Institut du monde arabe : l'ancien ministre de la Culture Jack Lang reconduit pour un quatrième mandat
L'ancien ministre de la Culture Jack Lang, 84 ans, a été reconduit mercredi 20 décembre pour un quatrième mandat à la tête de l'Institut du monde arabe, à l'issue d'un vote à l'unanimité de son conseil d'administration, composé de sept ambassadeurs arabes et sept personnalités nommées par le Quai d'Orsay. "Le président de la République Emmanuel Macron confirme ainsi sa confiance à Jack Lang", selon le communiqué du conseil d'administration, qui salue "une gouvernance fondée sur une gestion rigoureuse, une programmation de qualité et des projets ambitieux, en France comme à l'international".
Jack Lang occupe cette fonction depuis 2013 quand il a été nommé par le président de la République François Hollande pour succéder à Renaud Muselier. La présidence de l'Ima n'est soumise à aucune limite d'âge ou nombre de mandats, contrairement à d'autres institutions culturelles. Jean-Yves Le Drian, ancien ministre des Affaires étrangères ou encore François Gouyette, ancien ambassadeur de la France en Algérie étaient également candidats au poste de président de l'IMA.
3 400 oeuvres permanentes
"Notre ambition est de faire de l'Ima le plus important musée d'art moderne et contemporain arabe en Occident, tout en restant fidèle à sa mission première de découverte de l'histoire, de la langue et de la culture arabes", a expliqué à l'AFP Jack Lang. L'Institut a bénéficié, en 2018, d'une donation exceptionnelle du galeriste libanais Claude Lemand. Il a offert à l'institution plus de 1800 oeuvres, dont celles de grands noms : l'Algérien Abdallah Benanteur, le Syrien Youssef Abdelké ou l'Américano-libanaise Etel Adnan.
Au total, l'IMA possède 3400 pièces dans ses collections permanentes. Seulement "deux autres institutions ont des fonds plus importants que les nôtres : le Mathaf à Doha et le Sharjah aux Émirats arabes unis", a souligné Nathalie Bondil, directrice du département du musée et des expositions de l'Institut.
Le redressement d'une institution à la dérive
La métamorphose annoncée, qui passera sans doute par une "extension" du musée, devrait être complétée par "des ateliers et des cours sur l'art moderne et contemporain arabes", selon Jack Lang, qui souhaite également multiplier "les itinérances" des expositions temporaires et des oeuvres "en France et à l'international". Pour ce faire, l'IMA, qui dépend du Quai d'Orsay, a bénéficié d'une subvention exceptionnelle de six millions d'euros sur trois ans de la part du ministère de la Culture.
Jack Lang a depuis redressé une institution à la dérive, épinglée par la Cour des comptes en 2008, et dont le budget de "26 millions d'euros avec une capacité d'autofinancement bénéficiaire" est aujourd'hui "à l'équilibre", s'est-il félicité. Sa méthode : des expositions dynamiques - et rentables -, comme Il était une fois l'Orient Express (2014) ou Les divas du monde arabe (2021). Des "liens forts" sont tissés "entre l'IMA et le musée d'art et d'histoire du judaïsme", ainsi que "des expositions consacrées aux trois grandes religions du livre" (islam, judaïsme, christianisme), qu'il cite volontiers parmi les "réussites" de la programmation.
Autre succès, plus récent : l'exposition Ce que la Palestine apporte au monde. Elle réunit 400 oeuvres du monde entier sous la supervision du commissaire général de l’exposition Elias Sanbar, écrivain et diplomate palestinien. Devant prendre fin le 19 novembre, l'exposition a finalement été reconduite jusqu'au 31 décembre, face au "succès médiatique et populaire" rencontré, a précisé Jack Lang.
Une politique de mécénat
Parallèlement, cet homme de réseau a développé une politique assumée de mécénat en direction des pays arabes. En 2017, l'Arabie saoudite a annoncé participer à hauteur de cinq millions d'euros à la rénovation de l'IMA. "Je vais à nouveau me déplacer pour obtenir des contributions et des co-productions de musées étrangers", a assuré Jack lang, citant le départ de l'exposition Parfums d'Orient pour Riyad en mai.
Côté fréquentation, plus de 600 000 entrées ont été recensées en 2022 et l'IMA table sur "une hausse d'environ 15%" pour 2023. Fruit d'un partenariat entre la France et les pays de la Ligue arabe, ouvert en 1987, l'Institut du monde arabe est une fondation de droit privé. Si, dès sa création, l'idée d'un financement paritaire entre les pays arabes et la France était la règle, celle-ci a été abandonnée à la fin des années 1990, certains pays n'ayant jamais versé leur dû.
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