Cinq piratages commis au nom de l'Etat islamique depuis janvier 2015
La plupart de ces attaques de médias ou de réseaux sociaux sont perpétrées par le groupe "CyberCaliphate".
Du jamais-vu sur la chaîne publique francophone internationale. TV5 Monde a été victime, mercredi 8 avril à partir de 22 heures, d'une importante attaque informatique menée par des individus se revendiquant de l'organisation Etat islamique (EI).
C'est la première fois qu'une antenne de télévision est prise pour cible par des pirates se disant islamistes, au point que TV5 Monde a dû suspendre toutes ses émissions, avant une reprise progressive, sur certaines zones, jeudi. En revanche, plusieurs piratages informatiques ont déjà eu lieu au nom de l'Etat islamique depuis janvier. Francetv info récapitule :
12 janvier 2015 : un compte Twitter de l'armée américaine détourné
Un groupe se réclamant de l'Etat islamique (EI) prend possession, lundi 12 janvier, du compte Twitter du commandement de l'armée américaine au Moyen-Orient et en Asie centrale (US Central Command, CentCom).
Le groupe de hackers, baptisé CyberCaliphate, a le temps de changer les photos des deux comptes pour les remplacer par les portraits d'un combattant au visage couvert d'un keffieh. Il rédige plusieurs tweets via le compte du CentCom : "Soldats américains, nous arrivons, soyez sur vos gardes", signé "Isis", l'acronyme en anglais de l'organisation jihadiste Etat islamique, ou encore "l'EI est déjà là, nous sommes dans vos PC, dans chaque base militaire américaine". Un message accompagné d'une photo de soldats américains dans un bureau sur un terrain d'opération.
Le Pentagone confirme l'information et suspend son compte Twitter, avant d'en reprendre le contrôle, mais les pirates ont eu le temps de diffuser des documents de l'armée américaine, présentés comme confidentiels : des listes de noms et d'adresses d'officiers américains, parmi lesquels des généraux, ont ainsi été diffusées.
Un responsable du Pentagone assure ensuite à la chaîne américaine CNBC que ce piratage ne représente "pas une menace pour la sécurité" des Etats-Unis. Il affirme en effet que les documents ne comportent aucune information classifiée "secret défense".
15 Janvier 2015 : 20 000 sites web ciblés
Le jeudi 15 janvier, une semaine après les attentats sanglants perpétrés en France par les frères Kouachi et Amedy Coulibaly, se déroule une attaque massive contre de nombreux sites internet français. Beaucoup affichent sur leur page d'accueil un message de propagande islamiste.
Plus de 20 000 sites web sont ciblés, selon France 3.
"Plus de 1 300 attaques ont été revendiquées par des équipes [de] hackers se revendiquant d'organisations islamistes" radicales, précise, lundi 19 janvier, le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve. Un certain nombre se revendique du "Cybercalifat".
10 février 2015 : le compte Twitter de "Newsweek" piraté
Le 10 février 2015, des pirates se revendiquant de l'Etat islamique prennent le contrôle du compte Twitter de l'hebdomadaire américain Newsweek, aux alentours de 16h45. Ils y postent, relate Le Monde, une dizaine de messages prodjihadistes.
"Durant quinze minutes, rapporte Le Monde, les hackers ont eu le temps de diffuser des messages renvoyant à une vidéo de soutien à l'Etat islamique d'Afghanistan (référence au territoire contrôlé par les talibans de 1996 à 2001), ainsi qu'à un site de propagande revendiquant le 'cyberdjihad' contre le système de sécurité informatique des Etats-Unis."
Newsweek reprend possession de son compte vers 17 heures et efface les messages jihadistes. L'action est revendiquée par le groupe CyberCaliphate. Les pirates, précise Libération, "postent le message 'Je suIS IS', l’acronyme anglais de l’EI, en référence au slogan 'Je suis Charlie' né après l’attentat à Paris contre l’hebdomadaire satirique français, début janvier."
Les hackers menacent aussi le couple Obama : "Sanglante St-Valentin #Michelle Obama ! Nous vous surveillons, vos filles et votre mari !"
7 mars 2015 : le drapeau de Daech s'affiche sur le site Vélib
Le 7 mars 2015 en soirée, le drapeau de Daech s'affiche à la une du Mag du site Vélib, comme en rend compte, sur Twitter, l'avocat qui a pris pour pseudonyme Maître Eolas.
Le site @Velib piraté par DAECH pic.twitter.com/B5e678BTL4
— Maitre Eolas ✏️ (@Maitre_Eolas) 7 Mars 2015
Sur la page principale d'un des sites dédiés aux vélos parisiens loués par la mairie de Paris apparaît, sur fond noir, l'emblème du groupe islamiste et l'inscription "hacked by Islamic state (ISIS) We are everywhere" (en français : "piraté par l'Etat islamique, nous sommes partout"), rapporte France 3 Paris Ile-de-France.
Géré par Decaux et la mairie de Paris, Vélib assure sur son compte Twitter : "Nos entreprises interviennent en ce moment pour remettre le blog vélib' dans son état initial. #NousSommesCharlie#"
8 avril 2015 : des pirates prennent possession du compte Facebook de TV5Monde
Inédit : les pirates se revendiquant de l'Etat islamique attaquent non seulement les réseaux, mais aussi l'antenne d'une chaîne de télévision. La chaîne publique francophone internationale TV5Monde subit une importante attaque informatique, menée par des individus se revendiquant de l'organisation Etat islamique (EI).
Le site et les antennes de TV5MONDE subissent en ce moment une attaque pirate de grande envergure. Nos équipes sont sur le pont. A bientôt.
— TV5MONDE (@TV5MONDE) 8 Avril 2015
Les pirates postent sur le compte Facebook de TV5 Monde des documents présentés comme des pièces d'identité et des CV de proches de militaires français impliqués dans les opérations contre l'EI. Ils joignent des messages d'accompagnement à ces documents. "Soldats de France, tenez-vous à l'écart de l'Etat islamique ! Vous avez la chance de sauver vos familles, profitez-en", pouvait-on lire. "Au nom d'Allah le tout Clément, le très Miséricordieux, le CyberCaliphate continue à mener son cyberjihad contre les ennemis de l'Etat islamique".
La directrice du numérique de TV5 Monde, Hélène Zemmour, évoque une "attaque historique, jamais vue en trente ans". Trois ministres se rendent sur place pour prouver la mobilisation gouvernementale contre le "cyberjihadisme" : Laurent Fabius (Affaires étrangères), Fleur Pellerin (Culture et Communication) et Bernard Cazeneuve (Intérieur). Celui-ci promet "un renforcement des moyens". "Sur le plan humain, judiciaire, technologique, la mobilisation est totale."
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