Coronavirus : de la comédie au fantastique, découvrez notre sélection de films pour passer le temps pendant le confinement (3)
Les cinémas fermés, les sorties restreintes, il est possible de trouver tous les films, ou presque, en VOD et DVD. Nous vous suggérons une troisième sélection d'oeuvres impérissables.
Coronovirus oblige, les sorties sont réduites, les cinémas fermés et les rayons DVD bouclés. Pour la famille et les cinéphiles, voici notre troisième sélection triée sur le volet pour prendre le large. Chaque mercredi, retrouvez nos recommandations, tous genres confondus : familial, aventure, comédie, western, polar/thriller, fantastique/science-fiction, drame, guerre, et patrimoine. Pour voir notre première sélection cliquez ici, ou voir la deuxième.
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Plateformes de streaming et box donnent accès aux films par paiement, ou gratuitement durant cette période de confinement. Parmi elles, LaCinétek, la cinémathèque des réalisateurs, tous pays confondus, en partenariat avec le CNC. Olivier Assayas, Jacques Audiard, Bong Joon-ho, Laurent Cantet, Costa-Gavras, Arnaud Desplechin, Jacques Doillon, Pascale Ferran, Christophe Gans, James Gray, Michel Hazanavicius, Jean-Pierre Jeunet, Cedric Klapisch, Hirokazu Kore-Eda, Patricia Mazuy, Lynne Ramsay, Ira Sachs, Céline Sciamma, Bertrand Tavernier, Agnès Varda… sont de bon conseil.
Nombre de films de notre sélection sont disponibles sur LaCinétek, et tous sont accessibles en VOD sur les sites dédiés.
Si vous cherchez un film familial
En 1964, l’adaptation de Mary Poppins de Pamela L. Travers sous forme de comédie musicale créait l’événement avec la prouesse technique mise au point par les studios Disney. Le réalisateur maison Robert Stevenson filmait comme par magie des acteurs projetés dans des images de dessin animé, et donnait à Julie Andrews l’Oscar de la meilleure actrice dans le rôle-titre. La musique de Richard M. Sherman et Robert B. Sherman, ainsi que la chanson Chem Cheminée, étaient également récompensées. Un film merveilleux qui n’a rien perdu de sa joie communicative.
Rob Marschall (Chicago) donnait en 2018 une suite au film, toujours chez Disney, Le Retour de Mary Poppins, avec Emily Blunt (Sicario) en remplacement de Julie Andrews. Excellent choix pour ce qui apparaît plus comme un remake du film de 1964 qu’une suite, en projetant les personnages dans les années 1990. La célèbre nounou vient à la rescousse des enfants dont elle s’occupait il y a quarante ans, devenus adultes. Les mêmes ingrédients renouvellent la magie du premier film, avec la technologie d’aujourd’hui, sans enfreindre l’émerveillement ni la bonne humeur.
Entre les deux films, Disney sortait en 2014 le curieux et inattendu Dans l’ombre de Mary- la promesse de Walt Disney. John Lee Hancock dirige Emma Thompson pour interpréter l’auteure Pamela L. Travers, confrontée à Tom Hanks, en Walt Disney, qui impose ses choix artistiques à la créatrice de Mary Poppins. Très récalcitrante, elle sera finalement conquise. Ce casting quatre étoiles sert un formidable film sans complaisance à l’égard du grand Walt, en visitant les coulisses d’un des plus grands studios d’Hollywood.
Si vous voulez rire un bon coup
Le 20 janvier dernier disparaissait Terry Jones, éminent cofondateur des Monty Python, qui signait en 1983 Le Sens de la vie et remportait le Grand prix du Festival de Cannes. Le film était cosigné avec Terry Gilliam, ce dernier réalisant le sketch d’introduction Assurance Crimson et les intermèdes animés. S’ensuit une série de segments où s’égrènent avec un humour loufoque, souvent absurde, dans le ton du célèbre groupe d’humoristes britanniques, des sujets aussi graves que l'accouchement, le sexe, la guerre, la religion, la mort… Inventif, irrévérencieux et hilarant du début à la fin, Le Sens de la vie est sans doute le meilleur film des Monty Python.
