Coupe du monde de football : efficacité, sang neuf, duels physiques... Ce qui a manqué aux Bleues face à l'Australie
La marche était une nouvelle fois trop haute. Comme en 2015 et en 2019, l'équipe de France a chuté en quarts de finale du mondial australien et néo-zélandais, samedi 12 août, à Brisbane. Après une montagne russe d'émotions, les Bleues ont perdu une séance de tirs au but qui restera sans doute dans les esprits et ont vu leur route brutalement s'arrêter.
"On a failli le faire mais on ne l’a pas fait. Qu'est-ce que je peux leur reprocher ? Rien", a commenté Hervé Renard juste après la rencontre. Mais sur la pelouse du Brisbane Stadium, il a manqué à ses joueuses plus qu'un brin de chance lors du terrible et interminable face à face aux onze mètres pour faire tourner le destin en leur faveur. "Je voudrais les féliciter d’avoir réussi ce soir un grand match contre une nation entière. Même s’il y a quelques paramètres qui n'ont pas été dans notre sens, c'est difficile de lutter contre ça", a-t-il tout de même reconnu.
Une efficacité perdue
Pendant 120 minutes, face à un adversaire qui les a souvent attendues et laissées faire le jeu, les Françaises n'ont pas réussi à prendre les devants et se mettre à l'abri. Alors qu'elles avaient retrouvé leur efficacité la semaine dernière face au Maroc, elles ont perdu tous leurs repères samedi. Si elles ont tiré 21 fois au but, elles ne sont parvenues à cadrer que cinq tentatives, pour aucun but. "On a eu des occasions, on a tout donné, je ne saurais même pas ressortir quelque chose qui a manqué [...] Peut-être l’efficacité ? Franchement, on a tout donné, c’est le plus gros regret", a soufflé Grace Geyoro, les larmes aux yeux dans les travées du stade.
En conférence de presse quelques minutes après le coup de sifflet final, un Hervé Renard posé et positif a voulu attribuer ce manque d'efficacité à la performance de la gardienne adverse, Mackenzie Arnold, désignée joueuse du match : "On a eu en face de nous une très grande gardienne de but qui a réussi un match exceptionnel. C’est elle qui a fait la différence ce soir, il faut la féliciter".
Le tacticien tricolore a aussi regretté une erreur d'arbitrage qui aurait pu changer les choses à ses yeux. "Il y a main dans une surface, elle n’est pas sifflée, c’est comme ça. On ne va pas pleurer, mais il faut quand même le dire, il ne faut pas le passer sous silence. On ne cherche pas d’excuses, mais c’est un beau coup de pouce pour se qualifier", a-t-il calmement exposé.
Le faux-pas des Bleues s'est aussi sans doute joué dans l'intensité, même si elles ont tout donné pour répondre présent. "On a été agressives, on a fait beaucoup de courses, on a accompagné les actions, on a défendu", a énuméré Grace Geyoro. Chahutées physiquement, les Françaises ont été très secouées. Bien encouragées par une arbitre qui a énormément laissé jouer, et qui a attendu les prolongations pour sortir le premier carton jaune de la partie, les Australiennes ont distribué les coups, particulièrement sur Eugénie Le Sommer, touchée deux fois à la tête, Sakina Karchaoui, qui aurait pu ne pas reprendre sa place après un gros tacle de Caitlin Foord, et Selma Bacha, déjà fragilisée aux chevilles.
Des changements tardifs qui interrogent
Sous la nuit nuageuse de Brisbane, il a peut-être aussi manqué aux Bleues un peu de sang neuf pour tenter d'apporter un second souffle et soulager les organismes mis à rude épreuve. En 120 minutes, seule Vicko Becho est entrée en jeu avant la séance de tirs au but, pour remplacer Sandie Toletti (64e) et replacer une Kenza Dali en difficulté sur son côté. Dans les dernières minutes, si Selma Bacha a continué d'impressionner par son énergie et ses courses, plusieurs joueuses sont apparues en dedans, perdant leur lucidité après le long combat.
Est-ce le cas de Kenza Dali, qui a manqué par deux fois son tir au but face à une gardienne qu'elle a côtoyée deux ans à West Ham ? "Je suis effondrée. Je prends la responsabilité. Je ne voulais pas le tirer car elle me connaît par coeur. J'ai travaillé avec elle sur des coups francs, des tactiques de tirs. C'était la première à me conseiller sur les penaltys. Là tout de suite, je vais prendre l'élimination pour moi. Pour l'instant, je n'arrive pas à voir le positif", a-t-elle déploré.
"On a une ossature qui a réalisé de bonnes prolongations, donc tout allait bien, il n’y avait pas de raisons de changer [...] C’est toujours facile d’aller chercher des arguments, mais je ne suis pas persuadé que ça aurait changé quoi que ce soit, elles ont fait le maximum", s'est justifié Hervé Renard. Le sélectionneur tricolore n'a ensuite fait entrer que Solène Durand et Eve Périsset pour la séance de tirs au but. Un pari qui est passé tout près de se révéler gagnant, et de tout changer.
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