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Léonard de Vinci, fils d'une esclave, ne serait qu'à moitié italien, selon un professeur d'université de Naples

Jusqu'ici, on considérait que Léonard était le fruit d'une relation amoureuse illégitime entre Pierre de Vinci et une jeune paysanne toscane nommée Caterina di Meo Lippi.
Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
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"Autoportrait", portrait présumé de l'artiste, peinture de Leonard de Vinci, Galerie des Offices (Uffizi) à Florence, le 1er octobre 2016. (LEEMAGE VIA AFP)

Léonard de Vinci, auteur de la Joconde et symbole de la Renaissance, n'était en fait qu'à moitié italien, a affirmé, mardi 14 mars à Florence, un éminent universitaire, selon lequel la mère du génie était une esclave circassienne. Alors que jusqu'ici la mère de Léonard était présentée comme la fille d'un paysan toscan, le spécialiste de la Renaissance Carlo Vecce, professeur à l'université de Naples, a conclu de ses recherches dans les archives de la ville de Florence que cette femme avait une histoire bien plus tourmentée, confinant au romanesque.

"C'était une femme qui a été enlevée dans son pays d'origine dans les montagnes du Caucase, vendue et revendue plusieurs fois à Constantinople puis à Venise, et elle est enfin arrivée à Florence où elle a rencontré un jeune notaire, Pierre de Vinci. Leur fils se nomme Léonard."

Carlo Vecce, professeur à l'université de Naples

à l'AFP

Le professeur s'est inspiré de ce parcours pour le moins extraordinaire pour écrire un roman, Le sourire de Catherine : la mère de Léonard de Vinci, racontant l'odyssée de cette femme jusqu'ici méconnue. Les découvertes de cet universitaire traquant depuis des années tout ce qui touche à Léonard de Vinci jettent une nouvelle lumière sur cet archétype du génie universel né en 1452, qui sillonna l'Italie pendant toute sa vie et finit par mourir en France, à Amboise, en 1519, à la cour de François 1er. Cette théorie promet aussi de faire du bruit dans le petit monde des spécialistes de la Renaissance italienne, qui ne manqueront pas de l'examiner à la loupe.

Le professeur Carlo Vecce fonde ses affirmations sur toute une série de documents historiques qu'il a patiemment récoltés dans les archives. "Le plus important est un document écrit par Pierre de Vinci en personne, le père de Léonard : il s'agit de l'acte d'émancipation de Catherine", un acte notarié qui permet à cette dernière de "récupérer sa liberté et sa dignité d'être humain".

Une image de Léonard de Vinci, "Manuscrits de l'Institut de France", photographiée à la Villa La Loggia à Florence, le 14 mars 2023. (MARCO BERTORELLO / AFP)

"Esprit de liberté"

Ce précieux document datant de 1452 a été présenté, mardi 14 mars, au cours d'une conférence de presse au siège de la maison d'édition florentine Giunti, devant un parterre de médias internationaux. Carlo Vecce ne manque pas de souligner que c'est "donc l'homme qui a aimé Catherine quand elle était encore une esclave et qui a eu un enfant avec elle qui l'a aidée à retrouver la liberté".

Un changement radical de perspective puisque que, jusqu'ici, on considérait que Léonard était le fruit d'une relation amoureuse illégitime entre Pierre de Vinci et une jeune paysanne toscane nommée Caterina di Meo Lippi. Pour Carlo Vecce, les tribulations de sa mère esclave et "migrante" ont évidemment eu un impact sur l'œuvre du génial Léonard, auquel Catherine a laissé "un héritage important et avant tout l'esprit de liberté" qui "inspire toute son œuvre scientifique et intellectuelle".

Un artiste polymathe

Léonard de Vinci fait en effet partie des artistes de son époque dits "polymathes" : il maîtrise plusieurs disciplines comme la sculpture, le dessin, la musique et la peinture, qu'il place au sommet des arts, et bien sûr les sciences. Dans le domaine de la recherche scientifique, "rien ne l'arrête", commente Carlo Vecce. L'histoire de la mère de ce totem de la culture universelle telle que racontée par cet enthousiaste universitaire semble presque trop belle pour être vraie.

Et pourtant, cette théorie "est de loin la plus convaincante", tranche Paolo Galluzzi, un historien spécialiste de Léonard de Vinci et membre de la prestigieuse académie scientifique des Lincei de Rome, interrogé par l'AFP à Florence, et qui met en avant la qualité des documents fournis par son collègue. "Il subsiste bien sûr un minimum de doutes, parce que nous ne pouvons pas prouver [cette théorie] par un examen d'ADN", concède-t-il.

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