"Le cinéma français est en pleine forme" : après le Festival d'Angoulême, la promesse de films réalisés par des jeunes et des femmes dans les salles

La fréquentation de la 17e édition du Festival du film d'Angoulême, qui vient de s'achever, confirme la bonne santé estivale du cinéma en France. Le public et les professionnels ont plébiscité jeunesse et émotion.
Article rédigé par Falila Gbadamassi
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 5 min
Affiche de la 17e édition du Festival du film d'Angoulême qu s'est tenu du 27 août au 1er septembre 2024 (FFA)

Place à la jeunesse, semble clamer le Festival du film francophone d'Angoulême, où se prend le pouls du cinéma français depuis quelques années maintenant à la rentrée. La 17e édition, qui s'est achevée le week-end dernier, a sacré la jeune réalisatrice Louise Courvoisier. La franc-comtoise a raflé le Valois de diamant et le Valois des étudiants francophones avec Vingt Dieux. Une jeune garde, aussi bien à l'écran que derrière, se trouve ainsi célébrée. Le premier film de la cinéaste raconte l’histoire de Totone, jeune homme de 18 ans qui se lance, avec ses amis, le défi de fabriquer le meilleur comté du Jura dans le cadre d'un concours agricole doté de 30 000 euros. Une belle somme qui pourrait l'aider à s'occuper de sa petite sœur désormais à sa charge.  

La jeunesse, selon le co-délégué général Dominique Besnehard, est l’un des grands thèmes qui traversent cet échantillon de la production française, une quarantaine de films, qui a été présenté au public angoumoisin. "Une jeunesse qui se cherche avec Vingt Dieux, à l'instar du héros de Lads [premier film du cinéaste français Julien Menanteau] dont l’interprète, Marco Luraschi, a obtenu le Valois de l'acteur. Il y a une jeunesse qui a envie de réaliser ses rêves". Au dernier Festival de Cannes, le jury de la sélection Un Certain Regard, présidé par le Canadien Xavier Dolan, avait également octroyé le prix de la jeunesse à Vingt Dieux.

L'été des records

À Angoulême, 62 000 billets ont été vendus cette année contre 58 000 lors de la précédente édition. Ces bons chiffres confirment l'adhésion à une programmation concoctée "à l'instinct", réunissant comédies et films noirs. Ils viennent aussi conforter une tendance observée dans les salles françaises ces dernières semaines "La fréquentation du mois d’août consolide le très bel été 2024 des cinémas français, avec un total de 46,19 millions d’entrées contre 43,95 millions en 2023", note le communiqué du Centre national du cinéma et de l'image animée publié début septembre.

"La grande diversité des films français sortis [les huit premiers mois de l'année], avec des productions d’auteur, grand public et familiales (Le Comte de Monte-Cristo, Un p’tit truc en plus, Emilia Pérez, Golo & Ritchie) et le retour des films porteurs américains (Vice-Versa 2, Moi, moche et méchant 4, Deadpool & Wolverine) après une éclipse en début d’année, ont créé une forte dynamique dans les salles tout au long de l’été. Un dynamisme porté "principalement" par la production française dont la part de marché s'élève à "44,1% contre 38,8 % pour les films américains". Un p’tit truc en plus a passé la barre des 10 millions et Le Comte de Monte-Cristo celle des 7 millions.

"Le cinéma français est en pleine forme, il faut bien le crier", martèle Dominque Besnehard. "Après la Covid, on entendait des discours très négatifs. Le cinéma français est très vivant, très diversifié. Il y a surtout l’apparition de plein de jeunes metteurs en scène, de jeunes producteurs (...)", poursuit le délégué général. "Ça signifie que c’est une industrie en mouvement", notamment pour ce qui est de la place des femmes cinéastes.

Des récits de réalisatrices 

Depuis quelques années, le festival francophone est devenu naturellement une vitrine pour elles. Dans les dix films en compétition pour l'édition 2024, quatre sont l'œuvre de réalisatrices. Comme Rabia de Mareike Engelhardt (sortie le 27 novembre) qui s'intéresse au parcours de deux jeunes Françaises piégées par la rhétorique djihadiste, ou encore Le procès du chien (11 septembre), le premier film de la comédienne Laetitia Dosch, avec Jean-Pascal Zadi et François Damiens, qui a remporté le Valois du scénario.

Cette féminisation apparaît comme une évidence pour Marie-France Brière. "Les gens qui parlent de parité, ça m’énerve et nous, on est quoi depuis 17 ans ?", s'insurge-t-elle en évoquant le duo qu'elle forme avec Dominique Besnéhard à la tête du festival qu'ils ont créé en 2008. "Il y a de plus en plus de réalisatrices qui font des films bien produits, bien financés et bien distribués", analyse Marie Carrot, coordinatrice de la programmation du FFA, quand on l'interroge sur l'évolution du septième art en France ces dernières années. "Ce sont des nouveaux regards sur des nouveaux sujets". 

En donnant le prix du public à A Bicyclette ! du comédien et réalisateur Mathias Mlekuz, docu-fiction sur le deuil d'un fils qui emmène deux amis à vélo vers Istanbul, les spectateurs angoumoisins ont validé un coup de cœur de Dominique Besnehard. A l'instar d'Agathe, une fidèle du FFA rencontrée lors du festival que le film a marqué. Il figure dans le top des 16 films vus pendant la semaine. Depuis la création du Festival, la septuagénaire vient y savourer "une belle expérience chargée d’émotions, de sourires, de rires, de frayeurs selon les films".

Des tranches de vie et des émotions

En programmant A Bicyclette !, les organisateurs espéraient que le long métrage trouve un distributeur. Le film, qui est également reparti avec le Valois de la mise en scène et celui de la musique, est désormais paré de sérieux arguments. Outre cette œuvre qui les a fait rire et pleurer, les spectateurs ont également apprécié les films en avant-première prsentés par leurs stars.

Ainsi La Vallée des fous (le dernier film de Xavier Beauvois avec Jean-Paul Rouve et Pierre Richard), Prodigieuses de Frédéric et Valentin Potier, Vivre, mourir, renaître de Gaël Morel – "les 4 films que l’on avait à 20H" –, les films d’ouverture (Les Barbares de Julie Delpy) et de clôture (Sarah Bernhardt, La Divine de Gillaume Nicloux) dans lesquels l'on retrouve Sandrine Kimberlain et Laurent Lafitte, "ont rempli toutes les salles du CGR cette année [plus d’un 1300 places au total]", explique Marie Carrot. Ce sont des films qui ont plu au public. En même temps, les salles sont toujours pleines".

Outre le fait de satisfaire les goûts d'une large audience, la diversité du FFA se retrouve aussi dans le coût des films. Si les œuvres proposées dans la section "Les avant-premières" ont plutôt "des budgets conséquents", la majorité de la programmation est constituée de films "de moins de 4 millions d'euros". "C’est du reste le budget des films d’auteur ou des films du milieu", affirme Dominique Besnehard.

"Nous ne sommes pas des magiciens", rappelle Marie Carrot, la coordinatrice de la programmation du FFA. Mais "on espère qu'Angoulême va donner le la, que les films primés en compétition et les avant-premières qui ont bien marché fonctionneront auprès du public français. C’est généralement ce qu'il se passe". 

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