Certains l’aiment chaud, du maître de la comédie américaine Billy Wilder, avec Marilyn Monroe, Tony Curtis et Jack Lemon, constitue en 1959 un de ses meilleurs fleurons, un classique du genre. Reposant sur le travestissement de deux musiciens de jazz en fuite, obligés de rejoindre une formation uniquement féminine, les deux compères tombent amoureux d’une blonde explosive qui rêve d’épouser un milliardaire. Sur le rythme effréné d’une tournée en Floride, le trio aligne les quiproquos et situations cocasses dans une ambiance survoltée, pour composer un divertissement des plus purs.
Si l'aventure vous en dit
En 1981, le Festival de Cannes inventait un nouveau prix, jamais reconduit depuis, celui de la "meilleure contribution artistique", pour Excalibur de John Boorman (Délivrance). Il adapte Le Morte d’Arthur, texte de 1469 qui compile les légendes arthuriennes françaises et britanniques. Des origines du roi Arthur (Nigel Terry), fils de Uther Pandragon (Gabriel Byrne) et de la reine Igrayne (Katrine Boorman), jusqu'à la quête du Graal, en passant par la ruse de la fée Morgan (Helen Mirren) pour séduire Merlin (Nicol Williamson) et la félonie de Mordred… une fantastique épopée médiévale annonciatrice du Seigneur des anneaux au cinéma.
Le Festival de Cannes, encore lui, découvrait en 1973 le tout jeune réalisateur allemand Werner Herzog qui présentait son troisième film, Aguirre, la colère de Dieu, à la Quinzaine des réalisateurs (il ne sortira en France qu’en 1975). Ce film extrême, tourné dans un environnement hostile en Amazonie, retrace la quête de l’Eldorado par les conquistadors menés par Lope de Aguirre (Klaus Kinski, halluciné). Sa conquête du pouvoir face à une armée déconfite, la lutte contre les éléments déchaînés, à bord de radeaux de fortune sur un fleuve inconnu, la folie paranoïaque grandissante… font de Aguirre un film unique, une véritable expérience. Le récit épique et métaphysique, aux images inoubliables, est servi par Klaus Kinski dans son meilleur rôle, sur la musique envoûtante du groupe de musique électronique allemand, Popol Vuh, auquel Herzog restera fidèle.
Si vous êtes un peu à l'Ouest
La Porte du paradis de Michael Cimino en 1980 mena à la ruine le studio et distributeur United Artists, suite au gouffre financier de son budget, et son flop au box-office. Le sujet : la guerre du comté de Johnson (1898-93) dans le Wyoming, qui opposa riches éleveurs et pauvres fermiers accusés de vols de bétail, était en effet déprimant pour le public américain. Un épisode peu reluisant de la Conquête de l’Ouest, mené par Khris Kristofferson, Christopher Walken, Isabelle Huppert, John Hurt et dans de petits rôles, les premières apparitions de Mickey Rourke et Willem Dafoe. Sorti dans une première version pâlotte de 2h20, Cimino parvint à imposer un nouveau montage de 3h40 en 2012 qui révélait enfin le chef-d’œuvre qu’il avait en tête. Il y ajoutait notamment la longue séquence de Harvard situé en 1870, digne d’un Luchino Visconti.
L’Assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford relève d’un sujet plus classique, s’agissant de la traque du célèbre hors-la-loi, tué par un ex-membre de son gang en 1882. Mais c’est le traitement qu’en donne le réalisateur néo-zélandais Andrew Frederick, qui change tout. Prix d’interprétation masculine en 2007 à Venise Brad Pitt (Jesse James) donne la réplique à Casey Affleck (Robert Ford), et dans une moindre mesure à Sam Shepard (Frank James), avec une apparition de Nick Cave, compositeur de la musique. Le splendide scénario met en exergue le suicide de Jesse James via Robert Ford interposé, un personnage sans envergure et opportuniste. Il rejouera son acte "héroïque" sur les scènes américaines en recevant les quolibets d’un public hostile mais payant, qui voyait en Jesse James un Robin des Bois moderne. L’Assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford est peut-être le dernier "western crépusculaire" réalisé (voir notre première sélection).
