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Affaire Matzneff : Vanessa Springora, autrice du livre à l'origine du scandale, dénonce le "dysfonctionnement" et l'"hypocrisie" d'une époque

Dans son livre "Le Consentement", l'éditrice raconte sa relation sous emprise, à 14 ans, avec l'écrivain aux pratiques pédophiles assumées.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Publié Mis à jour
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Le livre "Le Consentement", de Vanessa Spingora, qui sort en librairires jeudi 2 janvier 2020. (MARTIN BUREAU / AFP)

"La vie d'une adolescente anonyme n'est rien face au statut d'un écrivain." Vanessa Springora, qui raconte dans le livre Le Consentement, sorti jeudi 2 janvier, sa relation sous emprise, à 14 ans, avec l'écrivain Gabriel Matzneff, a dénoncé mercredi les "dysfonctionnements" des institutions et "l'hypocrisie de toute une époque".

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"Je l'ai rencontré en 1986. On le connaissait. Il y a eu un dysfonctionnement de toutes les institutions : scolaire, policière, hospitalière... C'est ça qui est sidérant face à un militant de la cause pédophile qui a publié des textes en ce sens et qui s'en glorifie", dit-elle dans un entretien publié mercredi soir par Le Parisien.

"Ce n'était pourtant pas très difficile de savoir qui était Matzneff à l'époque", ajoute l'éditrice de 47 ans, évoquant les "citations terrifiantes" de son ouvrage Les moins de seize ans. Le goût autoproclamé de l'écrivain de 83 ans pour les mineures et pour le tourisme sexuel avec de jeunes garçons en Asie avait jusqu'ici très peu fait ciller. La sortie du Consentement semble être en train de changer la donne.

"Je me dis que j'aurais peut-être dû écrire plus tôt"

"Davantage que cette chasse à l'homme qui est en train de se mettre en place vis-à-vis de Matzneff, un vieux monsieur dans la misère qui n'est plus en mesure de nuire à qui que ce soit, pour moi, c'est l'hypocrisie de toute une époque qui doit être remise en question", insiste Vanessa Springora.

En 2013, quand il a reçu le Renaudot, aucun journaliste littéraire, pas un seul, ne s'est interrogé sur le bien-fondé de cette récompense.

Vanessa Springora

dans "Le Parisien"

Malgré sa décision d'écrire ce livre, elle assure ne pas avoir "du tout envie d'être la porte-parole de quoi que ce soit". "Je reçois des témoignages qui me bouleversent. Je me dis que j'aurais peut-être dû écrire plus tôt, ça me culpabilise un peu, je ne sais combien d'années il a été actif, on m'a raconté des histoires terribles entre-temps, bien pires que la mienne, mais je ne peux pas en être le porte-parole", explique-t-elle.

"Si d'autres personnes plus jeunes ont envie d'aller en justice qu'elles le fassent, ou témoignent, réparent chacune ou chacun à sa manière un traumatisme de jeunesse. Ce livre, c'est déjà une trace et une empreinte. Il va faire réfléchir. Les éditeurs, les auteurs, les médias, tout le monde", ajoute l'éditrice, qui s'est "interdit de regarder ce qui se passait sur les réseaux sociaux" autour de cette affaire. "C'est trop violent."

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