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Reportage Coupe du monde de football : l’Australie a lancé son Mondial à domicile dans la liesse et la ferveur

Les Matildas se sont imposées face à l’Irlande au stade olympique de Sydney pour leur entrée en lice, jeudi.
Article rédigé par Maÿlice Lavorel, franceinfo: sport - De notre envoyée spéciale à Sydney
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 7min
Les Australiennes célèbrent l'ouverture du score de Steph Catley face à l'Irlande, à Sydney, le 20 juillet 2023. (DAVID GRAY / AFP)

C’est un cri de joie collectif qui a résonné dans la nuit de Sydney. Au coup de sifflet final du match entre l’Australie et l’Irlande, les onze joueuses sur la pelouse et les plusieurs dizaines de milliers de supporters massés dans les travées ont tous laissé éclater leur joie. Les Matildas ont entamé leur Coupe du monde de la meilleure des manières, jeudi 20 juillet, en s’imposant contre l'Irlande devant une affluence record (75 784 spectateurs) et une belle ambiance, pour une soirée historique. 

Trois heures avant le coup d’envoi, sous le soleil couchant, alors que les portes n’étaient pas encore ouvertes, les premiers supporters avaient commencé à investir le parvis du Stadium Australia, situé dans l’immense parc olympique de Sydney. A l’image de Josh, qui suit les Matildas depuis dix ans. "C’est historique, on attend ça depuis longtemps. Ça va être super d’avoir autant de monde", savourait-il. 

Au fil de la soirée, c’est une vague jaune composée de maillots, de vestes et aussi des plaids pour se protéger de la fraîcheur (10 degrés au coup d’envoi), qui ont entouré l’enceinte. Pas forcément de grands rassemblements, mais de nombreux petits groupes prêts à hausser la voix et chanter, face aux caméras, aux fans irlandais, ou aux compatriotes.

"Incroyable d’avoir 75 000 personnes pour pousser derrière nous" 

Aucune mauvaise nouvelle, ni l’annonce de la blessure de Sam Kerr, forfait pour les deux premières rencontres des siennes, ni la mention de la fusillade le matin même à Auckland, qui accueillait le match d’ouverture chez le co-hôte néo-zélandais, n’a pu refroidir la chaleur dans les cœurs. Chez tous les supporters croisés aux abords du Stadium Australia, le même discours : un drame "terrible", une "pensée aux familles", mais "pas d’inquiétude" et un focus sur "le positif à venir".

Le public du Stadium Australia avant le match de Coupe du monde entre l'Australie et l'Irlande, le 20 juillet 2023, à Sydney. (DAVID GRAY / AFP)

Dans les travées, le public aussie s’est fait entendre à coup de grandes olas, à l’entrée des joueuses et au coup d’envoi. "Le moment le plus incroyable, ça a sûrement été lorsque l’hymne national a commencé, c’était incroyable de voir autant d’Australiens rassemblés", a confié en zone mixte l'attaquante Cortnee Vine. S’il n’est pas resté aussi bruyant pendant toute la rencontre, le public s’est tenu prêt à célébrer les récupérations et les démonstrations de force de ses joueuses. Le Stadium Australia a explosé une première fois à l’obtention du penalty, transformé par la capitaine du soir Steph Catley (51e). La joueuse d’Arsenal ne s’y est pas trompée et a emmené tout le groupe célébrer le but au pied de la tribune latérale.

Il s'est enflammé une deuxième fois à l’annonce de l’affluence du soir. Et à une ultime reprise une fois le match terminé, après dix dernières minutes où les Australiennes ont été acculées et en apnée. "C’était incroyable d’avoir 75 000 personnes pour pousser derrière nous, particulièrement dans ces dernières minutes difficiles", a reconnu l'entraîneur australien, Tony Gustavsson, en conférence de presse, remerciant les supporters. "J’ai toujours dit que c’était une aventure à 23, mais ce soir, le public a été la 24e joueuse avec nous."

Un changement de stade pour répondre à la demande d'affluence

Tout avait été fait pour entretenir la fièvre autour de l’entrée en lice des Matildas. Fin janvier, la Fifa avait annoncé que le premier match sur le sol australien, initialement prévu au Sydney Football Stadium (42 500 places) se disputerait finalement au Stadium Australia, jusque-là prévu pour des matchs de phase finale, afin de répondre à la demande de billets. "Cela montre la confiance que nous avons dans l’équipe pour attirer une foule immense pour le premier match sur le sol australien", avait alors réagi James Johnson, le président de Football Australia.

Cassai, Karen, Katie et Alex, supportrices des Matildas, avant le match de Coupe du monde contre l'Irlande, le 20 juillet 2023, à Sydney. (MAYLICE LAVOREL / FRANCEINFO SPORTS)

Six mois plus tard, la foule immense s’est chiffrée à 75 784 spectateurs, de quoi battre le record d’affluence pour un match des Matildas à domicile établi la semaine dernière face aux Bleues (50 629 au Marvel Stadium de Melbourne). "C’est un moment important pour le football féminin australien, quand on repense aux années où presque personne ne venait, c’est fou de voir tout le monde ce soir", appréciait par avance Cassai, entourée de ses amies aux abords du stade. "On a toutes joué au foot, on s’est battues pour avoir des places et pour être là ce soir, vivre ce moment en direct."

Une discipline pas toujours sous les projecteurs

L'événement est d’autant plus marquant que le football féminin, et le football de manière générale, peine parfois à exister dans la galaxie des sports les plus populaires en Australie. "C’est presque une niche. Les équipes nationales et les clubs ont toujours eu du mal à construire et entretenir des bases de fans, des supporters fidèles", décrypte Angela Christian-Wilkes, rédactrice spécialisée dans le football féminin australien. D’ailleurs, dans la foule du soir, les maillots de rugby et de clubs d’AFL ont côtoyé les tuniques floquées Kerr et Carpenter.

S’il est le sport le plus pratiqué dans le pays, selon les dernières données de l’Australian Sports Commission AusPlay (plus d’un million de joueurs, dont 500 000 licenciés en 2021 selon la Fédération australienne), il n'est pas entouré du même engouement et de la même passion que le cricket, le rugby, ou même le "footy", le football australien. "Le fait que 80 000 personnes veuillent voir un match de foot, hommes ou femmes d’ailleurs, montre qu’il y a de l’intérêt, une demande", explique Angela Christian-Wilkes.

Preuve supplémentaire, s'il en fallait, les trois matchs de groupe des Matildas sont déjà annoncés à guichets fermés. Et vu l’ambiance et l'émotion à la sortie de la rencontre, l’état de grâce a de quoi perdurer encore quelques semaines, au moins.

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