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Picasso-Rodin, l'abstraction au féminin, Signac... les expositions de la reprise à Paris

Certaines étaient accrochées depuis des semaines, voire des mois, et attendaient leur public. Notre sélection d'expositions à voir dès le 19 mai, jour de réouverture des musées endormis depuis fin octobre.

Article rédigé par Valérie Oddos
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 9min
A gauche, Saloua Raouda Choucair, "Fractional Module", détail, 1947-1951 - A droite, Paul Signac, "Saint-Briac. Les balises". Opus 210, 1890, Collection particulière  (A gauche, Courtesy Galerie Saleh Barakat © Saloua Raouda Choucair Foundation, Photo © DR - A droite © Schaelchli- Schmidt Zurich)

Un dialogue inédit entre Picasso et Rodin, les couleurs de Signac, beaucoup de femmes artistes, depuis le tournant du XIXe siècle jusqu'à l'art contemporain, en passant par la modernité abstraite, et aussi l'Afrique : l'offre d'expositions est riche et variée dans les musées, où les activités reprennent enfin le 19 mai après près de sept mois de fermeture.

Picasso-Rodin, un dialogue de géants, au musée Picasso et au musée Rodin

Pablo Picasso, "La Grande Baigneuse au Livre", Paris, 18 février 1937, Musée national Picasso-Paris, dation Pablo Picasso, 1979 - A droite, Auguste Rodin, Le Penseur  (A gauche © Photo RMN-Grand Palais / Mathieu Rabeau, © Succession Picasso 2021 - A droite © musée Rodin - photo Hervé Lewandowski)

S'il y a une exposition à voir à Paris, c'est celle-ci. Une immense exposition, sur deux lieux, le musée national Picasso et le musée Rodin, sur deux géants de l'art, qui montre au-delà des différences de génération et de style l'étonnante proximité de démarche entre Pablo Picasso et Auguste Rodin. Une sorte de dialogue entre deux artistes qui ont révolutionné l'art moderne. La démonstration, à travers quelque 500 œuvres, est magistrale. Du 19 mai au 2 janvier 2022.

Les femmes artistes et l'abstraction au Centre Pompidou

Georgina Houghton, "Album of the Spirit Art", 1866-1884 (Image courtesy of The College of Psychic Studies, London)

Autre grande et belle exposition incontournable pour cette reprise, Elles font l'abstraction au Centre Pompidou, qui propose une relecture de l'histoire de l'abstraction des origines aux années 1980 à travers les œuvres de 110 femmes, en leur redonnant une place. Elle révèle l'invisibilisation dont elles ont été victimes et leur position singulière dans cette histoire, depuis les peintures "mediumniques" de Georgina Houghton en Angleterre dans les années 1860. Du 19 mai au 23 août 2021.

Paul Signac et le néo-impressionnisme au musée Jacquemart-André

Paul Signac, "Arc-en-ciel, Venise", 1905, Collection particulière  (© Schaelchli-Schmidt, Zurich)

25 toiles et une vingtaine d'aquarelles de Paul Signac, figure majeure et théoricien du néo-impressionnisme, sont présentées au musée Jacquemart-André à côté d'œuvres d'autres artistes du mouvement plus ou moins connus, de Georges Seurat ou Maximilien Luce à Achille Laugé ou Georges Lemmen. Cette très jolie exposition est issue d'une collection familiale (dont le nom reste top secret), étonnamment cohérente, qui retrace toute la carrière de Signac. Du 19 mai au 19 juillet 2021.

Les origines du monde, art et sciences au XIXe siècle, au musée d'Orsay

Frederic Edwin Church et DeWitt Clinton Boutelle, "Cotopaxi, Ecuador", 1862, Reading Public Museum, Reading, Pennsylvanie, EtatsUnis  (© Reading Public Museum)

À l'heure où la question de la place de l'homme dans la nature se pose de nouveau, de façon dramatique, le musée d'Orsay nous raconte dans une grande exposition comment au XIXe siècle les artistes ont été fascinés comme tous leurs contemporains par la découverte des confins, des dinosaures et des premiers hommes, alors que les théories de Darwin remettaient l'homme au milieu des êtres vivants et non plus au sommet. On peut enfin voir cette exposition ambitieuse, après trois reports dus à la situation sanitaire. Du 19 mai au 18 juillet 2021.

