Civilisations : Guéant se justifie en Martinique
En visite aux Antilles, le ministre de l'Intérieur est arrivé sans heurt mais les élus de gauche ont refusé de le rencontrer suite à ses propos controversés sur les civilisations.
Une visite sous tension pour le ministre de l'Intérieur aux Antilles. Claude Guéant est arrivé samedi 11 février dans la soirée sans heurt en Martinique. Toutefois, cette visite démarre par un refus de la plupart des élus de le rencontrer, après la polémique née de ses propos sur les civilisations.
Claude Guéant a atterri à Fort-de-France à 20 heures, attendu par une cinquantaine de manifestants cantonnés sur le rond-point d'entrée de l'aéroport Aimé-Césaire. Ces derniers brandissaient des pancartes où l'on pouvait lire "les civilisations se valent, c'est le racisme qui ne vaut rien", "raciste dehors, Guéant dégage". Ils ont brièvement hué le cortège ministériel à son passage.
Les élus de gauche boudent le ministre
Le ministre a ensuite rencontré à huis clos et de manière informelle sept élus et responsables locaux UMP, avant d'aller saluer les équipes de nuit de la police nationale, dans l'Hôtel de police du centre ville, vétuste, dont il a promis la réfection.
Une rencontre avec les élus des collectivités étaient initialement prévue mais les élus de gauche ont tous décliné son invitation, Serge Letchimy en tête. Le député du Parti progressiste martiniquais (apparenté PS) et président de la région Martinique a suscité un tollé mardi dernier à l'Assemblée nationale en évoquant, à propos des déclarations de Claude Guéant sur la hiérarchie des civilisations, les camps de concentration et le régime nazi. Le ministre a regretté que les élus aient "failli à la tradition de courtoisie républicaine" d'accueil d'un ministre de la République tout en ajoutant : "c'est leur affaire".
Des propos "déformés"
Interrogé sur l'émoi qu'ont suscité ses déclarations, Claude Guéant a affirmé que si les Antillais avaient pu être "blessés, c'est parce que mes propos ont été déformés et manipulés". "Certains aiment bien manipuler les choses, aiment bien faire de la politique", a-t-il ajouté, insistant sur le fait que "ce que j'ai dit ne peut en aucune façon blesser quiconque".
"On a voulu interpréter le terme de civilisation pour laisser entendre que j'avalisais la totalité de notre histoire", a-t-il dénoncé. "Je sais bien que les Antillais ont dans leur mémoire collective la douleur de l'esclavage, et cette douleur, la France la comprend. La France a condamné de façon extrêmement claire l'esclavage, cela fait partie d'un passé qui nous fait honte".
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