Coupe du monde 2022 : pourquoi le match entre la Serbie et la Suisse est politiquement risqué
Après une polémique suite à des célébrations de buts à connotation politique lors de la précédente Coupe du monde en 2018, l'équipe de Suisse retrouve la Serbie ce soir à 20h.
Ce n’est pas forcément le match le plus attendu de la Coupe du monde au Qatar, mais Serbie-Suisse, vendredi 2 décembre, est sans doute l'un des plus politiques. Cela tient aux liens que ces deux pays entretiennent avec le Kosovo, pays d’où sont originaires plusieurs joueurs suisses et dont la Serbie nie l’indépendance.
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La "Nati", comme on appelle l'équipe nationale en Suisse, c’est "multiculti", multiculturel. Une bonne moitié des joueurs suisses est d’origine étrangère ou possède des doubles nationalités. Et parle plusieurs langues. C’est la conséquence de plusieurs vagues d’immigration en Suisse. Il y a d’abord eu des Italiens ou des Portugais. Puis des Turcs, comme l’entraîneur Murat Yakin. Et donc plusieurs joueurs originaires des Balkans : leurs parents ont fui cette zone de l’ex-Yougoslavie lors de l’éclatement du pays et des multiples guerres qui ont suivi dans les années 80 et 90. Et ce sont les stars de l’équipe : Haris Seferovic, venu de l’actuelle Bosnie. Granit Xhaka et surtout Xherdan Shaqiri, tous deux Albanais du Kosovo. L’attaquant Shaqiri, ancien joueur du Bayern Munich et de Liverpool, joue désormais aux Etats-Unis. A 31 ans, c’est déjà presque un vétéran.
C'est à cause de ces joueurs kosovars que le match contre la Serbie possède une vraie dimension politique. Le Kosovo, ce petit territoire de 10 000 km2 et 1,5 million d’habitants, reste un sujet de contentieux international. Le pays, qui a proclamé son indépendance en 2008, est reconnu par 33 pays européens sur 44 mais n’est pas reconnu par l’ONU. Et certainement pas par la Serbie, son grand voisin du Nord. Parce que le Kosovo possède une importante minorité serbe, autour de Mitrovica.
D’ailleurs, lors des premiers matches de la Serbie lors de cette Coupe du monde 2022, un drapeau serbe a été vu dans les vestiaires qui intègre le Kosovo dans la Serbie.
En face la Suisse, non seulement a accueilli des footballeurs kosovars, mais elle a plus globalement accueilli près de 200 000 réfugiés kosovars, c’est considérable. Elle a aussi soutenu politiquement l’indépendance du Kosovo quasiment depuis le début. Soutien économique et financier également.
Un précédent tendu à la Coupe du monde 2018
Et le comble, c'est qu'il y a déjà eu un Suisse-Serbie il y a quatre ans lors de la Coupe du monde en Russie. La Suisse avait gagné grâce des buts de ses joueurs kosovars qui avaient célébré leurs buts en mimant le symbole de l’Albanie, l’aigle. Ce qui avait déclenché un tollé en Serbie.
Le football a joué comme facteur d’intégration dans la société suisse. L’université suisse de Berne a publié une étude très intéressante sur le sujet. Sur les 1 400 clubs de football que compte la Fédération suisse, on recense près de 180 nationalités différentes, presque toute la planète. Un joueur sur trois possède une origine étrangère. En fait, les populations immigrées, quand elles arrivent en Suisse, choisissent souvent le football pour leurs enfants, plus facile d’accès, moins cher que les autres sports nationaux en Suisse, comme le ski ou le hockey.
Et le football va jouer un rôle dans l’insertion sociale, pour apprendre la langue, pour se faire des amis, parfois pour trouver un travail. Cela n’empêche pas la discrimination dans certains clubs mais globalement c’est un facteur d’intégration. D’ailleurs, il a une vague d’immigration encore plus récente que celle des Balkans, avec plusieurs joueurs venus d’Afrique : Manuel Akanji et Noah Okafor, d’origine nigériane ; Djibril Sow d’origine sénégalaise ; Breel Embolo d’origine camerounaise – il a d’ailleurs marqué contre son pays d’origine, le Cameroun la semaine dernière.
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