L'acteur Niels Arestrup, récompensé d'un César pour "Un prophète", "Quai d'Orsay" et "De battre mon cœur s'est arrêté", est mort à 75 ans
Le cinéma français perd une de ses gueules marquantes. L'acteur et comédien Niels Arestrup est mort à l'âge de 75 ans, a annoncé sa femme, Isabelle Le Nouvel, à France Télévisions, dimanche 1er décembre. Il s'est éteint à son domicile de Ville-d'Avray (Hauts-de-Seine), "au terme d'un combat courageux contre la maladie" et "entouré de l'amour des siens", selon son épouse, avec qui il avait eu des jumeaux en 2012. Niels Arestrup avait été récompensé par trois César du meilleur acteur dans un second rôle pour De battre mon cœur s'est arrêté en 2006, Un prophète en 2010 et Quai d'Orsay en 2014.
Emmanuel Macron a salué dimanche soir "un grand acteur de notre temps, exigeant et populaire, figure de notre théâtre, inoubliable au cinéma, passeur et modèle pour une génération de comédiens". Niels Arestrup "avait prêté ses yeux pâles et son talent à des personnages mélancoliques, violents, solitaires", ajoute le communiqué de l'Elysée.
Apparu dans les séries Baron noir et Les Papillons noirs, Niels Arestrup avait été nommé aux César en 2011 pour L'Homme qui voulait vivre sa vie (meilleur acteur dans un second rôle), en 2015 pour Diplomatie (meilleur acteur) et en 2018 pour Au revoir là-haut (meilleur acteur dans un second rôle). Cet homme de théâtre comptait également trois nominations au Molière du comédien pour Copenhague en 1999, Lettres à un jeune poète en 2006 et Diplomatie en 2011. En 2020, il avait reçu le Molière du comédien dans un spectacle de théâtre privé pour Rouge.
"Nous n'oublierons pas son charisme"
Né à Montreuil (Seine-Saint-Denis) d'un père danois et d'une mère bretonne, Niels Arestrup avait commencé sa carrière sur les planches dans les années 1960, avant de faire ses débuts au cinéma dans les années 1970 sous la direction de Samy Pavel, Alain Resnais ou encore Claude Lelouch. Malgré quelques rôles principaux, il doit attendre la deuxième moitié de sa carrière pour marquer l'histoire du cinéma français, notamment sous les ordres de Jacques Audiard. D'abord en incarnant un père perfide dans De battre mon cœur s'est arrêté, puis un parrain de la mafia corse en prison dans Un prophète. "Nous n'oublierons pas son charisme, son talent et sa simplicité", a salué l'Académie des César, dimanche.
"Il va être encensé, et il le mérite, comme l'un des plus grands acteurs", a réagi sur franceinfo l'auteur, acteur, metteur en scène et cinéaste Jean-Michel Ribes. Niels Arestrup était souvent perçu comme "un acteur caractériel" mais "c'était un homme sensible et très gentil", a-t-il assuré.
L'image d'un partenaire difficile
Jean-Michel Ribes ne nie toutefois pas que l'acteur a pu avoir un comportement violent. Il a longtemps eu l'image d'un partenaire difficile. En 1983, Isabelle Adjani avait renoncé à son rôle dans Mademoiselle Julie, à la suite d'une gifle du comédien. En 1996, c'est Myriam Boyer qui a été licenciée de la pièce Qui a peur de Virginia Woolf ?, à la suite d'un échange de coups. "Il était d'abord très discret, pas du tout interventionniste. Mais c'est vrai que, quand tout d'un coup on le poussait ailleurs que ce qu'il pensait devoir faire, qu'il était un peu comme ça surdirigé, il réagissait, a commenté Jean-Michel Ribes. Maintenant, c'est très désolant ce qu'il a fait au théâtre. Il s'en est beaucoup, beaucoup voulu. Il a beaucoup beaucoup regretté."
Son image sulfureuse s'était estompée avec l'âge. Père de jumeaux à 62 ans, il affichait ces dernières années une confiance tranquille. "Pour envisager d'avoir des enfants, il a fallu que je sois très amoureux, que j'arrive à un moment de mon existence où je suis enfin stabilisé", confiait-il en 2014 dans Paris Match.
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