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Cinq choses à savoir sur le Booker Prize, le Goncourt britannique

Le prix Booker, l'un des prix littéraires annuels les plus attendus, a nommé son lauréat dans la soirée du 19 novembre : l'écossais Douglas Stuart pour son premier roman "Shuggie Bain". L'occasion de revenir sur une récompense à la fois renommée et controversée. 

Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
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Un rayon de la librairie parisienne Shakespeare and Company spécialisée dans la littérature anglophone (KIRAN RIDLEY / GETTY IMAGES EUROPE)

Le Booker Prize, équivalent britannique du Goncourt depuis un demi-siècle, compte parmi les plus prestigieux prix littéraires du monde, et est une promesse d'accélérateur de ventes pour les lauréats. Cette année il récompense l'écossais Douglas Stuart pour son premier roman "Shuggie Bain", l'histoire d'un garçon qui protège sa mère alcoolique dans le Glasgow des années Thatcher. Si ce prix littéraire ne vous est pas familier, voici cinq choses à savoir avant la remise du prix prévue dans la nuit de ce jeudi 19 novembre.

"Man Booker Prize", un nom pas si littéraire en réalité... 

Le nom du prix d'abord : "Man Booker Prize". Attention, son origine n'est pas vraiment littéraire. Le prix a été créé en 1969 grâce au financement du plus important grossiste alimentaire anglais, Booker. Les éditeurs britanniques, désireux de trouver un équivalent anglais au vénérable prix Goncourt, ont sollicité Jock Campbell, président de Booker et amateur de littérature, pour qu'il sponsorise le projet.

Le prix a été rebaptisé "Man Booker Prize" en 2002 quand le fonds spéculatif Man Group en est devenu sponsor financier à son tour. Il a retrouvé son ancien nom en 2019 lorsqu'il est passé aux mains de la fondation caritative américaine Crankstart, fondée par des milliardaires de la Silicon Valley.

Un prix très bien doté

Le prix récompense un roman écrit en anglais et publié au Royaume-Uni ou en Irlande. Le lauréat, dont le nom est dévoilé chaque année en automne à Londres, remporte 50 000 livres (environ 55 800 euros). Chaque finaliste empoche par ailleurs 2 500 livres (environ 2 790 euros). Ces sommes sont bien loin de celles du Prix Nobel de littérature doté de 844 000 euros, mais font partie des plus généreuses dotations parmi les récompenses littéraires, à l'image du prix Pulitzer (près de 13 600 euros) ou du National Book Award aux États-Unis (environ 59 000 euros).

En France, le prix Goncourt n'offre que dix euros symboliques au gagnant, mais s'accompagne de la promesse de ventes record. Le lauréat du Booker, lui aussi, "est assuré d'une reconnaissance internationale et d'une forte augmentation des ventes", selon le site du prix anglais.

Cinq jurés

Pour chaque édition un comité du Booker compose un panel d'environ cinq jurés, le plus souvent des personnalités du monde littéraire constitué d'écrivains, de critiques et d'éditeurs. Ils disposent de plusieurs mois pour lire les nombreux livres en lice, puis en pré-sélectionnent une dizaine. De cette sélection émergent des finalistes, puis un unique lauréat est nommé. Sauf en 2019, 1997 et 1974, où deux auteurs ont été couronnés.

Les traductions aussi récompensées 

En 2016, un prix parallèle a été créé pour récompenser une fiction traduite en anglais et publiée, là aussi, au Royaume-Uni ou en Irlande. L'auteur et le traducteur du roman lauréat se partagent la dotation de 50 000 livres sterling du prix international Booker, dévoilé chaque année en mai. L'écrivaine française Annie Ernaux a fait partie de la sélection finale en 2019 pour Les années, traduit par Alison Strayer.

Les polémiques

Réservé aux auteurs britanniques, irlandais, zimbabwéens, et des pays du Commonwealth, le Booker Prize s'est ouvert aux écrivains américains en 2014, suscitant une vive polémique au Royaume-Uni sur la vocation originelle du prix. Le double lauréat Peter Carey avait dénoncé en 2017 un prix uniquement financé par Man Group pour améliorer son image de marque. La sélection des prétendants a été critiquée comme étant arbitraire, des dissensions ont parfois agité le jury et le choix du lauréat, parfois ouvertement répudié par un juré, est sujet à controverses.

Les gagnants ne sont pas toujours enchantés non plus : dans son discours de remerciements en 1972, le lauréat anglais John Berger a déploré l'esprit de compétition "détestable" entourant la récompense. L'écrivain engagé donna la moitié de l'argent gagné grâce à son prix au mouvement révolutionnaire afro-américain des Black Panthers pour dénoncer l'exploitation des Caraïbes par des sociétés commerciales, parmi lesquelles le sponsor financier du Booker Prize.

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