2024, année des stars, de Céline Dion sur la tour Eiffel à la folie Taylor Swift, en passant par le réveil de l'orgue de Notre-Dame

L'année fut riche en événements culturels à travers le monde, mais avec les JO de Paris 2024 et la réouverture de Notre-Dame, Paris est le centre du monde de cette rétrospective.
Article rédigé par Zoé Ayad
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 16min
Céline Dion, interprétant "L'Hymne à l'amour" lors de l'ouverture des JO 2024 de Paris. (POOL / OLYMPIC BROADCASTING SERVICES / AFP)

Retour de Céline Dion, révélation Zaho de Sagazan, renaissance de Notre-Dame. Une année exceptionnelle pour la culture, marquée par des événements XXL mais aussi des phénomènes chocs. Franceinfo Culture revient sur douze blockbusters qui ont marqué 2024.

1La cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques en fanfare

Une pluie battante et des records d'audience pulvérisés, le 26 juillet, les Jeux olympiques de Paris démarrent en grande pompe. La célébration sportive est imaginée comme une ode à la culture et au patrimoine français. Marie-Antoinette décapitée à la Conciergerie, Lady Gaga grimée en meneuse de cabaret, Céline Dion au sommet de la tour Eiffel pour une interprétation inédite de L'Hymne à l'amour ; tous les coups sont permis pour le directeur artistique Thomas Jolly. Une cérémonie haute en couleurs qui suscite son lot de controverses. Dès l'annonce de sa participation au concert, la chanteuse Aya Nakamura est victime d'une polémique raciste. Le jour J, elle livre une prestation remarquée sur le pont des Arts accompagnée par la Garde républicaine et donne tort à ses détracteurs.

2La réouverture de Notre-Dame

Une invitée de taille manquait à la fresque des monuments de Paris dévoilée lors de la cérémonie des Jeux. La cathédrale Notre-Dame célèbre sa réouverture au public le 8 décembre : c'est l'événement le plus attendu de l'année 2024. Et pour cause, après l'incendie dévastateur de 2019 et la promesse d'une réouverture d'ici à cinq ans, le pari est tenu. L'occasion de (re)découvrir les trésors de la cathédrale qui fait peau neuve. Après ce chantier titanesque et ces années de travaux et de restauration par les meilleurs artisans d'art, le soir de la réouverture est marqué par les frères Capuçon. Violon et violoncelle pour une interprétation de Passacaglia de Haendel. Le grand orgue n'avait pas été directement atteint par les flammes, mais ses 8 000 tuyaux, encrassés par des poussières de plomb, avaient dû être démontés et nettoyés. Ce soir-là, "l'éveil de l'orgue" marque les esprits. Olivier Latry en racontait les détails : "C'est comme quand vous réveillez quelqu'un : l'archevêque va le bénir avec de l'encens et de l'eau bénite. Il y aura une prière et après ça, il va s'adresser à l'orgue avec huit phrases, chacune commençant par "Ô orgue, instrument sacré".

Clara Luciani, Vianney, Garou mais aussi la soprano sud-africaine Pretty Yende, le pianiste chinois Lang Lang et la star franco-béninoise Angélique Kidjo complètent ce casting de musique.

3Le cinéma français cartonne au box-office

Après une année 2023 inoubliable pour le cinéma hollywoodien avec le phénomène "Barbenheimer" (Barbie et Oppenheimer), c'est au tour de la France d'être sacrée par le public. En tête d'affiche, la comédie d'Artus Un p'tit truc en plus franchit le cap des 10 millions d'entrées et intègre le classement des plus grands succès du cinéma français. Dans un autre registre, l'adaptation du roman d'Alexandre Dumas Le Comte de Monte-Cristo convainc le public entre-autre grâce à une maîtrise spectaculaire des effets spéciaux. En fin d'année, c'est L'Amour ouf qui cartonne et signe le troisième meilleur démarrage de 2024. Cette relecture moderne de la comédie romantique est en passe de s'imposer comme référence grâce à son univers vintage et son casting trois étoiles. Après un début d'année peu prometteur, le cinéma français est parvenu à sauver la mise qui s'annonçait catastrophique pour les salles obscures. Des blockbusters mais aussi des perles cinématographiques, L'Histoire de Souleymane a conquis la critique à Cannes, puis le public en salle. Le film est librement inspiré de la vie de l'acteur principal Abou Sangaré, demandeur d'asile qui attend toujours sa régularisation en France.