Peder Severin Krøyer, un peintre danois à découvrir au musée Marmottan Monet

Peder Severin Krøyer, "Soirée calme sur la plage de Skagen, Sønderstrand (Anna Ancher et Marie Krøyermarchant), 1893, Skagen, Skagen Kunstmuseer (© Art Museums of Skagen)

Une belle découverte au musée Marmottan Monet qui présente la première monographie en France de Peder Severin Krøyer (1851-1909), un des plus grands peintres danois. L'exposition se concentre sur son travail à Skagen, un village de pêcheurs situé à l'extrême nord du Danemark où il passait six mois de l'année. Les soirées d'été y sont longues et on peut particulièrement bien y observer "l'heure bleue", un phénomène météo qui se produit au crépuscule. Du 19 mai au 26 septembre 2021.

Rétrospective de l'artiste palestinien Taysir Batniji au MAC/VAL

Taysir Batniji, sans titre, 2001 – 2014. Série de 177 portraits, sérigraphie sur Dibond. Courtesy Sfeir-Semler gallery, Beirut/Hamburg. Vue de l’exposition "Quelques bribes arrachées au vide qui se creuse", MAC VAL 2021.  (Photo © Aurélien Mole. © Adagp, Paris 2021.)

Son œuvre est ancrée dans le réel mais elle le transcende avec poésie, tendant à l'universel. Taysir Batniji, né à Gaza et vivant à Paris, est surtout connu comme photographe. Mais ce sont tous les aspects de son œuvre qui sont exposés au MAC/VAL à Vitry-sur-Seine. Les photographies donc, mais aussi les vidéos, les installations, les peintures d'un artiste franco-palestinien qui raconte l'exil, la quête d'identité, la disparition, l'impermanence. Du 19 mai 2021 au 9 janvier 2022.

Le Paris de Raoul Dufy au musée de Montmartre

Raoul Dufy, "30 ans ou la vie en rose", 1901, Paris, Musée d’art Moderne de Paris, donation de Mme Mathilde Amos, 1955 (© Adagp, Paris 2021)

Raoul Dufy, artiste né au Havre, a beaucoup voyagé. Mais il a passé toute sa vie d'adulte à Paris, une ville dont il livre une vision très personnelle, avec souvent des vues de haut parsemées de monuments. L'exposition du musée de Montmartre est la première consacrée au Paris de Raoul Dufy. Un Paris en peinture mais aussi en tapisserie, avec notamment un ensemble exceptionnel de meubles dessinés pour la manufacture de Beauvais. Du 19 mai à l'automne (date inconnue pour l'instant).

L'Afrique au musée du Quai Branly : Ex Africa et Barthélémy Toguo

Barthélémy Toguo, "Jugement dernier XIV", 2012 (PHOTO FABRICE GIBERT / DDC, MUSÉE DU QUAI BRANLY © Courtesy Bandjoun Station et Galerie Lelong & Co./ © ADAGP, Paris 2021)

Au musée du Quai Branly, l'exposition Ex Africa explore, à travers les œuvres de 34 artistes africains ou non, les relations entre la création actuelle et les arts africains anciens. D'Annette Messager à Jean Michel Basquiat, de Chéri Samba à Romuald Hazoumé (jusqu'au 11 juillet 2021). Le musée présente aussi une exposition monographique de Barthélémy Toguo. Avec ses aquarelles figurant des corps fragmentés, ses sculptures, vidéos, performances et installations monumentales, l'artiste camerounais évoque les dysfonctionnements du monde actuel et les dénonce (jusqu'au 5 décembre 2021).

Divas arabes à l'Institut du monde arabe

L'affiche de l'exposition "Divas" à Institut du monde arabe (Shirin Neshat, Oum behind the curtain close up) (Yasmine © Razor film)

L'Institut du monde arabe rend hommage aux divas de l'âge d'or de la chanson et du cinéma arabes, d’Oum Kalthoum à Dalida en passant par Warda al-Djazaïria, Asmahan, Fayrouz, Laila Mourad, Samia Gamal, Souad Hosni. Avec des photographies, des extraits de films ou de concerts, des affiches, des robes de scène, des interviews, l'exposition explore aussi les changements que ces artistes ont portés dans les sociétés arabes d'après-guerre, du Caire à Beyrouth, du Maghreb à Paris pendant une période de grande effervescence artistique et intellectuelle. Du 19 mai au 25 juillet 2021.

