Cet article date de plus de deux ans.

L'Iran interdit le réalisateur Mani Haghighi de se rendre à Londres pour son soutien aux manifestations

Le cinéaste iranien, qui devait participer à un festival à Londres, s'est vu confisquer son passeport par les autorités, qui n'ont visiblement pas apprécié son soutien aux manifestations qui embrasent le pays depuis un mois. 

Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le réalisateur iranien Mani Haghighi à la Berlinale, le 21 février 2018 à Berlin (Allemagne). (CHRISTIAN MARQUARDT/SIPA / CHRISTIAN MARQUARDT 2018)

Le réalisateur iranien Mani Haghighi, qui devait se rendre au Festival du Film de Londres ces jours-ci, affirme en avoir été interdit par les autorités iraniennes en raison de son soutien aux manifestations contre la mort de Mahsa Amini, qui embrasent l'Iran depuis un mois et qu'il a qualifiées de "grand moment dans l'histoire". 

"Les autorités iraniennes m'ont empêché de monter à bord de mon avion pour Londres vendredi", a déclaré Mani Haghighi dans un message vidéo adressé aux participants au festival et diffusé vendredi sur Twitter par le British Film Institute (BFI). "Il ne m'ont donné aucune explication satisfaisante pour cette attitude vraiment grossière", a-t-il ajouté.

Les manifestations se poursuivent malgré la répression sanglante

L'indignation provoquée par le décès le 16 septembre de Mahsa Amini, une Kurde iranienne de 22 ans, a entraîné la plus grande vague de manifestations en Iran depuis celle de 2019 contre la hausse du prix de l'essence. Mahsa Amini est morte trois jours après son arrestation par la police des moeurs à Téhéran pour avoir, selon celle-ci, enfreint le code vestimentaire strict de la République islamique pour les femmes, prévoyant notamment le port du voile. Les manifestations se poursuivent un mois plus tard, malgré des centaines d'arrestations et la répression féroce exercée par les forces de sécurité iraniennes, qui ont déjà fait plus de 185 morts, selon les organisations de défense des droits de l'homme.

Le message du réalisateur, "prisonnier" dans son propre pays

Selon le British Film Institute, Mani Haghighi devait assister au festival pour la présentation de son dernier film, Subtraction (Soustraction), mais les autorités iraniennes ont "confisqué son passeport et il n'a pas pu partir". Dans son message, le réalisateur, écrivain et acteur âgé de 53 ans assure que les autorités ont agi ainsi en raison de son soutien aux manifestants.

"Il y a deux semaines j'ai enregistré un message vidéo sur Instagram dans lequel j'ai critiqué les lois obligeant à porter le voile et la répression exercée contre la jeunesse qui manifeste contre cela et contre tant d'autres sujets d'injustice", a-t-il expliqué. "Les autorités ont peut-être pensé qu'en me gardant ici, elles pourraient me surveiller de plus près, peut-être pour me menacer et me faire taire".

"Le simple fait que je vous parle maintenant à travers cette vidéo est une sorte d'échec pour ce plan", ajoute le réalisateur, qui dit ne pas regretter d'être contraint de rester en Iran comme un "prisonnier" dans son propre pays. "Je ne peux pas exprimer par des mots la joie et l'honneur de pouvoir assister en personne à ce grand moment de l'histoire et je préfère être ici maintenant plutôt que n'importe où ailleurs", a-t-il ajouté. "Si c'est une punition pour ce que j'ai fait, alors je vous en prie, allez-y".

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.