4 Judith Godrèche et le #MeToo français

En 2024, la France connaît à son tour un #MeToo du cinéma. Revenue des États-Unis, l'actrice Judith Godrèche dénonce les viols commis par les réalisateurs Benoît Jacquot et Jacques Doillon alors qu'elle était mineure, et porte plainte. Suite à sa prise de parole, les actrices Isild Le Besco et Anna Mouglalis apportent leur soutien et dénoncent des faits similaires commis par les deux réalisateurs. Lors de la cérémonie des Césars, dans un discours choc, Judith Godrèche confronte le monde du cinéma à son inaction. La libération de la parole se poursuit jusqu'à atteindre l'Assemblée nationale. Elle y raconte sa relation d'emprise avec Benoît Jacquot, mercredi 18 décembre, lors d'une séance de la commission d'enquête sur les violences sexuelles dans le cinéma qui a ému aux larmes les députés.

5 Année Zaho : des Victoires de la musique à la cérémonie des JO en passant par Cannes

Inconnu du grand public jusqu'à peu, le nom de l'artiste est désormais sur toutes les lèvres. Première consécration au début de l'année, Zaho de Sagazan remporte quatre trophées aux Victoires de la musique, parmi eux meilleur album et révélation féminine. Des récompenses amplement méritées tant la carrière de l'artiste est ponctuée de moments chocs qui révèlent un talent sans limite. À Cannes, elle chante et danse pieds nus Modern Love sur la scène du Palais des festivals. Une reprise émouvante de la célèbre chanson de David Bowie qu'elle dédie à Greta Gerwig, présidente de l'édition 2024 du festival. Cet été, c'est la consécration, l'artiste est choisie pour ouvrir la cérémonie de clôture des Jeux olympiques. Elle interprète Sous le ciel de Paris dans les Tuileries et prolonge de quelques instants le rêve des JO grâce à l'air et aux paroles d'Édith Piaf.

6"The Eras Tour" : la folle épopée musicale de Taylor Swift

Après une tournée monumentale aux États-Unis, la pop star Taylor Swift débarque en Europe. Tous les fans sont servis. L'artiste revient dans The Eras Tour sur l'ensemble de sa carrière et, à seulement 35 ans, sur les onze "ères" abordées dans ses onze albums. Les 2 milliards de dollars de recette générée par le Eras Tour font de Taylor Swift la première artiste à devenir milliardaire grâce à sa musique. Et ce n'est pas terminé, la star n'a de cesse de briser des records du monde du nombre de tickets vendus, du nombre de stades remplis pour une artiste féminine, allant même jusqu'à provoquer deux mini-séismes aux États-Unis causés par les danses de ses fans. À Paris, le 9 mai, elle interprète pour la première fois en live des titres issus de son nouvel album : The Tortured Poets Department.

7 L'éternelle muse Sarah Bernhardt

Une BD, il y a quatre ans, une exposition au Petit Palais en 2023, puis une pièce de théâtre et maintenant un film. Sarah Bernhardt a toujours la cote, cent ans après sa disparition à l'âge de 78 ans. Il faut dire que "la Divine" est perçue comme la comédienne la plus importante de sa génération. Après l'amputation de sa jambe droite, elle continue de jouer mais allongée. Au théâtre du Palais-Royal, L'Extraordinaire destinée de Sarah Bernhardt retrace le parcours d'une artiste aux multiples talents, actrice de cinéma et aussi sculptrice. Un talent qui lui vaut d'être considérée comme la première "influenceuse" du monde ; déjà de son vivant, elle fascinait ses contemporains : Victor Hugo la surnommait "la Voix d'or", Cocteau parlait de "monstre sacré". L'actrice Sandrine Kiberlain l'interprète avec fougue dans un biopic fidèle au mythe, signé Guillaume Nicloux.

