France-Maroc : Sofyan Amrabat, le cœur et le poumon des Lions de l'Atlas
Arrivé fin août au poste de sélectionneur, Walid Regragui est allé à l’essentiel pour faire du Maroc une équipe capable d’atteindre les demi-finales de la Coupe du monde. Un collectif fort et rodé avec un état d’esprit irréprochable forment les ingrédients de la réussite marocaine. Sans oublier un leader au cœur du milieu de terrain de cette équipe : Sofyan Amrabat. Ce dernier sera l’une des clés de la demi-finale du Mondial entre les Lions de l’Atlas et les Bleus, mercredi 14 décembre.
En confiant ce rôle à Sofyan Amrabat, Walid Regragui ne s’est pas trompé. "Je lui ai dit : 'Ma Coupe du monde va dépendre de toi'", expliquait le sélectionneur après la victoire contre la Belgique (2-0), à propos d’un voyage à Florence fin octobre pour aller observer le joueur de la Fiorentina. "Je suis resté trois jours sur place pour échanger et prendre du temps avec lui, car je trouvais qu’il devait améliorer quelques petits trucs dans son jeu."
Lors de cette Coupe du monde, le numéro 4 marocain a fait mieux que ça. Il s’est imposé comme l’un des meilleurs joueurs du Mondial et comme le patron des Lions de l’Atlas sans porter le brassard de capitaine. En dehors du rectangle vert, le joueur de 26 ans est "assez réservé. En revanche, il est un exemple sur le terrain. C’est un soldat qui se bat pour ses amis et pour l’équipe", explique Khalil Haddad, journaliste marocain qui ne s’attendait pas à rester aussi longtemps à Doha.
"Une pièce maîtresse de cette équipe"
Né aux Pays-Bas, Sofyan Amrabat a découvert la sélection en mars 2017, à 20 ans. Il profite alors de la présence de son grand frère, Nordin (64 sélections entre 2011 et 2019), pour s’intégrer plus facilement. "Nordin a surtout joué un rôle dans le fait que Sofyan choisisse de jouer pour le Maroc plutôt que pour les Pays-Bas", rappelle Khalil Haddad. Le premier à le retenir en sélection ? Hervé Renard, qui fait de lui un remplaçant pendant la Coupe du monde 2018 et qui continue de suivre attentivement son évolution.
"Si le Maroc est très compact, resserre bien ses lignes, c’est parce que c’est lui qui mène tout ça par la voix, par sa détermination. C’est une pièce maîtresse de cette équipe du Maroc", analyse le sélectionneur de l’Arabie saoudite, qui ajoute : "Quand il a débuté avec nous, il a commencé à progresser mais il lui fallait perdre moins de ballons. Il faut qu’il joue simple et Walid a certainement dû lui dire".
Le sélectionneur marocain lui a fait comprendre lors de son déplacement à Florence. Depuis, Sofyan Amrabat brille. S’il ne ressort pas parmi les premiers dans les différentes catégories de statistiques, une impression générale est palpable depuis les tribunes. Le joueur dégage une puissance impressionnante et a été l’un des seuls milieux, depuis le début de la compétition, à pouvoir casser plusieurs lignes et gagner des mètres ballon au pied.
Le joueur marocain le plus utilisé
Surtout, il est capable de le faire à la première minute du match, mais aussi à la toute fin des prolongations, comme lorsqu’il avait soulagé son équipe dans les dernières minutes du huitième de finale contre l’Espagne (0-0, 3-0 t.a.b.), malgré un dos en vrac. Infatigable, le milieu a disputé l’intégralité des matchs du Maroc et est le joueur le plus utilisé par Walid Regragui.
"Quel joueur… Il est le moteur de notre équipe. Sans lui, nous n’aurions jamais obtenu ce résultat. Comme je suis heureux qu’il soit là. Ce qu’il fait est énorme. Nous savions qu’il pouvait le faire, mais il le fait encore mieux que ce qu’on espérait", savourait le sélectionneur après la victoire du Maroc contre le Portugal en quarts de finale (1-0).
Face à l’équipe de France, mercredi, Sofyan Amrabat dictera à nouveau le tempo d’une défense qui n’a encaissé qu’un but depuis le début de la compétition – un contre son camp –, contre le Canada (2-1). Sans oublier d’être le fer de lance des transitions rapides dont les Marocains ont le secret. "S’il ne s’appelait pas Amrabat, il serait dans un top club européen, mais après ces deux premiers matchs, je suis sûr qu’ils vont se réveiller", assurait Walid Regragui après la rencontre face à la Belgique. La compétition a avancé, Sofyan Amrabat continue d'impressionner et les grands clubs savent ce qu’il leur reste à faire.
Propos de Hervé Renard recueillis par Étienne Leray.
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