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Karine Tuil lauréate du prix Interallié 2019 pour "Les choses humaines"

Un roman dérangeant qui fait échos à l'actualité, questionnant la société à l'ère de #Metoo.

Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
La romancière Karine Tuil, le 20 septembre 2019  (JOEL SAGET / AFP)

Auteure de onze romans, Karine Tuil est la lauréate 2019 du Prix Interallié 2019 avec Les choses humaines (Gallimard), un roman inspiré de l’affaire de "Stanford", l'histoire d'un étudiant de l'université américaine du même nom condamné pour viol. Ce dernier roman de Karine Tuil questionne des thèmes au coeur de l'actualité, notamment la culture du viol et la question du consentement. 

Il est question de sexe, de pouvoir et de médias dans Les choses humaines. Alexandre, le fils brillant d'une famille en vue (Jean, le père, est un journaliste vedette de la télé, sa mère Claire est une essayiste féministe reconnue) est accusé de viol. Karine Tuil nous présente les faits sans fioritures et nous fait suivre de bout en bout le procès d'Alexandre.

Le lecteur se retrouve dans la peau d'un juré de cour d'assises. L'écrivaine laisse chacun de ses lecteurs se positionner avec son âme et conscience et prendre le temps de la réflexion.

Au fil de son oeuvre (L'invention de nos vies, L'insouciance...), la romancière décrit comme personne les enjeux de pouvoir. Elle révèle les faux-semblants qui obscurcissent le réel. Dans ce dernier roman par exemple, le père d'Alexandre ne vit plus avec Claire, collectionne les jeunes conquêtes, mais aime en fait une femme de son âge, et Claire est féministe mais trouve des circonstances atténuantes à son fils...

"Le roman est un lieu de questionnement"

"J'ai commencé à travailler sur ce sujet en 2016, bien avant #MeToo et l'affaire Weinstein parce que c'est un sujet qui fait appel à des ressorts intimes, on n'écrit pas par hasard sur les agressions sexuelles", confiait la romancière rencontrée récemment par un journaliste de l'AFP.

"J'ai une fascination pour les grands enjeux de société. Ça vient de ma formation de juriste. Les grandes questions politiques, morales, éthiques qui sont soulevées dans notre société m'influencent car je considère que le roman est le lieu du questionnement", ajoutait-elle.

Karine Tuil, 47 ans, aime décrypter ce qu'elle appelle "la complexité du monde". Son terreau romanesque est le réel. "Le roman est pour moi un objet de tâtonnement et de connaissance, d'exploration finalement. Avec le roman, j'essaye de comprendre la réalité telle qu'elle nous est donnée", soulignait la romancière au cours de son entretien avec l'AFP.

"Témoin et observatrice" de son temps.

Elle n'hésite pas à embrasser de nombreux sujets. Il est ainsi question de la tuerie antisémite de Toulouse par Mohamed Merah. La victime d'Alexandre, Mila, a échappé au tueur dans la cour de son école toulousaine... Accusé de viol et reconnu coupable, Alexandre s'en sortira plutôt bien.

"Un procès raconte la société d'aujourd'hui mais aussi la tension des rapports sociaux. Selon votre place sociale, vous n'allez pas être jugé de la même façon", résume Karine Tuil, qui revendique un rôle de "témoin et observatrice" de son temps.

Karine Tuil, bien installée dans le paysage littéraire exagonal, est toujours dans la course du Goncourt des Lycéens, qui sera annoncé demain jeudi 14 novembre à Rennes. 

L'an dernier, le prix avait été décerné à Thomas B. Reverdy pour "L'hiver du mécontentement" (Flammarion).

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