8L'impressionnisme fête ses 150 ans

Le 15 avril 1874, au 35 boulevard des Capucines, dans l'atelier de l'écrivain Nadar, à Paris, naît l'impressionnisme. Quel autre mouvement artistique peut se targuer de connaître la date précise et le lieu de sa naissance ? La première exposition des peintres de ce mouvement ne laisse pas de place au doute, la rupture avec le classicisme est actée. Une nouvelle forme de peinture émerge où les artistes montrent la réalité de ce qu'ils voient mêlée à leurs impressions et non une vision idéalisée du sujet. C'est une révolution artistique. L'origine même du mot "impressionnisme" témoigne du pouvoir disruptif des œuvres de ces peintres modernes. Qualifiés avec ironie d'"impressionnistes" par le journaliste Louis Leroy devant le tableau Impression, soleil levant de Claude Monet, les artistes s'approprient l'expression. Monet, Renoir, Degas, Morisot, Pissarro, Cézanne et Sisley décident de se passer des critiques d'art et des marchands pour montrer leurs œuvres librement. Cette année, les expositions hommage au mouvement qui fête ses 150 ans se sont succédé partout en France : au musée d'Orsay, à Nice pour célébrer Berthe Morisot et à Arles pour admirer La Nuit étoilée, le chef-d'œuvre de Van Gogh.

9 Kamel Daoud, prix Goncourt pour son roman "Houris"

Le lundi 4 novembre, au restaurant Drouant, Kamel Daoud reçoit le prix Goncourt 2024. Une consécration pour l'écrivain et journaliste franco-algérien récompensé pour son livre Houris. Favori de la compétition, il relate la "décennie noire" qui a lieu en Algérie entre 1992 et 2002 et désigne la guerre civile qui oppose le gouvernement algérien et des groupes islamistes. Un sujet politique qui ne plaît pas au pays natal de l'auteur ciblé par ce qu'il estime être une campagne de diffamation visant à discréditer son œuvre. Sur la chaîne algérienne One TV, une femme affirme que le récit d'Houris est basé sur son histoire personnelle. Elle fut la seule rescapée d'un massacre. Et elle accuse la femme de Kamel Daoud, psychiatre, qui la soignait, d'avoir violé le secret médical et raconté à son mari sa vie. Au lendemain de cette accusation, le monde littéraire est aussi secoué par l'arrestation d'un autre écrivain critique du gouvernement algérien Boualem Sansal. Incarcéré pour "atteintes à la sûreté de l'État", il a reçu le soutien de Kamel Daoud.

10 L'initiation à l'art à travers "Les Yeux de Mona"

Avant même sa sortie, le livre de Thomas Schlesser, Les Yeux de Mona, est déjà considéré comme un des plus grands succès littéraires de l'année. Un engouement qui s'explique par une histoire originale et une promesse : initier son lecteur à la peinture, à travers les yeux de la petite Mona qui est sur le point de perdre la vue, et que son grand-père emmène chaque mercredi au musée découvrir une seule œuvre par semaine. "Son grand-père se dit que si jamais elle devenait aveugle, il faudrait qu'elle emporte dans sa mémoire toutes les beautés du monde. Et devant cette œuvre, à chaque fois, il va s'en imprégner, pour qu'il y ait une leçon d'histoire de l'art, mais pour qu'il y ait aussi une leçon de vie", raconte le directeur de la fondation Hartug-Bergman. Il revient sur 52 tableaux et propose une lecture vivante et transgénérationnelle des œuvres.

