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"Je verrai toujours vos visages" : la justice restaurative dans un film choral tout en émotions

Troisième sans faute pour la réalisatrice Jeanne Herry avec un film extrêmement poignant sur une loi judiciaire peu connue.
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Miou-Miou et Leïla Bekhti dans "Je Verrai toujours vos visages" de Jeanne Herry (2023). (Christophe Brachet - 2022 – CHI-FOU-MI PRODUCTIONS – TRESOR FILMS – STUDIOCANAL – FRANCE 3 CINEMA)

Introduite dans la loi française en 2014, et retoquée en 2020, la notion de "justice restaurative" consiste à faire rencontrer sur leur lieu de détention des condamnés avec leurs victimes sous la médiation de bénévoles issus de la société civile. Jeanne Herry y consacre son nouveau long métrage, Je verrai toujours vos visages, sur les écrans mercredi 29 mars. Après Pupille et Elle l’adore, la cinéaste réalise un grand film, au carrefour de la fiction et du documentaire, avec un texte et des acteurs exceptionnels.

Gros plan, écran large

Nassim, Issa, et Thomas, condamnés pour vols avec violence, Grégoire, Nawelle et Sabine, victimes de séquestration à domicile, de braquages et de vol à l'arraché, mais aussi Chloé, victime de viols incestueux, s’engagent tous dans des mesures de Justice Restaurative. 

Beaucoup de films reposent actuellement sur un goût prononcé pour les dialogues (Saint-Omer, Les Banshees d’Inisherin, Women Talking…) qui se prêteraient autant, voire plus, au théâtre. Ce n’est pas le cas de Je verrai toujours vos visages, où victimes et agresseurs tentent de se comprendre, filmés en écran large et gros plans. Sergio Leone l’avait déjà fait, mais Jeanne Herry ne fait pas du Leone. Elle filme autrement les émotions, comme rarement au cinéma. Plaignants et voyous vont l'un vers l'autre, en tâtonnant, en se cherchant, pour finalement se rapprocher.

Art et civisme

La réalisatrice dirige comme personne ses acteurs, et pas des moindres : Adèle Exarchopoulos, Gilles Lellouche, Elodie Bouchez, Miou-Miou, Leïla Bekhti… L'un après l'autre, ils racontent une suite de récits éprouvants et passionnants dans leur teneur dramatique, sociale, politique et émotionnelle. Je verrai toujours vos visages évoque un naturalisme dialogué, où le vécu passerait par le verbe et l’interprétation, et donc, le filmage, nerf de la mise en scène. 

Une véritable cinématographie est à l’œuvre au service de la révélation, pour beaucoup, de l’existence de cette justice restaurative, concept intégré récemment à la loi française. Ses origines remontent pourtant aux temps les plus anciens. On en trouve la trace chez les peuples premiers d'Amérique du Nord, dans la Torah et la Bible. Avec Je verrai toujours vos visages, Jeanne Herry se confirme grande cinéaste. Tout en faisant œuvre de pédagogue, elle allie art et humanisme, civisme et sensibilité, au service de l'évolution de la société. Magnifique.

L'affiche de "Je Verrai toujours vos visages" de Jeanne Herry (2023). (STUDIOCANAL)

La fiche

Genre :  Drame
Réalisatrice : Jeanne Herry
Acteurs :  Adèle Exarchopoulos, Dali Benssalah, Leïla Bekhti, Gilles Lellouche, Miou-Miou, Elodie Bouchez, Soliane Brahim, Jean-Pierre Darroussin, Denis Podalydès, Fred Testo, Birane Ba, Dali Bensalah
Pays :  France
Durée : 1h58
Sortie : 29 mars 2023
Distributeur : StudioCanal

Synopsis : Nassim, Issa, et Thomas, condamnés pour vols avec violence, Grégoire, Nawelle et Sabine, victimes de homejacking, de braquages et de vol à l'arraché, mais aussi Chloé, victime de viols incestueux, s’engagent tous dans des mesures de Justice Restaurative. Sur leur parcours, il y a de la colère et de l’espoir, des silences et des mots, des alliances et des déchirements, des prises de conscience et de la confiance retrouvée… Et au bout du chemin, parfois, la réparation...

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