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L’étoile de Cannes (2/14). La Croisette à l'heure numérique

Le Festival de Cannes débute mardi avec 21 films en compétition, une centaine toutes catégories confondues, mais aucun film Netflix cette année. Cannes et le nouveau monde numérique relève d'une histoire compliquée.

Article rédigé par Thierry Fiorile, Gilles Gallinaro
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le siège du groupe américain Netflix, à Los Gatos, en Californie (Etats-Unis), le 20 mars 2012. (PAUL SAKUMA / AP / SIPA)

L’étoile de Cannes (2/14). La Croisette à l'heure numérique

Netflix, ses 125 millions d'abonnés dans le monde, sa puissance financière dans la production. Avec le festival, l'affaire a tourné court. Cannes 2017, deux films de la plateforme numérique en compétition et un président du jury, Pedro Almodovar qui met les pieds dans le plat: la palme d'or à un film qui ne sortira jamais en salles ? Impossible ! Le festival qui avait sous-estimé la polémique annonce une nouvelle règle : pour concourir, il faut être visible sur grand écran. La réponse de Netflix est sans appel : hors de question.

Cette année, Alfonso Cuaron aurait pu être en compétition et on aurait pu découvrir The other side of the wind, œuvre inachevée d'Orson Welles, finalisée par Netflix. En cause, un truc bien français qui s'appelle la chronologie des médias. Sont nécessaires 36 mois de délai entre la sortie en salles et l'accès en vidéo à la demande. Les négociations pour raccourcir ce temps patinent, mais Cannes et le nouveau monde numérique ont besoin l'un de l'autre. À suivre, ce n’est pas fini...    

Compliquée aussi, l'arrivée des réseaux sociaux à Cannes

Parmi les nouveautés de cette année, la fin d'un privilège pour la presse, c'est-à-dire la possibilité de voir les films avant les projections officielles. Désormais, c'est au mieux en même temps. Quel rapport avec les réseaux sociaux ? Reportons nous à Cannes en 2016, pour le dernier film en compétition The Last Face de Sean Penn. Un nanard, un vrai navet, une formidable erreur de casting, qui n'avait rien à faire là. Thierry Frémaux le reconnaitra dans son livre Sélection officielle, aux Éditions Grasset. La projection presse n'est pas terminée que les commentaires assassins pleuvent sur Twitter. Le soir, la montée des marches de l'équipe du film est un concours de sourires forcés, une épreuve. Cette année donc, pas de grimaces sur tapis rouge, mais un festival en froid avec la partie de la presse qui soutient le plus le cinéma.

Au-delà de la cuisine cannoise, un constat : pour se protéger de l'hystérie des réseaux sociaux, mieux vaut réguler au millimètre que sortir l'artillerie lourde. Quant aux artistes qui boudent en nœud papillon quand les commentaires sont durs, un petit rappel. Cannes, c'est un peu comme Rome, il n'y a pas loin du Capitole à la roche tarpéienne. Dans la critique comme dans l'éloge, c'est la règle du jeu. Et franchement, il y a plus grave que les froissements d’égo. Le Russe Kirill Serebrennikov et l'Iranien Jafar Panahi aimeraient bien pouvoir prendre le risque de venir défendre leurs films en compétition. Ils ne le pourront pas, les deux sont assignés à résidence. Il est des pays où se faire flinguer par la critique est un luxe.

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