Cette approche séduit la critique et le public, le livre est un succès commercial traduit dans 32 langues.

11 L'année du biopic musical : DJ Mehdi, Bob Marley, Aznavour et Amy Winehouse

Revoir Aznavour en concert ou écouter Amy Winehouse en studio. Un rêve pour les fans, difficile à réaliser, mais les biopics musicaux sortis cette année ont presque fait illusion. Plus ou moins bien reçus par la critique et les spectateurs, c'est un genre en vogue. Dans un film ambitieux, Tahar Rahim incarne un Charles Aznavour plus vrai que nature pour revenir sur le destin hors du commun de cette icône de la chanson française. Bob Marley renaît à travers les yeux de son fils Ziggy à l'origine d'un biopic sur la légende du reggae. Tout le monde ne connaît pas forcément sa vie, mais tout le monde connaît sa musique. Au fil des ans et des générations, la popularité des chansons de l'icône du reggae ne se dément pas quarante-trois ans après sa mort, survenue en mai 1981, à l'âge de 36 ans. Après le remarquable documentaire Marley de Kevin Macdonald sorti en 2012, qui bénéficiait des précieuses archives familiales du clan Marley, le chanteur et musicien jamaïcain a aujourd'hui droit à son biopic, exercice en vogue à Hollywood, qui en produit à tour de bras.

Là aussi, après le documentaire Amy, la célèbre chanteuse Amy Winehouse se raconte dans un film de fiction qui revient sur la création de son album mythique Back to Black. L'occasion d'en savoir plus sur l'ascension de cette voix soul, disparue tragiquement à l'âge de 27 ans. Impossible de passer sous silence le documentaire d'Arte sur DJ Mehdi. L'histoire du "gosse" du rap français, génie musical et artiste visionnaire, qui a conquis le public. Découverte ou retour sur une époque de collaboration musicale inédite entre le rap et l'electro avec, comme trait d'union, DJ Mehdi, disparu en 2011 après une chute d'un toit parisien. Et le biopic a encore de beaux jours devant lui : en janvier 2025, Timothée Chalamet est attendu dans le rôle de Bob Dylan.

12 La photographie expose le monde

Raymond Depardon a couvert les Jeux olympiques de Tokyo, de Mexico, de Munich. Trois olympiades photographiées avec un regard unique. Des images qui racontent autre chose que l'exploit sportif. À l'occasion des JO de Paris 2024, huit de ces images mythiques étaient accrochées au coin des rues de Paris. Il racontait : "C'est très impressionnant de voir mes photos si grandes, et c'est vrai que cela me rappelle la première fois que je suis venu à Paris, en 1958, j'avais 16 ans, et on m'a dit de prendre le métro. Mon patron de l'époque me disait : 'Tu verras de grandes photos dans les couloirs du métro'."

Raymond Depardon devant sa photographie de 1968 de Lee Evans, vainqueur du 400 mètres, poing levé pour manifester sa colère contre les discriminations raciales. (CHRISTOPHE AIRAUD / FRANCEINFO CULTURE)

Plus au sud, aux Rencontres de la photographie d'Arles, ce sont les migrants mexicains qui sont présentés dans l'exposition la plus importante du festival. Cristina De Middel est une photographe espagnole, vivant au Brésil et travaillant pour l'agence Magnum. À Arles, entre mise en scène, métaphores et photographie documentaire, elle présente une série, Voyage au centre, sur la migration des Mexicains vers l'oasis que seraient les États-Unis. "Les migrants sont des héros", déclare-t-elle devant ses photos pour rendre hommage à leur courage. En 2024, une fois encore, la photographie fut le miroir du monde avec ces exploits et ses terreurs.

Photographie de Cristina De Middel, "Una Piedra en el Camino", série "Voyage au centre", 2021. (CRISTINA DE MIDDEL)

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