Si vous voulez en faire un drame
En 2005, Martin Scorsese redécouvrait (après Gangs of New York, 2002) celui qui allait devenir son acteur fétiche après Robert De Niro et Daniel Day Lewis : Leonardo DiCaprio. Il lui offre le premier rôle d’ Aviator, le biopic du magnat industriel et réalisateur Howard Hughes (1905-1976). Scorsese a le coup de génie d’ouvrir son film sur le tournage épique des Anges de l’enfer (1930) où se retrouvent tous les traits psychologiques de Hughes qui éclateront par la suite : perfectionniste, paranoïaque, égocentrique, séducteur… . DiCaprio y est remarquable, au côté de Cate Blanchett qui joue Katharine Hepburn, dans une mise en scène somptueuse. Remarquable.
Dans la même lignée, Citizen Kane, le chef-d’œuvre d’Orson Welles de 1941, est une redécouverte à chaque vision. Welles donnait de nouvelles règles au cinéma en inventant le flash-back, des cadrages novateurs, dans une mise en images teintée de gothisme, pour évoquer à travers son magnat de la presse, le destin à peine maquillé du bien réel William Randolph Hearst (1863-1951). La structure narrative du film autour du mystère du dernier mot prononcé par Kane sur son lit de mort, "Rosebud", est un modèle du genre menée comme une enquête. Citizen Kane mérite toujours d’être placé dans le peloton de tête des meilleurs films de l’histoire du cinéma.
Si vous voulez courir sous les bombes
Lui-même résistant sous l’Occupation et ayant rejoint les Forces françaises libres du Général De Gaulle en 1943, Jean-Pierre Melville (cf. notre deuxième sélection) sortait L’Armée des ombres en 1969, adapté du roman éponyme de Joseph Kessel. Le plus beau film jamais réalisé sur la Résistance. Taiseux, L’Armée des ombres vaut par sa sobriété minérale habitée d’une tension constante, avec Lino Ventura dans son meilleur rôle, Simone Signoret, Paul Meurisse et Christian Barbier. Fidèle au roman de Kessel, Melville y a ajouté des anecdotes personnelles de son propre passé de résistant.
Sorti en 1978, Voyage au bout de l’enfer (au titre original bien plus pertinent, The Deer Hunters (Chasseurs de cerf)), inaugurait une longue liste de films consacrés à la guerre du Vietnam (Apocalypse Now, Platoon, Full Metal Jacket…) Deuxième film de Michael Cimino, avec Robert De Niro, Christopher Walken, Meryl Streep et les regrettés John Savage et John Cazale, le film fut un tel succès (5 oscars) qu’Hollywood donnait carte blanche au réalisateur pour son prochain film. Cela sera La Porte du paradis, qui connût un fiasco cuisant (voir plus haut). Le destin de ce groupe de potes de Pennsylvanie partis volontaires au Vietnam, tous traumatisés, reste dans les mémoires, avec au cœur du film la scène-clé de la roulette russe qui fit polémique à l’époque.
Si vous voulez mener l'enquête
Si l’immense auteur de polars James Ellroy a été plusieurs fois adapté au cinéma, il ne reconnaît que L. A. Confidential de Curtis Hanson (La Main sur le berceau, 8 Mile). En effet le réalisateur, "bon faiseur", est ici en état de grâce, avec Kim Bassinger, Russell Crowe, Kevin Spacey et James Comwell devant la caméra. Il met en scène un magnifique film noir situé dans le Los Angeles des années 1940, fidèle à Ellroy. L'écrivain mettait dans son roman toute sa connaissance de la police corrompue de l’époque, en évoquant la prostitution de sosies de stars à la mode. Kim Bassinger, en double de Veronica Lake, est protégée par un inattendu Russell Crowe, en protecteur obsessionnel de la gent féminine, ce qui devait le propulser en haut de l’affiche en lançant sa véritable carrière.
