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Au bout de 4 semaines, les manifestations continuent en Iran malgré la répression

Les manifestations de femmes ont commencé en Iran le vendredi 16 septembre, après la mort de la jeune Mahsa Amini, entre les mains de la police des mœurs. Quatre semaines plust tard, le mouvement ne faiblit pas malgré la répression féroce conduite par le régime des mollahs.  

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
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Manifestation en Iran le 19 septembre 2022, après la mort de Masha Amini, une jeune femme arrêtée par la police des moeurs.  (AFP)

La vague de contestation en Iran non seulement ne faiblit pas, mais a plutôt tendance à grossir. C’est extraordinaire : la rue ne veut pas plier face à la violence du pouvoir. Et le mécontentement prend des formes très variées. Ici, une poignée d’écolières se filment, dos à la caméra, en train d’adresser un doigt d’honneur à la photo du Guide Suprême, l’Ayatollah Khamenei. Là, on voit des manifestations quasi-improvisées à la tombée de la nuit, dans de nombreuses villes. Elles réunissent à chaque fois quelques centaines de personnes à chaque fois. Ce slogan est désormais récurrent : "Mort au dictateur, mort à Khamenei".

La contestation qui portait au départ sur la question spécifique du port du voile après la mort de Mahsa Amini, s’est élargie. Comme un fleuve qui sort de son lit, après des décennies de frustration face aux restrictions de libertés et aux privations économiques. Fait nouveau, au début de cette semaine du 10 octobre, on a également vu des avocats manifester devant le ministère de la Justice, plus de 800 médecins signer une pétition condamnant la violence, des ouvriers du secteur pétrolier se mettre en grève pendant deux jours, à Abadan ou Asaluyeh. Et la contestation gagne aussi des quartiers réputés fidèles au régime.  

"Mort au dictateur"

En face, la réponse du pouvoir ne change pas : la répression avant tout. En particulier à Téhéran mais aussi dans les régions du Kurdistan et du Baloutchistan où la rue devient le théâtre d'affrontements entre manifestants et forces de l'ordre. Les forces de l'ordre qui tirent du gaz lacrymogène et aussi à balle réelle. Les Bassidji, la milice du pouvoir, fait ce qu’elle a l’habitude de faire. Les organisations de défense des droits de l’homme avancent le chiffre de 185 morts dont 28 enfants. Le pouvoir a également coupé Internet et les réseaux sociaux. Mais de nombreuses vidéos passent quand même entre les mailles avec des installations de type VPN, ce qui permet de continuer à collecter des informations. Le régime maintient le même discours. Ce jeudi 13 octobre, le président conservateur Ebrahim Raïssi a repris à son compte le narratif déjà développé par l’Ayatollah Khamenei quelques jours plus tôt : tout ça, c’est la faute des États-Unis qui "ciblent l'Iran avec une politique de déstabilisation". Dans cette logique, les manifestants sont donc des "ennemis de la Nation". Cette théorie permet au pouvoir de justifier la répression.

185 morts en 4 semaines

La grande question, c'est bien sûr de savoir si le pouvoir iranien peut quand même se fissurer. On n’en est pas là. Il y a une forte solidarité de caste, renforcée par une logique quasi mafieuse : les Gardiens de la Révolution, comme on les appelle, contrôlent toute l’économie informelle. Donc la répression, reste l’hypothèse la plus probable. Néanmoins, la contestation est tellement disséminée dans le pays, tellement difficile à contrôler que oui, des fissures peuvent apparaître. On entend quelques rares voix s’exprimer, y compris dans les rangs conservateurs, pour dire que la force n’est pas la solution, qu’il faut dialoguer. Et même pour dénoncer la "logique affairiste du régime". Même dans les rangs de la milice des Bassidji, certains semblent hésiter à appliquer les consignes. Nul ne peut prévoir la suite. L’Iran traverse un moment absolument fascinant.    

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