Cet article date de plus de douze ans.

Cinq raisons de s'inquiéter pour Mitt Romney

Images volées sorties inopinément dans la presse, sondages moroses, alliés prêts à le lâcher... La campagne du candidat républicain bat de l'aile. 

Article rédigé par Marion Solletty
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Le candidat républicain Mitt Romney salue des scouts à sa descente de l'avion, le 18 septembre 2012 à Salt Lake City, dans l'Utah (Etats-Unis). (JIM YOUNG / REUTERS)

PRESIDENTIELLE AMERICAINE - Pour Mitt Romney, le mois de septembre devait être celui de la folle ascension vers la phase finale de la campagne présidentielle, dans la foulée de la convention républicaine. Au lieu de cela, le rival de Barack Obama est en mauvaise posture. Images volées nuisant à son image, sondages en berne, situation financière dégradée... FTVi liste les cinq points où ça fait mal pour le candidat républicain.

Une série de couacs

Fatigue accumulée ? Fébrilité de la dernière ligne droite ? Depuis quelques jours, Mitt Romney enchaîne les faux pas. La série noire commence dimanche 9 septembre : invité de "Meet The Press", sur la chaîne NBC, le candidat explique qu'"il ne reviendra pas sur toute la réforme du système de santé" mise en place par Obama et qu'elle contient "un certain nombre de points qu'il approuve"

Une hérésie totale pour la base du parti, qui a en horreur  "Obamacare" – le surnom donné à la loi. Quelques heures après, l'équipe de campagne de Romney rectifie le tir mais trop tard : les médias américain, à l'instar du Daily Beast, pointent du doigt un message "brouillé". Deux jours plus tard, nouvelle erreur d'appréciation : le candidat réagit de manière précipitée aux émeutes en Libye et en Egypte, qui ont coûté la vie à quatre Américains, et assiste impuissant à la reprise en main impeccable de son rival. 

La publication, lundi 17 septembre, d'une vidéo clandestine, où le candidat prend de haut la moitié de son électorat, est le coup de grâce. Certes, la fuite des images dans la presse n'était pas de son ressort. Mais la réaction de son équipe, qui a convoqué  en catastrophe une conférence de presse lundi soir alors que la vidéo tournait depuis plusieurs semaines dans les rédactions, n'a pas été à la hauteur du potentiel de nuisance de l'affaire. 

Des flottements dans la stratégie

Jusqu'ici, la ligne directrice de la campagne Romney était claire : concentrer le débat sur l'économie, et faire de l'élection un référendum sur le bilan négatif d'Obama en la matière. 

Mais le 17 septembre, en plein "videogate", son équipe directrice annonce un brutal changement de stratégie : le candidat a décidé d'adopter une perspective plus large, explique à Politico son stratège en chef, Stuart Stevens, de plus en plus contesté. Il s'agit désormais de présenter aux électeurs un choix entre "le statu quo et le changement", "sur tous les fronts".

Dans son camp, ce changement de cap laisse perplexe. Beaucoup pensent que l'économie représente le meilleur angle d'attaques pour Romney, auréolé de son passé d'ex-businessman. "Mitt Romney a suffisamment de temps devant lui pour conclure l'affaire [par une victoire]. Mais il ne pourra pas le faire en s'appuyant sur un message de campagne schizophrénique", résume le blogueur conservateur Erick Erickson.

Mitt Romney prononce un discours à Los Angeles le 17 septembre 2012. (NICHOLAS KAMM / AFP)

Des sondages inquiétants

Ces errements au plus haut niveau de la campagne inquiètent d'autant plus les ténors du parti que les derniers sondages ne sont pas bons. Après le léger rebond lié à la convention républicaine, Barack Obama a rapidement reconstruit son avance sur son rival : il rassemble 48% des intentions de vote en moyenne contre 45,4% pour Mitt Romney dans les derniers sondages compilés par RealClearPolitics.

Dans les "Swing States", cette poignée d'Etats décisifs dans l'élection, la situation n'est guère plus brillante, avec un écart similaire. Celui-ci semble même se creuser dans certains Etats comme la Virginie, considérée comme clé pour Mitt Romney. Obama y est crédité de 8 points d'avance dans un sondage du Washington Post daté du mardi 18 septembre.

Des troupes prêtes à se débiner

L'heure n'est pas encore à la panique, mais dans le camp républicain, on surveille attentivement la situation. La Maison Blanche n'est pas le seul enjeu de l'élection : à travers tout le pays, la bataille pour le Congrès fait rage. Les républicains entendent bien conserver leur majorité à la Chambre des représentants et espèrent encore pouvoir reconquérir le Sénat.

Les candidats en position délicate n'entendent pas se laisser entraîner par le fond. "Mitt Romney va devoir garder un œil sur Capitol Hill (le siège du Congrès américain), parce que les parlementaires sont toujours les premiers rats à quitter le navire", lâche sous condition d'anonymat un vieux routier du parti au Washington Post.

Si sa position est jugée trop mauvaise passé un certain point, Romney pourrait voir son parti rediriger brutalement ses ressources vers les candidats aux législatives. "Personne ne veut en arriver là, explique un autre républicain à Politico, mais il faut bien avoir un plan B."

Une avance financière qui se réduit

Pour muscler sa campagne, le candidat a toujours pu compter sur des ressources financières importantes. Mais là aussi, sa position est fragile. En août, la campagne de Barack Obama a pour la première fois depuis trois mois surpassé celle de son adversaire en levée de fonds, même si c'était de peu. 

A la fin du mois, Mitt Romney a même dû emprunter 20 millions de dollars pour tenir jusqu'à la convention, pour des raisons réglementaires il est vrai : jusqu'à sa nomination officielle par la parti, le candidat n'avait le droit d'utiliser que les fonds levés au titre de la campagne des primaires. 

A ce jour, le candidat républicain conserve selon le décompte du New York Times plus de 60 millions de dollars (46 millions d'euros) d'avance sur le président démocrate. De l'argent frais dont il aura bien besoin pour inverser la tendance.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.