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Coupe du monde de foot : pourquoi la décision de la Fifa sur le Qatar et la Russie ne convainc personne

Le président de la chambre de jugement du Comité d'éthique de la Fifa estime que les deux pays, soupçonnés de corruption pour l'obtention de l'organisation de la Coupe du monde, n'ont rien à se reprocher.

Article rédigé par Thomas Baïetto
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Le président de la chambre d'enquête du comité éthique de la Fifa, Michael Garcia (à gauche) et le président de la chambre de jugement du comité éthique, Hans-Joachim Eckert (à droite), le 27 juillet 2012 à Zurich (Suisse). (SEBASTIEN BOZON / AFP)

Circulez, il n'y a rien à voir ! La Fédération internationale de football (Fifa) a écarté, jeudi 13 novembre, toute idée de réattribuer les Coupes du monde 2018 et 2022 organisées par la Russie et le Qatar, aprÚs avoir épluché le "rapport Garcia" sur les soupçons de corruption. Pour le président de la chambre de jugement de la commission d'éthique de la Fifa, Hans-Joachim Eckert, ce rapport ne contient aucune preuve d'une possible corruption ou d'éventuelles violations graves des rÚglements.

Les faits rĂ©prĂ©hensibles mis en Ă©vidence dans l'enquĂȘte "ne sont que de portĂ©e trĂšs limitĂ©e" et "loin d'atteindre un niveau qui impliquerait de se repencher sur le processus et encore moins de le rouvrir". "L'Ă©valuation du processus d'attribution des Mondiaux 2018 et 2022 est donc terminĂ©e", a dĂ©clarĂ© Hans-Joachim Eckert. 

Francetv info vous explique pourquoi cette décision pose question.

Parce que les pouvoirs des enquĂȘteurs Ă©taient limitĂ©s

L'enquĂȘte sur laquelle s'appuie la Fifa a Ă©tĂ© menĂ©e par Michael Garcia, prĂ©sident de la chambre d'enquĂȘte du comitĂ© Ă©thique de l'organisation et ancien procureur fĂ©dĂ©ral amĂ©ricain. Pendant 18 mois, il a interviewé 75 tĂ©moins pour dĂ©terminer si oui ou non le Qatar et la Russie, mais Ă©galement d'autres candidats malheureux comme l'Angleterre ou les Etats-Unis, avaient trichĂ© pour obtenir (ou tenter d'obtenir) l'organisation de la Coupe du monde.

Mais Michael Garcia et son adjoint ont dĂ» composer avec des moyens limitĂ©s. Ils n'avaient pas le pouvoir de saisir des relevĂ©s tĂ©lĂ©phoniques, des e-mails ou d'obliger les gens à tĂ©moigner. Selon le rĂ©sumĂ© de Hans-Joachim Eckert, trois membres du comitĂ© exĂ©cutif de la Fifa ont refusĂ© de participer Ă  l'enquĂȘte et deux autres n'ont pas pu ĂȘtre contactĂ©s.

Parce que l'auteur du rapport estime ne pas avoir été écouté

L'auteur du rapport a en outre manifestement du mal Ă  faire entendre son point de vue auprĂšs de la Fifa. Quelques heures aprĂšs l'annonce, Michael Garcia a en effet contestĂ© des conclusions pourtant en thĂ©orie fondĂ©es sur son propre travail. "La dĂ©cision du prĂ©sident de la chambre de jugement comporte de nombreuses prĂ©sentations incomplĂštes et erronĂ©es des faits et conclusions dĂ©taillĂ©s dans le rapport de la chambre d'enquĂȘte, a-t-il dĂ©clarĂ©, furieux. J'entends faire appel de cette dĂ©cision devant la commission d'appel de la Fifa."

Parce que la Fifa ne veut pas publier le rapport

Les deux hommes s'opposent sur un autre sujet : la publication du rapport. Michael Garcia souhaite le rendre public. Le 24 septembre, il a déposé une demande en ce sens. Plusieurs hauts responsables du football, comme le président de l'UEFA Michel Platini et le vice-président de la Fifa, le Jordanien Ali Bin Al-Hussein, sont favorables à sa demande.

Mais Hans-Joachim Eckert refuse cette transparence, alimentant les soupçons. "Publier le rapport d'enquĂȘte dans son intĂ©gralitĂ© mettrait la commission d'Ă©thique de la Fifa, et la Fifa dans son ensemble, dans une situation juridique trĂšs dĂ©licate", estime-t-il. Une position partagĂ©e par le prĂ©sident de l'instance dirigeante du football mondial, le Suisse Sepp Blatter. Ce dernier juge qu'une publication pourrait compromettre la confidentialitĂ© des tĂ©moignages. Pour le moment, seul le rĂ©sumĂ© de 42 pages rĂ©alisĂ© par Eckert est disponible sur le site de la Fifa (en anglais).

Parce que la Russie a entravĂ© l'enquĂȘte

Autre pays dans le viseur de ce rapport, la Russie semble avoir tout fait pour entraver l'enquĂȘte. Michael Garcia n'a pas pu se rendre en Russie, en reprĂ©sailles aux sanctions amĂ©ricaines prises dans le cadre de la crise ukrainienne, pointe The Guardian (en anglais). Il a dĂ» y envoyer son adjoint. Pire, les responsables de la candidature russe n'ont fourni qu'"un nombre limitĂ©" d'informations. Ils ont expliquĂ© aux enquĂȘteurs que certains documents avaient Ă©tĂ© stockĂ©s sur des ordinateurs louĂ©s et restituĂ©s, depuis, Ă  leur propriĂ©taire. "Le propriĂ©taire a confirmĂ© que les ordinateurs avaient Ă©tĂ© dĂ©truits dans l'intervalle", poursuit le rĂ©sumĂ© d'Eckert.

Les explications russes sont encore plus curieuses concernant les e-mails Ă©changĂ©s par les membres du comitĂ© de candidature. MĂȘme s'ils n'ont pas le pouvoir de les saisir, les enquĂȘteurs ont demandĂ© les courriels Ă  la partie russe. Au lieu de refuser, cette derniĂšre leur a fait une drĂŽle de rĂ©ponse, expliquant qu'elle n'avait plus accĂšs Ă  ses messageries Gmail utilisĂ©s lors de la candidature. "Le comitĂ© [russe] a (...) tentĂ© d'obtenir l'accĂšs aux comptes Gmail utilisĂ©s pendant la campagne auprĂšs de Google USA. Mais Google USA n'a pas rĂ©pondu Ă  leur requĂȘte", indique le rĂ©sumĂ©. Les officiels russes ont manifestement oubliĂ© les mots de passe de leur messagerie.

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