Comme les entrepreneurs, les médecins refusent d'être pris pour des "Pigeons"
Depuis dimanche, certains se regroupent sous le terme de "Pigeons" pour peser dans les négociations sur le budget 2013 de la sécurité sociale.
ECONOMIE - Les médecins ne veulent pas être plumés. Comme les entrepreneurs "pigeons" avant eux, des médecins en colère utilisent Facebook pour tenter de faire plier le gouvernement, alors qu'était présenté, mercredi 10 octobre en Conseil des ministres, le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2013. Ce dernier prévoit 5 milliards d'euros de ressources nouvelles et plus de 2 milliards d'économies pour contribuer à l'objectif général de réduction des déficits.
Comme pour les patrons de start-up, le mouvement grossit d'heures en heures sur le réseau social, dépassant désormais les 20 000 membres sur la page Facebook. FTVi revient sur cette nuée de médecins-pigeons qui fond le gouvernement.
Qui sont-ils ?
A l'origine, le mouvement a été lancé sur Facebook par Philippe Letertre, un chirurgien esthétique niçois. "Après le mouvement des entrepreneurs, je comptais créer un petit rassemblement d’une quinzaine de médecins du secteur II ", confie le docteur au Quotidien du médecin. Mais rapidement, "des spécialistes d'autres secteurs et de tous milieux" ont rejoint le mouvement, explique-t-il à France 2.
Sur le mur Facebook, les témoignages s'accumulent, et certains annoncent même la création d'autres groupes dans la même veine, comme ici avec les chirurgiens-dentistes.
Que dénoncent-ils ?
Au départ, le mouvement portait sur six principales revendications : "Pour une médecine de valeur à sa juste valeur, pour revaloriser le secteur I et le secteur II, pour la liberté d'installation des jeunes médecins, contre l'application abusive de la TVA sur des actes thérapeutiques, le médecin est aussi un entrepreneur, pour une unité des médecins de France publics et libéraux", rapporte ainsi France Info.
Le timing de cette mobilisation n'est pas dû au hasard. Le mouvement vise à peser sur les négociations conventionnelles qui ont lieu en ce moment sur l'encadrement des dépassements d'honoraires. Les médecins demandent notamment une revalorisation du secteur I (qui correspond au tarif qui sert de base au remboursement de la Sécu, par exemple 23 euros chez un généraliste), mais aussi du secteur II à honoraires libres. Ce dernier secteur est dans la ligne de mire du gouvernement. "Je veux créer un nombre, apporter un poids pour que les syndicats s'appuient sur ce chiffre pour négocier", précise Philippe Letertre au Quotidien du médecin. De plus, depuis le 1er octobre, les actes de chirurgie esthétique non thérapeutiques sont frappés par la TVA à 19,6%. D'où le ras-le-bol du chirurgien plastique niçois.
Depuis, le spectre de la contestation s'est élargi. Certains déplorent ainsi que le tarif d'une consultation soit bien moins élevé qu'une coupe de cheveux chez le coiffeur, ou critiquent "la non-considération des mutuelles, la retraite qui diminuerait avec le temps, la non-représentativité des syndicats", note le Huffington Post.
Avec ces revendications, une lettre type à l'intention notamment de François Hollande circule sur le réseau social et invite les médecins à faire part de leur intention de se déconventionner, c'est-à-dire de fixer leurs honoraires librement, rapporte le Quotidien du médecin. Une pétition a également été lancée en ligne pour soutenir "le groupe de la médecine unie, la liberté d'honoraires et d'installation".
Sont-ils représentatifs ?
Malgré l'engouement sur le web, la ministre de la Santé, Marisol Touraine, s'est dite mercredi 10 octobre "pas certaine" que le mouvement des "médecins-pigeons" soit "très représentatif". "L'accès aux soins est un enjeu majeur et honnêtement, je ne suis pas certaine que ce mouvement, qui est parti d'une volonté de défense de certains chirurgiens esthétiques, soit très représentatif de la majorité du milieu médical", a-t-elle jugé, répétant une nouvelle fois, "qu'il y a[vait] dans notre pays des dépassements d'honoraires qui n'[étaient] plus acceptables".
Certains syndicats de professionnels s'inquiètent du côté fourre-tout du mouvement. Parmi tous les messages postés sur la page Facebook des "médecins-pigeons", certains sont l'œuvre d'opportunistes, selon Julien-François Lenglet, du syndicat des internes des hôpitaux de Paris. Les syndicalistes craignent que le message qu'ils souhaitent faire passer lors des négociations avec le gouvernement soit ainsi brouillé.
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