Classique français, Quai des orfèvres, sorti en 1947, est le troisième long métrage de Henri-Georges Clouzot, après L’Assassin habite au 21 et Le Corbeau, autres classiques chaudement recommandés. Clouzot s’offre "le stradivarius" Louis Jouvet dans un de ses meilleurs rôles, en inspecteur cynique qui cache sous ses airs désabusés une vraie humanité. Suzy Delair campe une chanteuse de music-hall des plus sexy, mariée à un Bernard Blier naïf, qui porte des cornes jusqu’au ciel et est suspecté de meurtre…
Clouzot sortait alors d’un long bannissement, interdit de tourner à la Libération pour avoir mis en scène Le Corbeau (1943) qui dénonçait pourtant la délation, très pratiquée sous l’Occupation, mais gênait. Quai des orfèvres recevait le prix de la mise en scène à Venise, et Clouzot signera nombre de grands films, tels que Le Salaire de la peur (1953, avec Charles Vanel et Yves Montand) ou Les Diaboliques (1955, avec Paul Meurisse, Simone Signoret et sa femme Vera Clouzot rencontrée sur le tournage de Quai des orfèvres).
Si vous voulez avoir peur ou voir le futur
Pépite réalisée par Robert Mulligan (Un été 42) sorti en 1972, L’Autre n’est pas un film fantastique comme les autres. Situé en 1935 dans le Connecticut, il raconte les rapports étranges qu’entretiennent deux jumeaux dont l’un manipule l’autre pour enchaîner des bêtises de plus en plus cruelles, pour aboutir à une révélation étonnante qui relance l'intrigue dans une autre dimension. Ce film solaire et ténébreux se laisse progressivement envahir d’ombres, allant jusqu’à la noirceur la plus opaque. Un classique mal connu qui mérite le détour pour les amateurs de l’étrange, sur une merveilleuse musique du grand Jerry Goldsmith.
La science-fiction est un genre que visite assidument Steven Spielberg depuis son deuxième film Rencontres du troisième type en 1978. On sort alors à peine d’une vague d’observations d’OVNI aux Etats-Unis (et en France) qui participe au succès du film après Star Wars (1977). L’espace est à la mode. E. T. (1982) est presque sa suite en restant longtemps le plus gros succès du box-office mondial, tout comme Jurassic Park (1993), qu'on ne présente plus.
Film futuriste, Minority Report (2002) ,d’après Philip K. Dick (Blade Runner), tourne au thriller et cartonne aussi. Il fait mieux que A. i. Intelligence artificielle (2001), film maudit, hérité de son ami Stanley Kubrick qui n’a jamais pu le réaliser. Il recèle comme un goût de cadeau empoisonné, malgré ses atouts. La Guerre des mondes (2005) revient au classique éponyme de H. G. Wells dans une version splendide. L’on peut revoir à cette occasion l’adaptation qu’en donnait Byron Haskin en 1953, à laquelle Spielberg rend hommage. Enfin, Spielberg sortait en 2018 Ready Player One, d'après le roman de Ernest Cline, qui n'a malheureusement pas trouvé son public, alors qu'il est au carefour de la science-fiction et de l'expérimental, un véritable hymne à la culture pop.
Si revisiter le patrimoine vous tente
Déjà cité dans notre deuxième sélection avec L’Aurore, Murnau tient toujours le haut du pavé dans son Faust, une légende allemande de 1926. Le grand Emil Janning, star du cinéma muet allemand, y campe un Méphistophélès inoubliable. Son apparition recouvrant de ses ailes noires la petite bourgade allemande contaminée par la peste, reste une icône du cinéma mondial. Meilleure adaptation du texte de Goethe, dont les origines remontent à la nuit des temps, le film éblouit par l’interprétation sardonique de Janning. Le voyage en tapis volant autour du monde, auquel il invite Faust avant de lui faire signer le pacte maudit, est un morceau de bravoure inédit à l'époque. Saluons aussi la prestation de la splendide Camilla Horn en Marguerite (Gretchen) qui a subi bien des tourments lors du tournage.
Plus oublié que Murnau, Frank Borzage est un maître du mélodrame américain dans les années 1920, son âge d’or. L’Heure suprême (1927) est un des meilleurs de ses nombreux films, sa carrière s’étalant de 1916 à 1961 ! Situé à Paris en 1914, le film voit un égoutier, promu balayeur, sauver de la misère une jeune femme avec laquelle il se marie symboliquement avant de partir sur le front de l’Est. L’épisode fait d’ailleurs l’objet d’une reconstitution impressionnante du célèbre épisode des taxis de la Marne.
Borzage met en œuvre tout son art du récit sur un canevas convenu, mais avec en abîme une remise en doute peu commune de la religion.
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