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Coupe du monde 2022 : Antoine Griezmann, après l'errance, la renaissance

Eblouissant dans son nouveau rôle avec les Bleus, Antoine Griezmann renaît pendant cette Coupe du monde au Qatar, après des années compliquées.
Article rédigé par Andréa La Perna - De notre envoyé spécial à Doha
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Antoine Griezmann, à l'entraînement avec l'équipe de France le 16 décembre 2022, deux jours avant la finale de la Coupe du monde contre l'Argentine. (FRANCK FIFE / AFP)

On en a oublié qu'il n'a plus marqué en sélection depuis treize mois. Alors que sa place, jusque-là inamovible, commençait à être menacée par l'ascension de Christopher Nkunku, Antoine Griezmann marche sur l'eau depuis le début de la Coupe du monde 2022. Dans un nouveau rôle sur le terrain, il est à la fois le symbole et le maître à jouer de cette équipe de France que personne n'attendait à un tel niveau. En finale, dimanche 18 décembre, l'Argentine va peut-être devoir autant réfléchir à un plan anti-Griezmann qu'à un plan anti-Mbappé.

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"C'est vrai qu'Antoine a été très bon", a admis Didier Deschamps, mardi, lui qui n'a pourtant pas l'habitude de faire des éloges individuels en pleine compétition. Le lendemain, "Grizou" est reparti avec le trophée d'homme du match après une performance très complète contre le Maroc. De quoi donner encore plus de crédit aux mots de tous ses coéquipiers, systématiquement élogieux depuis le début du tournoi. "Antoine est un très grand joueur, un joueur primordial dans notre système de jeu", résumait Aurélien Tchouameni le 29 novembre.

Depuis le premier match, contre l'Australie, Antoine Griezmann brille dans un rôle qu'il n'avait jamais vraiment interprété, entre le pur n°10 créatif et le milieu relayeur travailleur. "Je suis assez libre. Le but c'est d'être là dans la relation entre la défense et les attaquants et, avec le ballon, d'essayer de mettre les coéquipiers dans les meilleures conditions. Forcément, j’ai plus de possibilités avec trois joueurs offensifs devant moi", a-t-il décrit lui-même le 2 décembre.

Carte blanche

Sur le terrain, toute sa gestuelle et son utilisation du ballon donne l'impression d'un joueur libéré, comme dans son jardin. Personne n'ose le dire au sein du staff de l'équipe de France, mais ce n'est pas un gros mot de dire que l'absence de Karim Benzema y est pour quelque chose. Depuis le retour de "KB9", Antoine Griezmann était devenu méconnaissable en équipe de France, en partie parce qu'il devait composer avec quelqu'un d'autre dans ses zones de prédilection.

Mais, ce serait réducteur de tout attribuer à l'aura écrasante du néo Ballon d'or. Lorsqu'il a quitté l'Atlético de Madrid à l'été 2019, sa carrière a pris un tournant sinueux. Celui qui n'avait jamais connu de vrai passage à vide sur ses dix premières saisons professionnelles a découvert les montagnes russes avec le FC Barcelone. Ses statistiques en baisse, les rumeurs d'une mésentente avec Lionel Messi et la situation économique désastreuse du club catalan sont passées par là. De retour à Madrid en septembre 2021, il a peiné à retrouver ses marques, avec seulement trois buts en 26 matchs de Liga 2021-2022. Un peu plus de deux mois avant le Mondial, "Grizou" devait se contenter de 30 minutes de jeu maximum par rencontre.

Un voyage d'apprentissage

Mais de cette longue période chaotique, le natif de Mâcon n'a pas gardé que de l'amertume. Dans l'Atlético de Diego Simeone, il a été obligé de perfectionner son travail défensif. Beaucoup ont pointé du doigt son rôle d'attaquant travailleur. Il y a un an, certaines soirées de match ont donné plus qu'une impression de gâchis. Mais peut-être que sans tout cela il ne s'épanouirait pas autant dans ce rôle de milieu axial droit, qui requiert des compétences défensives. Depuis le début de la compétition, seul Aurélien Tchouameni (35) a récupéré plus de ballons que lui (32) chez les Bleus.

"C’est un joueur qui a cette capacité à améliorer le visage de l’équipe parce qu’il a un gros volume de jeu, qui apporte sa qualité technique. Il prend autant de plaisir à défendre qu’à faire une passe", analysait "DD" à la veille de la demi-finale. Pour Griezmann, c'est simple, il donne tout parce qu'il se sent "très bien physiquement". A 31 ans, il a basculé de l'autre côté, celui des joueurs trentenaires, qu'on considère plus proches de la fin de leur carrière que du début, mais tout se passe comme s'il ne s'était écoulé qu'un an depuis le Mondial en Russie. Les plus ébouriffés diront qu'il a remonté le temps.

Quatre ans et demi se sont pourtant bien écoulés, mais ce n'est pas à travers ses performances sur le pré qu'on le ressent, ni par ses facéties dans les vidéos "feel good" de la Fédération française de football. Il est toujours ce grand gamin espiègle, mais uniquement dans l'intimité du groupe. Lors de son passage en conférence de presse il y a plus de deux semaines, on a retrouvé un visage familier, mais avec un soupçon de maturité en plus, le recul prenant le pas sur l'humour. Comme s'il était le premier à savoir que cette équipe avait de quoi marquer l'histoire une deuxième fois d'affilée.

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