Clément Méric : les différents scénarios de l'agression
Au lendemain de la mort du jeune militant antifasciste, des suites de ses blessures, les circonstances de l'altercation mortelle restent floues.
Que s'est-il exactement passé mercredi 5 juin, dans le quartier de la gare Saint-Lazare, avant que la tête de Clément Méric heurte le béton ? Comment la "rencontre fortuite", comme l'a qualifiée Manuel Valls, entre un groupe de militants antifascistes et un groupe d'extrême droite a-t-elle dégénéré ?
Tout débute dans un immeuble du 60 rue de Caumartin, dans le 9e arrondissement de Paris. Une vente de vêtements de marques, dont Fred Perry ou encore American Vintage, y est organisée. Les deux groupes s'y croisent donc par hasard. Mais les zones d'ombre persistent, vendredi 7 juin, sur le point de départ de la violente altercation qui a coûté la vie au militant antifasciste de 18 ans. Francetv info se penche sur les versions des uns et des autres.
1Les skins "se sont jetés sur nous"
Contacté par Libération.fr (accès abonnés), un des amis de Clément Méric, présent sur les lieux au début de la vente, raconte la scène dans un e-mail publié par le journal. Il explique : "Un des vigiles est venu nous voir pour nous demander de ne pas déclencher de bagarre devant le magasin. Nous lui avons promis que nous ne comptions pas nous battre." Pas un mot sur d'éventuelles provocations de la part de son groupe.
A la sortie de l'immeuble, "cinq skins se sont dirigés vers nous, assure-t-il. Ils nous ont encerclés, ont sorti des coups de poings américains et se sont jetés sur nous." L'attaque surprend le groupe des quatre "antifas". "Clément a été touché au visage par un coup-de-poing américain. Nous avons finalement réussi à les faire fuir, mais trop tard, [il] est mort sur le coup."
2 Les "antifas" ont "promis de massacrer" les skins
Ce n'est pas du tout ce qu'assure Serge Ayoub, le leader des Jeunesses nationalistes révolutionnaires (JNR), groupe skin mis en cause dans la bagarre. Sur France Info, il a démenti jeudi matin toute implication de ce groupe. Et estime même que les jeunes gens d'extrême droite présents sur les lieux ont "en réalité été victimes d'une agression", rapporte Le Point.fr.
Interrogé par l'AFP, Serge Ayoub a encore détaillé sa version des faits, elle-même rapportée d'une autre personne. Selon lui, ce sont "des jeunes qui ont le malheur d'avoir les cheveux trop courts et une marque de blouson qui déplaît à d'autres". Résultat : "Ils ont été pris à partie par cinq militants d'extrême gauche qui leur ont promis de les massacrer à la sortie. Le service d'ordre de la vente privée en a été témoin. Il a proposé à ces trois jeunes plus la gamine d'attendre."
Toujours d'après Serge Ayoub, les militants de gauche "les attendaient encore [à la sortie]. A ce moment-là, il y a eu un échange de coups et [Clément Méric] est mal tombé". Une version également défendue par les sept suspects placés en garde à vue jeudi soir. Selon Libération, ils ont expliqué aux policiers que "ce sont les anti qui les ont provoqués puis que la bagarre dehors a mal tourné".
3Des provocations d'un côté, des coups de l'autre
Les policiers tentent donc de démêler le vrai du faux entre ces différents scénarios, et se basent pour cela sur les témoignages des passants qui ont assisté à la scène. Un enquêteur de la police judiciaire de Paris résume dans Libération : "Verbalement, c'est le groupe d’extrême gauche qui a été le plus vindicatif à l'intérieur de la salle des ventes mais, physiquement, c'est la bande d'extrême droite qui a été la plus virulente à l'extérieur."
Ce sont les jeunes d’extrême gauche qui auraient "commencé à chambrer" les autres. Les témoignages des clients et vigiles, recueillis par les enquêteurs, disent tous que Clément Méric aurait été "le plus provocateur et insultant", traitant les skinheads de "fachos". C'est aussi ce que rapporte un homme, témoin du début de l'altercation et interrogé par France 2. Filmé de manière anonyme, il raconte : "J'ai vu un petit jeune provoquer un petit peu un autre, qui ressemblait à un skinhead et qui avait l'air de lui dire, avec un geste de la main, 'tranquille, tranquille'..."
Selon Le Point, qui cite des témoins, trois skins et la jeune fille les accompagnant auraient alerté un vigile de la tension. Celui-ci serait sorti pour calmer le jeu, avant de remonter dans l'immeuble. Reste que, selon les policiers, le groupe de skins a appelé "des renforts". Les témoignages de la fin de la bagarre semblent concorder. Selon l'un d'eux, repris par l'AFP, "les jeunes au crâne rasé [qui] semblaient partir, sont revenus et soudain un coup de poing est parti". Clément Méric aurait alors heurté un poteau avant de tomber sur le sol, inanimé, comme l'explique une autre témoin de la scène, qui lui a porté secours.
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