle, suivie par Gallup.

Alors c'est vrai, Barack Obama n'est plus l'icône qu'il était il y a quatre ans. Mais il a gagné en échange en maturité : sa stature, devenue présidentielle, lui a permis de redresser la barre face à un Romney conquérant lors des dernières semaines de la campagne. Et peut-être à ramener à lui quelques électeurs indécis. Mardi soir, ils ont choisi d'offrir une seconde chance à celui qui les avait tant fait rêver quatre ans plus tôt.

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