Elles ont "brisé le silence" contre les violences sexuelles : qui sont les six femmes en une du numéro spécial de "Time Magazine"
L'hebdomadaire américain, qui désigne chaque année sa "personne de l'année", met en avant cette année les femmes et les hommes qui ont pris la parole pour dénoncer le harcèlement et les violences sexuelles.
Pour l'hebdomadaire américain, elles sont le symbole de 2017 : en guise de "personne de l'année", Time Magazine a désigné celles et ceux qui ont "brisé le silence" au sujet du harcèlement et des violences sexuelles, mercredi 6 décembre. Un mouvement qui a secoué les Etats-Unis et le reste du monde, dans la foulée de l'affaire Weinstein notamment, et qui est incarné en une par six femmes. Franceinfo vous explique qui elles sont et pourquoi elles ont été choisies.
The Silence Breakers are TIME's Person of the Year 2017 #TIMEPOY https://t.co/mLgNTveY9z pic.twitter.com/GBo9z57RVG
— TIME (@TIME) 6 décembre 2017
L'actrice Ashley Judd
La libération de la parole saluée par Time Magazine a, en partie, débuté avec l'affaire Weinstein, et un premier article, le 5 octobre, du New York Times, dans lequel des femmes témoignaient pour la première fois à visage découvert du harcèlement et des agressions sexuelles qu'elles avaient subis de la part du producteur hollywoodien. Parmi ces femmes, l'actrice Ashley Judd, vue notamment dans Heat, "la première star" à témoigner, estime Time Magazine.
Elle raconte comment, invitée à un rendez-vous de travail avec Harvey Weinstein, elle a eu la surprise d'être invitée à monter dans sa chambre et d'être accueillie par le producteur en peignoir. Il lui a alors proposé de la masser, puis qu'elle le regarde prendre sa douche. La jeune femme confie s'être sentie "paniquée, piégée", expliquant sa peur de contrarier un homme si influent. Depuis les premiers témoignages dévoilés par le New York Times, des centaines de femmes ont témoigné contre Harvey Weinstein, et sa chute a entraîné celle de dizaines d'autres hommes.
La chanteuse Taylor Swift
Star de la pop après avoir été celle de la country, Taylor Swift a aussi été sous les projecteurs, cette année, à cause du procès intenté contre elle par un DJ d'une radio de Denver, David Mueller. Licencié après qu'elle l'eut accusé de lui avoir touché les fesses lors d'une séance photos en 2013, ce dernier lui a demandé des dommages et intérêts. La chanteuse a été contrainte de témoigner à la barre, et raconte à Time comment l'avocat du DJ lui a demandé si elle se sentait coupable de son licenciement. "Je ne vais pas vous laisser me faire penser que c'est ma faute d'une quelconque façon", a-t-elle répondu. Après avoir remporté son procès, elle a fait un don à une association de défense des victimes d'abus sexuels.
La lobbyiste Adama Iwu
La dénonciation des violences et du harcèlement sexuel ne s'est pas limitée au monde des stars et du show-business. Time Magazine met à l'honneur Adama Iwu comme exemple de la libération de la parole dans le monde politique. Elle explique avoir été touchée de manière inappropriée par un homme, lobbyiste comme elle, en public, lors d'un événement politique en Californie, en octobre. Sous les yeux de plusieurs de ses collègues hommes, qui n'ont rien fait pour l'en empêcher.
Une agression qui la pousse, quelques jours plus tard, à faire circuler une lettre ouverte dénonçant l'omniprésence du harcèlement et des violences sexuelles dans la politique californienne. Plus de 140 autres femmes signent son texte. Elle raconte à Time avoir dû surmonter les mises en garde : "Es-tu sûre de vouloir faire ça ?" lui avaient dit de nombreuses personnes à qui elle avait parlé de son initiative.
L'ex-ingénieure d'Uber Susan Fowler
Travis Kalanick est une des plus grandes stars de la Silicon Valley, fondateur du géant des VTC Uber. Mais en juin, il a démissionné, poussé dehors à cause de révélations sur l'atmosphère toxique dans l'entreprise. Des révélations qui ont commencé par le post de blog publié par Susan Fowler : l'ingénieure y raconte comment elle a reçu des propositions sexuelles d'un supérieur dès son arrivée, et comment celui-ci n'a pas été sanctionné, au motif que c'était sa "première offense" et qu'il affichait "une performance élevée".
Elle a fini par quitter l'entreprise. "Aujourd'hui, plus personne ne présente son entreprise comme le prochain Uber", se réjouit-elle dans Time. "Le discours est devenu : "Nous ne disruptons plus. Nous essayons de construire quelque chose qui soit bon pour les consommateurs, et de bien traiter les employés.'"
L'employée agricole Isabel Pascual
La cinquième personne mise en avant par Time Magazine est une anonyme. Isabel Pascual n'est d'ailleurs pas son vrai nom, qu'elle a demandé à changer "pour protéger sa famille", explique l'hebdomadaire. Originaire du Mexique et âgée de 42 ans, elle travaille sur une exploitation qui produit des fraises. Et a pris part, en novembre, à une marche de soutien aux victimes de harcèlement, dans les rues d'Hollywood, en compagnie de centaines d'autres ouvrières agricoles de Californie. Elle-même a été victime de harcèlement : le magazine explique que l'homme qui la tourmentait la suivait jusque chez elle et menaçait de s'en prendre à elle ou ses enfants si elle parlait.
Et une sixième personne anonyme
Sur la une de Time, la libération de la parole est représentée par cinq visages, certains plus anonymes que d'autres, mais aussi par un bras, coupé, à droite de la photo. Il n'est pas là par hasard. Time explique qu'il s'agit d'une jeune employée d'un hôpital texan. "Elle est également victime d'agression sexuelle, mais est venue anonymement" à la séance photo, écrit le magazine, "en signe de solidarité, pour représenter toutes celles et ceux qui ne peuvent pas parler". La jeune femme "craint pour les revenus de sa famille" si les accusations d'agression qu'elle porte "s'ébruitaient dans la petite communauté" où elle vit. "Elle peut encore sentir la chaleur des mains de son agresseur sur son corps", écrit le magazine.
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