Le Paris d'Albert Kahn à la Cité de l'architecture

Camille Sauvageot, Quelques coins de Paris, septembre 1929, image arrêtée d'un film en couleur, procédé Keller-Dorian (© Département des Hauts-de-Seine, Musée départemental Albert Kahn, Collection des archives de la Planète)

Si vous ne les avez pas vues à l'automne, c'est le moment d'aller voir deux belles expositions à la Cité de l'architecture, qui sont prolongées. D'abord, le Paris d'Albert Kahn, une promenade dans une ville du début du XXe siècle telle qu'on ne la voit jamais. La Seine et ses péniches, les quartiers populaires, les transports chaotiques, un formidable panorama grâce aux films et aux autochromes, ces photographies aux couleurs douces et au grain particulier, issus des Archives de la Planète constituées par le banquier et philanthrope. Jusqu'au 5 juillet 2021.

Kinshasa à travers le regard de 70 artistes à la Cité de l'architecture

Dareck Tubazaya, "Kin sport", 2017 (© Dareck Tubazaya)

La Cité de l'architecture propose aussi un voyage à Kinshasa à travers les œuvres de 70 jeunes artistes congolais qui saisissent l'effervescence de la mégapole et traduisent l'humour de ses habitants. Installations, photographies, peintures, films, musique, une exposition foisonnante et réjouissante qui nous fait découvrir une ville trépidante et créative. Une "ville aux mille visages" loin des clichés. Jusqu'au 5 juillet 2021.

Anne Imhof investit le Palais de Tokyo

Anne Imhof, "Natures mortes", 2021
 (© photo Nadine Fraczkowski, courtesy the artist ; Palais de Tokyo, Paris)

Anne Imhof prend possession de tout le Palais de Tokyo. L'artiste allemande, Lion d'or 2017 à la Biennale de Venise avec Faust, une installation-performance choc, a eu carte blanche pour composer une œuvre totale qui mêle musique, peinture, travail sur le corps. Elle y a associé une trentaine d'artistes invités. Du 22 mai au 24 octobre 2021.

Peintres femmes 1780-1830, naissance d'un combat, au Musée du Luxembourg

Adrienne Marie Louise Grandpierre Deverzy, "L'Atelier d'Abel de Pujol", 1822, Paris, Musée Marmottan Monet  (© Marmottan Monet, Paris, France / Bridgeman Images)

Au-delà de la gloire connue d'Elisabeth Vigée Le Brun, c'est entre 1780 et 1830 que le combat des femmes peintres a trouvé ses racines, du droit à la formation à l'existence publique. Une exposition au Musée du Luxembourg tente d'écrire l'histoire de ces femmes à partir des témoignages contemporains. Car nombre d’entre elles, aujourd'hui oubliées, jouissaient à l’époque d’une reconnaissance qui contredit l’invisibilité qui les frappe dans le récit dominant de l’histoire de l’art. Du 19 mai au 4 juillet

Marc Riboud, histoires possibles, au Musée Guimet

Marc Riboud, "La jeune fille à la fleur", Manifestation contre la guerre au Vietnam, Washington, États-Unis, 21 octobre 1967 (© Marc Riboud / Fonds Marc Riboud au MNAAG)

Souvent associé à la Chine, où il s'est rendu de nombreuses fois depuis 1957, le photographe Marc Riboud (1923-2016) a promené son objectif empathique et rigoureux dans de nombreux pays, en Asie, en Afrique ou en Europe. Le Musée des arts asiatiques Guimet, qui a reçu en legs l'ensemble de son œuvre, peut enfin ouvrir sa belle rétrospective, plusieurs fois repoussée en raison de la crise sanitaire. C'est un grand voyage sensible à travers l'Histoire de la deuxième moitié du XXe siècle qu'il nous offre. Du 19 mai au 6 septembre 2021.

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