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Débat sur la politique étrangère : Obama capitalise sur son expérience face à Romney

Le président en exercice, fort de quatre années à la Maison Blanche, a sévèrement attaqué la crédibilité de son adversaire, moins à l'aise lors de ce dernier round que lors des deux premiers débats.

Article rédigé par Marion Solletty
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Mitt Romney et Barack Obama lors du débat sur la politique étrangère à Boca Raton, en Floride (Etats-Unis), le 22 octobre 2012. (RICK WILKING / REUTERS)

PRESIDENTIELLE AMERICAINE - Du nucléaire iranien à la guerre en Afghanistan, les sujets sensibles ne manquaient pas lundi 22 octobre (mardi 23 octobre à 3 heures du matin, heure française) pour le dernier débat de la présidentielle américaine, consacré à la politique étrangère. Mitt Romney et Barack Obama se sont affrontés à Boca Raton, en Floride, lors d'un débat arbitré par le présentateur de CBS Bob Schieffer. FTVi vous résume ce qu'il faut retenir du débat, que vous pouvez revivre minute par minute sur notre site

Les sujets du jour

Les candidats ont été interrogés successivement sur tous les dossiers clés pour la Maison Blanche. L'occasion, pour une fois, de souligner un certain nombre de points d'accord. Mitt Romney et Barack Obama ont tous deux défendu le soutien à l'opposition syrienne plutôt qu'une intervention directe contre Bachar Al-Assad, souligné l'importance du Pakistan dans le dossier afghan et mis en avant la nécessité absolue d'empêcher l'Iran d'acquérir l'arme nucléaire.

Les vraies différences se sont faites sentir lorsque la conversation a pris un tour plus idéologique que pratique. Mitt Romney a accusé Barack Obama de saper la puissance américaine sur le long terme en adoptant une attitude de repentir constant : le candidat républicain a évoqué "l'apology tour", surnom donné par les conservateurs à la tournée dans le monde arabe du président américain au début de son mandat. Il a défendu l'idée d'"une Amérique forte", seule capable de défendre la paix dans le monde.

Barack Obama a de son côté sévèrement remis en question la crédibilité de Mitt Romney en termes de politique étrangère : "Le problème, gouverneur, c'est que sur tout un tas de sujets, que ce soit l'Irak, l'Iran ou l'Afghanistan, vous avez eu toutes les positions et leur contraire !"

La meilleure réplique d'Obama

Le président en exercice a lâché plusieurs attaques cinglantes à l'encontre de son adversaire, notamment lors de la discussion sur le rôle de la Chine. Après une longue tirade de Mitt Romney dénonçant certaines pratiques industrielles déloyales de la Chine, Barack Obama a lancé que son rival "connaissait certes bien les délocalisations, puisqu'[il] avait investi dans des entreprises qui délocalisaient en Chine" par le passé.

Le démocrate a rappelé au passage l'opposition de Romney au sauvetage de l'industrie automobile frappée par la crise, fin 2008. "Si nous avions suivi vos conseils sur notre industrie automobile, gouverneur Romney, nous achèterions aujourd'hui des voitures à la Chine au lieu de lui en vendre !" Un rappel qui risque de jouer contre Mitt Romney dans un Etat comme l'Ohio, siège de plusieurs usines automobiles et crucial dans l'élection.

La meilleure réplique de Romney

Sur le fond, la meilleure attaque de Mitt Romney est celle portée contre le bilan du président dans le monde arabe, où les Etats-Unis font toujours face à une grande hostilité.

"Ce que nous voyons, c'est un effondrement dramatique des espoirs que nous pouvions entretenir dans cette région", a affirmé le républicain. "Bien sûr, la plus grande menace est celle de l'Iran, qui a gagné quatre ans dans sa course à l'arme nucléaire. Je félicite le président pour avoir mis hors d'état de nuire Oussama Ben Laden (...) mais ce type d'action ne pourra suffire pour résoudre le fond du problème."

Sur la forme, sa meilleure petite phrase a sans doute été le rappel d'une gaffe du président, qui avait oublié de couper son micro lors d'une rencontre avec l'ex-président russe Dmitri Medvedev. Barack Obama avait expliqué, entendu de tous, "qu'il aurait plus de flexibilité après les élections". Mitt Romney n'a pas manqué de le rappeler : "S'agissant de la Russie ou de monsieur Poutine, c'est sûr que moi je ne lui dirai pas 'je vous donnerai plus de flexibilité après l'élection' !" 

Le vainqueur du jour

C'était attendu : Barack Obama, fort de quatre ans d'expérience aux côtés des dirigeants du monde entier, a bénéficié d'un net avantage pour cet opus.

Inversant les rôles, le président a attaqué à de nombreuses reprises Mitt Romney sur ses positions passées mais aussi, lorsque l'occasion s'est présentée, sur son bilan comme gouverneur du Massachusetts. Barack Obama semblait plus sûr de lui que lors des précédents débats, et il a réaffirmé sa stature de "commander-in-chief" (chef des armées américaines).

Sans être écrasé, Mitt Romney n'a guère marqué de points lors de ce débat, où Barack Obama l'a accusé d'avoir une politique étrangère "tout droit sortie des années 1980". Selon un sondage CNN réalisé à chaud, 48% des sondés estiment que le président est sorti vainqueur de l'échange, contre 40% pour Mitt Romney.

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